dimanche 30 mars 2014

Les impressionnistes en privé... privée !

Les Serres d'Auteuil   photo Solvej


L'état du ciel 1   Palais de Tokyo       



Il y a deux semaines,  confortés par un temps printanier qui jette l'ensemble de la population parisienne aux terrasses et autres pelouses, nous nous dirigeons confiants vers le musée Marmottan où l'exposition " Les impressionnistes en privé " vient de commencer. ( souvent un bon plan, le tout début ).  Erreur : les parisiens assoiffés de Culture sont là en foule, une heure de queue au bas mot, on abandonne...et on va aux Serres d'Auteuil, superbe endroit. (très couru aussi, mais sans attente ! )

                                Deuxième tentative ce jour : même punition !

           Bon, essayons autre chose : le Musée d'Art Moderne ? Rien ( et les collections permanentes, je les connais par coeur ) Galliera ? de la photo de mode, pas pour Jules. Guimet ? des tapis...bof ?

                      Allez, à Tokyo il n'y a personne, et " L'état du ciel ", prometteur...
                                             Le ciel, je le regarde souvent.


Dès l'entrée, on est dans le noir, normal, c'est du " contemporain ",  il y a des images sur les murs, sur le sol...tiens, là, au milieu, je reconnais tout de suite la Maria dans "Médée"...j'y cours. Même, je peux marcher dessus. ( ça sera bien la première fois ) Ce sont des vidéos, qui démarrent de façon aléatoire, certaines nous intéressent plus que d'autres ...un extrait de " la Ricotta", un court de PPP, aux images magnifiques, et commentées par le poète lui-même ( quelle voix ! ) nous fascine tellement qu'on le regarde deux fois. Tout cela est dans l'ensemble intéressant ( le thème c'est " la lamentation dans le langage du cinéma" ). Il y a aussi Jeanne d'Arc de Dreyer, Goya, enfin ...on ne s'ennuie pas.

Le reste, c'est autre chose : les habituels immondes assemblages de déchets divers et variés, des trucs et des bidules qui prendront bien la poussière, et au sous-sol, après descente ( aux enfers ! ) ( si, si, c'est terminé ! ) dans les entrailles du monstre, d'horribles, énormes et prétentieuses zeuvres censées évoquer...Tchernobyl, je crois, je ne sais même plus.



La " déco " du Palais de Tokyo    photo Solvej




Bref, heureusement, il y avait la voix de Pasolini....

" I'm too sad to tell you  "  Jan Ander  (remarquez au milieu en bas Maria Callas dans "Médée"...)
"L'état normal du ciel, c'est la nuit " a dit Victor Hugo ( dans " le promontoire du songe " ?? ceci expliquant peut-être cela... pardon, c'est pas dans "les misérables" ni dans "la légende des siècles ) nous apprend-on dans le feuillet explicatif ( indispensable ) Même les génies auraient parfois intérêt à réfléchir ( davantage) avant d' écrire...!!




lundi 17 mars 2014

Barbizon, un rêve de printemps

Dans le village   photo Solvej


Musée Départemental de l'Ecole de Barbizon / Maison-Atelier de J.F. Millet         


C'est par un soleil radieux que je réalise (enfin ! ) le voyage à Barbizon dont je rêvais depuis si longtemps...S' il est des désirs profonds qu'il faut garder en l'état, de peur de les détruire, celui-là s'est révélé plus beau encore que je ne l'avais imaginé. 
                     Il faut dire que déjà, le lieu est enchanteur, surtout dans ce début de printemps rempli de promesses, et vide de touristes ( choisir impérativement un jour de semaine, je pense ) Simplement se promener dans ce charmant village est  un véritable bonheur.  L'auberge Ganne, puisque c'était son nom, est restée l'endroit ravissant qui accueillait les collègues du 19ème siècle, venus en train de Paris se frotter à la belle nature.



La cuisine de l'auberge    photo Solvej


 Sur les murs de cet établissement béni, les rapins désargentés, pour payer leur écot, ont laissé des traces plus enchanteresses les unes que les autres.

Intérieur de l'auberge     photo Solvej
Intérieur de l'auberge     photo Solvej


Et comme les rapins en question s'appelaient Narcisse Diaz, Théodore Rousseau, pour les plus connus, on imagine sans peine que la déco est grandiose.


trompe-l'oeil attribué à Antoine Vollon      photo Solvej


Le musée lui-même est très joliment aménagé, dans les pièces de l'auberge, aux plafonds très bas et aux murs chaulés, pas de scénographie moderniste qui troublerait cette paisible atmosphère campagnarde, pas d'invention anachronique qui serait hors de propos : juste une jolie idée-hommage, les noms des peintres inscrits sur le petit escalier pentu qui mène à l'étage :


L'escalier     photo Solvej


Dans ce musée de rêve, je me régale de mes amours déjà cités, Rousseau, Diaz,Corot, Millet et de belles découvertes, Georges Gassies, Olivier de Penne, Alexandre Defaux et tant  d'autres que j'oublie sûrement.


