samedi 25 février 2017

De l'original et de la reproduction

Lars Fredrikson,    Sans titre       Technique mixte  1978

Exposition  " Le vide libéré"   Galerie Jacques Levy 14/1,  Street art 2/2,  Exposition Vincent Bebert Galerie Susse Frères 19/2,   Salon 3F Art contemporain 28/1





Reçues par la poste, trois invitations pour des expos, y vais-je, y vais-je pas ? La première, tombée par terre, j'ai cru que c'était un vieux papier...mais comme cela vient d'une relation "choisie", on y va.

Et je dois avouer que ce tableau, qui illustre parfaitement le titre de l'exposition, gagne grandement à être vu, il est même tout à fait intéressant. Mais j'imagine que l'imprimeur s'est arraché les cheveux...Car bien sûr, comment rendre ces différents blancs, ces effets de matière ténus, ces infimes variations de non-couleur qui font tout l'intérêt de cette oeuvre. Je tombe également sous le charme de ce petit (64x57 cms)  souffle d'aquarelle, où je vois un envol, par la fenêtre  :



Lars Fredrikson,     Sans titre    Aquarelle  1979



Ce suédois était indéniablement un poète. Une belle découverte. En revanche, je ne comprends pas vraiment les autres artistes de l'exposition...quel ennui, quel vide !  ( mais c'était le sujet, justement ).

Pour continuer dans les mondanités, je me rends à un vernissage très chic de " Street art " ( merci Jack Lang). Me promenant là-dedans avec une coupe de champagne à la main (excellent) et quelques petits canapés ( excellents), en observant du coin d'un oeil tous les (chics) clients potentiels et de l'autre les zeûvres accrochées aux murs, qui me donnent la nausée, mais qui ont l'air de plaire beaucoup ( j'entends quelques réflexions savoureuses ), je suis accablée. Là pour le coup c'est pas vide, enfin...ce n'est pas le même genre de vide !! On me donne un splendide catalogue en couleurs, dans un splendide sac assorti, je ne le laisserai pas traîner par terre.



Banga,     I say Muhamad Ali, You Say Cassius Clay
 
Aérosol sur toile 2016




Quelques temps après, je regarde le splendide catalogue, et je me dis : "oh, mais finalement, ce n'est pas si mal que ça..." Allons, Soso, rappelle-toi comme tu étais dégoûtée par toute cette vulgarité, ces couleurs horribles, ces "trucs" virtuoses ( quoique...enfin, certains, si ) immondes, et surtout cette répugnante soumission à tout ce qui peut caresser le bourgeois moderne dans le sens du poil et lui donner le délicieux frisson de l'interdit (commercial ! ), la délectable sensation de comprendre l'artiste maudit...maudit, my foot, oui !



Un qui, je l'espère pour lui, ne sera pas maudit, c'est Vincent Bebert. Un article de l'excellent Olivier Cena dans Télérama m'a donné envie d'aller voir de plus près, et hasard extraordinaire, le dimanche nous nous promenons au Palais-Royal, quand soudain, dans une vitrine, un tableau attire mon oeil : c'est lui ! Je trouve cela magnifique, malheureusement c'est fermé et l'expo se termine le lendemain. Mais c'est mille fois plus beau que dans Télérama ! ( et que sur mes photos pourries à travers la vitrine, bien sûr )


Vincent Bebert avec reflets         photo Solvej

Au Palais-Royal un dimanche :
Vincent Bebert    photo Solvej





















Théorème : toute reproduction ( ou magnifique image sur un écran ) n'est qu'un pense-bête, n'a de valeur que si c'est le souvenir de ce que l'on a vu EN VRAI. Même si vous connaissez par coeur La Ronde de nuit, vous êtes époustouflé, bouleversé, tétanisé,lorsque vous êtes au Rijksmuseum, devant.

Corollaire : si c'est mieux en reproduction, si c'est magnifique sur un mur XVIIIème ( siècle), c'est que ça ne vaut rien ( ou pas grand chose ). Tous les grands Maîtres sont beaux quel que soit le cadre ou la présentation ou l'environnement .

Mais enfin, on pourrait améliorer l'éclairage de La Mort de la Vierge de Caravage au Louvre...:)

Quant au Salon 3F Art contemporain, à la Porte de Versailles, je n'en dirai rien, car là, j'ai vraiment touché le fond. Des kilomètres d'horreurs. Je citerai juste Jean-Marc Gaillard, Martine Pinsolle, et ma copine Patoune que j'ai eu le plaisir de revoir, égarés dans cette galère !


Vincent Bebert    La Drôme

lundi 6 février 2017

Naz drovié !! Le dernier verre ( de vodka, bien sûr)

Alexei Savrasov 1852 Après-midi dans la steppe                              photo Solvej

Vendredi : Le Palais Youssoupov, le Musée Russe




Le palais Youssoupov ne paye pas vraiment de mine, de l'extérieur ( sauf pas ses dimensions, mais bon, nous sommes habitués ! ) mais à l'intérieur...ce ne sont que dorures, marbres, lustres gigantesques ( il paraît qu'ils sont en papier mâché, et non en bronze, car les plafonds ne supporteraient pas leur poids ) c'est très très clinquant... et pas toujours du meilleur goût.



Modeste cheminée en malachite  photo Solvej

La rotonde                                    photo Solvej






Mais enfin, c'est vraiment somptueux, le Prince avait même son théâtre perso qui est ce qu'il y a de plus joli. Et puis, tout cela est TELLEMENT russe !




Le théâtre                                                           photo Solvej

La petite salle de bains du Prince                        photo Solvej


      Sa Galerie de tableaux, en revanche, ne montre que des photos en noir et blanc des originaux... qui sont à l' Hermitage ! Heureusement, un peu plus loin, une salle présente une petite exposition d'oeuvres authentiques  ( payante, allez, 100 roubles de plus ( 1€50, on se calme). Bonheur de se retrouver avec nos grands français, décidément la noblesse russe avait le goût plus raffiné en peinture qu'en décoration...





Joseph Vernet 1748               Ruines à l'estuaire d'une rivière
 photo Solvej



Hubert Robert 1796   Paysage avec un moulin
 photo Solvej


N'oublions pas que ce Prince Youssoupov est   celui qui a débarrassé l' Empire de Raspoutine, ça n'a pas suffit, mais quand même.



Nous retournons le long des berges de la Moika vers le centre, en traversant bien dans les clous ( de toutes façons, on n'a pas le choix ) ( et on est minutés, ça, c'est pratique ). Après un dernier salut à l'Amirauté, belle flèche dorée, et à notre bien-aimé Hermitage, nous abordons le Palais Mikhailovsky, siège du Musée Russe, une gigantesque bâtisse, qui me paraît aussi grande que l' Hermitage ( c'est le cas ) mais qui se révèlera beaucoup moins séduisante. Il faut parcourir des kilomètres de salles bourrées de toiles d'histoire surdimensionnées, plus pompeuses et inintéressantes les unes que les autres, avant de trouver un ou deux tableaux qui aient un peu de charme.

Dans cette Bérézina, je trouve quand même quelques " bons" :

le poétique Vasilyev, tendance Barbizon





Fyodor Vasilyev 1873 Matin                                                        photo Solvej
Fyodor Vasilyev 1872 Marais dans une forêt. Automne               photo Solvej

le bluffant Shishkin, naturaliste distingué


Ivan Shishkin 1892 Herbes                                                           photo Solvej


dont le beau portrait par Ilya Repin impressionne ( ses autres portraits aussi, d'ailleurs ). J'ai repéré un autre superbe portraitiste, Ivan Kramskoy, et les grands paysages romantiques de steppe d' Alexei Savrasov apportent un grand souffle d'air pur bienvenu.



Ilya Repin 1876       Portrait du peintre Ivan Shishkin
 photo Solvej
Ivan Shishkin 1887 Chênes              photo Solvej






Isaac Lévitan 1898                            Silence


Enfin, j'aime beaucoup la touche d'Isaac Lévitan, très picturale. Des centaines d'icônes et de portraits XVIIIè plus tard, nous sommes trop gavés pour avoir le courage d'aller voir les modernes (  genre Malevitch et sa petite bande ) et cherchons désespérément la sortie. Sur le chemin de celle-ci, des collections ethnographiques au charme indéniable attirent encore mon oeil fatigué.