Salle d'expo      photo Solvej




Le pavé de Chailly       Théodore Rousseau



Fleurs      Narcisse Diaz


Oui, j'ai oublié le magnifique Lavieille


Barbizon sous la neige     Eugène Lavieille

et l'excellent Luniot

Femme ramassant du bois dans une clairière      Edmond-Louis Luniot


Après cette parenthèse enchantée, le retour aux réalités modernes va être dur : dans la maison atelier de Jean-François Millet ( prononcer " Milet", il y tenait beaucoup ! ) un troupeau pépiant extrême oriental remplit tout l'espace ( déjà très chargé ! )


Intérieur de la Maison-Atelier de J.F.Millet     photo Jean-Louis Gautreau

Mais là aussi, le charme opère...Pour finir  sur une note un peu kitsch, mais si délicieuse, à l'image de cette délicieuse journée :
Mésanges sous la neige    Karl Bodmer

                   et, comme le dit la chanson :

" Une auberge à la lisière
D'la forêt de Fontainebleau
Là vont y manger du veau
Les peintres à la lisière.
Ces peintres de Barbizon
Ont des barbes de bisons."


et du talent à revendre !!!








mardi 11 mars 2014

La " Journée de la Femme " ... avec un peu de retard ...

La femme du peintre


Je voudrais vivre comme un moine dans une cellule pourvu que j'aie de quoi peindre sans souci ni dérangement.
             Henri Matisse, cité par Jean Puy ( " Souvenirs", le Point, 1939 )

Moi aussi !!




Je me souviens de ce livre  de Matisse, " Ecrits et propos sur l'art ",  que j'ai lu ...il y a bien longtemps, aussi vous me pardonnerez une certaine approximation...Il disait, et cela m'avait beaucoup marquée, qu'il travaillait tous les jours de 9h à 12h, heure à laquelle Mme Matisse fournissait le déjeuner, et de 14h à 18h30, heure à laquelle Mme Matisse servait le dîner. Dans un livre sur Marquet, on racontait que Mme Marquet apportait un pique-nique à Mr "sur le motif " dans la campagne. On remarque, si on regarde un peu les bios de ces messieurs, qu'il est très fréquent que ces grands hommes aient épousé leur servante, ou leur modèle.

  Les grands maîtres sont principalement des hommes, qui ne se sont pas privés de considérer qu'ils étaient par essence investis du Génie Créateur, ou touchés de l'Etincelle Divine, contrairement aux femmes, qui en étaient malheureusement dépourvues...question de génétique, ajoutaient même les plus machos.   
La Femme serait-elle par définition privée  de talent, d'inspiration, de technique, de velléité créatrice,  de souffle divin ? La Femme, cette création parfaite qui a suivi l'esquisse un peu ratée que fit Dieu en premier, l' Homme ... Mais non !


Tout simplement, la femme peintre n'a pas de femme du peintre  .


Certes, la femme peintre peut vivre avec un mécène ( dans le meilleur des cas ),   un frère en art  ( un concurrent ! ),  un marchand,  un artiste dans une autre spécialité,  mais jamais, au grand jamais, avec un cuisiner, un homme de ménage, un blanchisseur, un secrétaire ou un baby-sitter, et c'est bien là son principal problème !

 Alors, pour cette journée de la Femme, je veux rendre hommage à toutes mes soeurs sous-estimées,    Artemisia, Sofonisba, Rosalba, Mary, Lavinia, Elisabeth-Sophie, Elisabeth, Adélaïde, Louise, Angelica, Anna, Rosa, Louise, Marie, Anne, Eva, Mary, Suzanne, Berthe, Romaine, Leonor, Frida, Marie, Tamara, Giorgia, Dorothea, Niki, Maria-Helena, Hélène, Joan, Annette,   et j'en oublie évidemment,  Gloire à vous !!!


Gloire à vous les observatrices attentives du temps qui passe, à des siècles de distance, Hélène Schjerbeck et Sofonisba Anguissola

Helene Schjerfbeck, autoportrait 1884/85
Helene Schjerfbeck, autoportrait à la tache rouge 1944
Sofonisba Anguissola, autoportrait  1554
Sofonisba Anguissola, autoportrait 1613









































Gloire à vous les tendres, les raffinées, portraitistes  délicates, fines psychologues,  Elisabeth Vigée-Lebrun, Rosalba Carriera, Angelica Kauffmann


Rosalba Carriera ,    Portrait du consul français Leblond   1727 

Angelika Kaufmann, portrait de Johann Joachim Winkelmann  

Elisabeth Vigée-Lebrun,  le frère de l'artiste  1773



Gloire à vous les originales, les singulières, les inventives, Niki de St Phalle, Maria-Helena Vieira da Silva, Tamara de Lempicka, Annette Messager


Annette Messager,  Articules-Desarticules  2001

Niki de Saint Phalle, Nana 1974

Maria Helena Vieira da Silva,  Atlantide,  Lithographie  1973/74


Tamara de Lempicka, portrait du marquis d'Afflito 1925


Gloire à vous les sauvages, les violentes,  les passionnées, les différentes, Artemisia Gentileschi, Frida Kahlo, Joan Mitchell,  Suzanne Valadon



Artemisia Gentileschi,  Judith décapitant Holopherne  1620





Joan Mitchell, sans titre  1961 

Frida Kahlo, la colonne brisée 1944 

Suzanne Valadon,   les deux baigneuses  1923


                     
                             Et surtout Gloire à toi, la plus grande, Berthe Morisot, qui rangeait ton matériel dans un placard du salon quand tu avais ton " jour ", Madame Eugène Manet ...



Berthe Morisot, saules dans le jardin de Bougival 1884