Mais qu'est-ce...?                                                 photo Solvej

Charmantes poupées                                             photo Solvej

Celui-là, je l'aurais bien pris pour ma collection !
 photo Solvej

Voilà, c'est fini St Petersbourg,  До свидания!  Je reviendrai...pour finir l' Hermitage.





Le Pont rouge vu du pont bleu                              photo Solvej

Le Pont bleu vu du pont rouge                             photo Solvej


















dimanche 5 février 2017

Le Grand Pierre le Grand

Le Cavalier de bronze                          photo Solvej

Jeudi : Saint Sauveur-sur-le-sang-versé, la forteresse Pierre-et-Paul,  la Cathédrale St Isaac




Aujourd'hui sera le jour le plus froid, et notre plus long périple dehors...Heureusement nous sommes bien équipés. Petite expédition vers une banque ( que nous ne trouverons jamais, encore la fantaisie slave !) pour récupérer quelques roubles. Puisque nous passons devant l'église du Saint-Sauveur-sur-le-sang-versé, profitons-en pour voir l'intérieur. C'est assez décevant, les murs sont entièrement recouverts de mosaïques, mais modernes, l'ensemble est lourd et laid, on est très loin de l'enchantement de Ravenne. Mais ça fait de belles photos :


Mosaïque moderne                                               photo Solvej  

St-Sauveur-sur-le-sang-versé, intérieur                                        photo Solvej




Traverser la Néva sur un pont qui doit faire à peu près un kilomètre en affrontant le vent glacial venu de la mer Baltique est une terrible épreuve.





La Néva gelée                                                                               photo Solvej


Je voulais voir la "petite maison de Pierre", où le Tzar s'installa pour surveiller les travaux de construction de "sa" ville. Raté, c'est fermé le jeudi ! ( bravo, Soso ) Nous ne verrons que la porte de l'enclos que Catherine II fit construire autour. En revanche, nous visitons la forteresse Pierre-et-Paul en long, en large et en travers. C'est un lieu chargé d'histoire ( et de visiteurs, mais surtout des russes) qui ne manque ni de grandeur ni d'élégance. La Cathédrale est superbe à l'intérieur, bien plus belle que St Sauveur, avec son style rococo et les tombeaux de tous les tzars en marbre blanc.





Portail de la petite maison de Pierre 
 photo Solvej

Cathédrale Pierre-et-Paul, intérieur  
photo Solvej





Tombeau de Pierre le Grand et de sa Catherine (I) 
 photo Solvej


Il y a un petit ( tout est relatif ) musée sur l'histoire de la ville, qui serait passionnant...si seulement les étiquettes étaient en anglais ! Nous sortons de là assez frustrés, et une fois de plus, épuisés.



Dans le musée de l'histoire de St Petersbourg      photo Solvej



On  retraverse la Néva pour aller saluer le Grand Instigateur sur son cheval, une statue étonnante ( en haut) ou la tzarine de légende fit inscrire en 1782 : " A Pierre premier, Catherine seconde ".
Quel personnage que ce Pierre le Grand, il faut absolument lire un peu sa vie, avant de visiter St Petersbourg ( merci Hermine pour l'excellent livre que vous m'avez prêté ).


Il se met à neiger et la Cathédrale St Isaac, qui me semblait plutôt rébarbative dans la grisaille, nous attire irrésistiblement.



St Isaac                       photo Solvej


262 marches plus haut ( et quelques frayeurs dans le dernier tronçon, quasiment dans le vide ) on ne regrette pas nos efforts. La vue est éblouissante !



Vue de la Colonnade                                     photo Solvej

L'effort en valait la peine                                photo Solvej
















































Certes en hiver les journées sont très courtes ici, mais les russes sont les champions incontestés de l'éclairage festif, et la magie opère à nouveau.



Eclairages de la perspective Nevsky
 photo Solvej

samedi 4 février 2017

Le plus beau Musée du monde 4

Van Dongen 1908       Printemps


Mercredi : L' Hermitage, la peinture moderne



Il faut donc traverser l'immense place du Palais pour se rendre à l'ancien Etat- Major, qui abrite les collections modernes de l'Hermitage. D'entrée, on est saisi par le formidable agencement moderne, merci Wladimir ( né natif de St Petersbourg, ceci explique sans doute cela...)



Entrée monumentale                    photo Solvej

Humour belge ( Jan Fabre )        photo Solvej























Vu la conséquente exposition de la collection Chtchoukine qui se tient en ce moment à Paris, je craignais de voir des murs constellés de carrés blancs ...pas du tout ! Il y avait des réserves...
Et l'après-midi ( "moderne" ) sera à la hauteur de la matinée ( " classique" ).

Nous commençons par le haut ( les " plus modernes " ). Je suis toujours bluffée par Chabaud, si personnel et si juste en même temps, on peut dire à peu près la même chose de Van Dongen ( le ravissant " Printemps " en ouverture est mon coup de coeur du jour ).



Auguste Chabaud 1910  Place dans un village de Provence        photo Solvej


Tiens, mais nous l'avons déjà vu, celui-là ! Oui, c'était à Amsterdam, comme le Musée Van Gogh était en travaux, nous fûmes à  la "succursale" de l' Hermitage qui abritait provisoirement Vincent ...et quelques autres.


Charles Hoffbauer 1907  A Londres                                            photo Solvej


Tous les plus plus beaux Picasso de Chtchoukine ne sont pas à Paris, ces deux-là sont magnifiques. Le portrait de Mme Matisse aussi, et encore une fois, c'est une superbe promenade au milieu de tous les grands noms de l'art moderne.

Au passage, une formidable exposition Boldini...mais la kapo de service me fait de grands signes : " No photo !! "




Pablo Picasso 1909              Vase avec fruits
 photo Solvej





Pablo Picasso 1912 Instruments de musique
 photo Solvej







Nous descendons un étage, Monet-Picasso, même constatation, tout n'est pas à Paris. Pas le moindre "trou", et le merveilleux dialogue entre les tableaux peut donc se poursuivre. On s'assoit sur un banc en face de ces deux-là ... quel bonheur !



Monet 1876 Coin du jardin de Montgeron                                 Monet 1876 Mare à Montgeron                         photo Solvej


Je ne sais pas où j'avais lu " les impressionnistes sans Manet ", ce devait être uniquement pour Paris, car ici il y a le superbe portrait de la belle Isabelle, et une autre pin-up, à côté d'une salle remarquable de pastels, dans le noir comme d'hab.



Manet ca 1879 Portrait de Melle Isabelle Lemonnier                 photo Solvej



Manet 1880 Jeune fille au col retourné (pastel)
 photo Solvej



Renoir est très bien représenté, des paysages remarquables ( Marée basse à Yport, Paysage de Beaulieu ) je remarque aussi un très joli Sisley ( Jour venteux à Véneux) et deux splendides Cézanne, une Ste Victoire et un exceptionnel pin...que je ne mettrai pas pour ne pas me faire une concurrence déloyale !





Renoir 1881                                     Roses et jasmin dans un vase de Delft
(ce sont des chèvrefeuilles...)  photo Solvej

Courbet 1863                      Nature morte de fleurs
 ( camélias, tulipes, iris et autres fleurs 
jaillissant de deux pots rustiques) 








































Bien sûr l' incontournable Van Gogh, ses maisons de guingois et ses portraits idem, mais surtout le formidable buisson, magnifique !



Van Gogh 1889-5                   Le buisson de lilas




Regarder de très près ( si,si, c'est possible! )  le " Souvenir du jardin d'Etten", et ses épaisses couches de couleurs superposées ( au moins 5,6 ) me fait m'interroger une fois de plus : comment pouvait-il peindre tant de tableaux en un mois ( 20, parfois ) ( et avec un style si spontané !)  sachant que, pour rajouter une couche, il faut attendre que la première soit sèche ( au moins 24h) ?



Van Gogh 1888-11 Souvenir du jardin d'Etten (détail) photo Solvej



Au dernier étage ( ou plutôt au premier, car nous descendons ) une très intéressante collection de romantiques ( Delacroix, G.Doré, Corot et bien d'autres) et des souvenirs...de Napoléon !



Voilà, c'est fini l'Hermitage, j'espère que j'y reviendrai, oui, c'est vraiment le plus beau Musée du monde !


Le plus beau Musée du monde                                                                                                                            photo Solvej


et nous rentrons vite nous préparer pour le théâtre Mariinsky (autre délice ).


Clin d'oeil sur le trottoir             photo Solvej