jeudi 21 décembre 2017

Cinq ans de solitude...




Isaac Israëls, Portret van een vrouw  1936
 Dordrechts Museum


                    ...qui m'ont paru cent ans, sans toi, mon amie chérie. J'ai trouvé, au hasard de Pinterest, ce beau "portrait de femme " d'Isaac Israëls, un peintre néerlandais que j'aime bien, qui te ressemble comme une soeur, n'est-ce pas ?


Solvej, Eve aux lunettes pastel 1997


Bien sûr, dans ta " famille", il y a aussi la fameuse Emilie Flöge de Klimt, avec une robe que tu aurais sûrement portée :




Klimt, Portrait d'Emilie Flöge 1902 Wien Museum


Accompagne-moi encore longtemps, très chérie...



Solvej, Eve au collier, aquarelle 1998

dimanche 10 décembre 2017

Dans la chambre à coucher de Monet

Monet collectionneur     Musée Marmottan-Monet



Renoir    La mosquée, fête arabe   1881     photo Solvej
(le tableau le plus cher que Monet ait jamais acheté ! )



La vie de Monet, quelle histoire ! Je ne peux m'empêcher de me remémorer " L'oeuvre", ce terrible roman de Zola qui magnifie    l'artiste " maudit", façon fin 19ème. La description du peintre peignant son "enfant mort" ( et exposé au Salon, à une hauteur telle qu'on ne le voyait pas !)  m'avait arraché des larmes et évidemment, chaque fois qu'à Orsay je passe devant " Camille sur son lit de mort" j' y pense. Je ne sais pas si le père Zola s'est inspiré de cette oeuvre, c'est bien possible, mais enfin c'est sûr que Claude Oscar ( comme l'appellent les anglais) n'a pas eu tout de suite la vie facile.
       Au départ, entre rapins, et entre deux bocks, on s'échangeait des oeuvres, normal, c'est comme ça qu'il a commencé sa collection.   Et puis après, le maître ayant du succès ( et plus de moyens, de ce fait ) se souvenant de ses déboires passés, encourageait un peu ses collègues...c'est beau.  Et à la fin, le Maître avec majuscule, quand il avait fini de ciseler son jardin-chéri-Giverny, entre deux achats de nymphéas  ( "oh! mais je l'ai pas, ce rose-mauve irisé "), ce que c'est que la collectionnite, le Maître faisait de la déco sur ses murs.


Cette jolie petite exposition ambitionne de recréer un peu l'ambiance de la maison de Monet, et surtout nous permet de découvrir certains tableaux que nous n'avons jamais vus. Assez peu, ils en ont quand même exposé beaucoup que l'on a l'habitude de voir ici, mais bon ; puisque j'ai parlé de Camille, deux tableaux nous la montrent :

Manet    Monet peignant dans son atelier   1874  Stuttgart Staatsgalerie


Cette magnifique " esquisse " de Manet, qu'Edouard avait laissé chez Claude, pensant la finir, et puis il n'est jamais revenu, nous dit la notice, et Monet l'a gardée sur son mur...

...et ce touchant portrait signé Renoir, pendant de celui de l'artiste fumant la pipe, splendide !


Renoir Portrait de Madame Claude Monet 1872

Renoir  Claude Monet lisant 1873






















Je ne vais pas les séparer, même s'ils se tournent le dos !

Dans la famille de coeur de Monet, il y a bien sûr la belle Morisot :



Morisot  Julie Manet et Laërte  1893 Marmottan


Mais Monet, s'il aimait ses collègues impressionnistes, savait aussi apprécier les grands "anciens", comme Delacroix et Corot :



Delacroix Falaises près de Dieppe 1855 Marmottan

Corot Ariccia, Palais Chigi 1827 Musée Langmatt Baden


et aussi ceux " à la mode", comme Chéret, par exemple, et même des "modernes" comme Cézanne


Cézanne  Neige fondante à Fontainebleau 1880 MOMA New-York


et sa vibrante "neige fondante à Fontainebleau", qui, pour ce qui est de l' "impression" humide n'a rien à envier à la rue mouillée de Caillebotte



Caillebotte Rue de Paris, temps de pluie esquisse  Marmottan


J'ai gardé pour la fin le délicieux enfant dans les fleurs de Manet, mais je ne suis pas vraiment sûre que la couleur bleu turquoise vif des tentures de l'exposition, (censée, je suppose, être dans l'esprit du collectionneur, qui, on le sait, affectionnait les murs de couleur ( cf Giverny, jaune tournesol, bleu intense ) le mette particulièrement en valeur :


Manet  Garçon dans les fleurs ( Jacques Hoschédé) 1876 NMWA Tokyo


Pour sortir, on passe dans la salle basse de Marmottan, et au passage, un petit coup d'oeil sur les derniers chef-d'oeuvres de Monet, heureusement qu'il ne s'est pas fait opérer de la cataracte, lui !



Monet Le pont japonais 1924  Marmottan

dimanche 3 décembre 2017

Sa majesté P.P.R.

Portrait de l'archiduc Ferdinand ( détail)   ca 1635   Sarasota                   photo Solvej



Exposition " Rubens, portraits princiers"    Musée du Luxembourg




Ah ! Rubens, le peintre des rois, ici, le roi des peintres, toujours...Quel bonheur que cette superbe exposition, en plus la muséographie est magnifique, les couleurs de fonds artistiquement choisies, les tableaux bien éclairés et bien présentés, c'est parfait. Et, cerise sur le gâteau, il n'y a pas grand monde ...( le temps glacial a cantonné les hordes au coin du feu ). On est un peu frustré de voir seulement en projection le somptueux cycle de Marie de Médicis, mais enfin, le Louvre n'est pas loin, et on peut y aller tout le temps pour une petite piqûre de rappel.

Ce n'est pas le Rubens des folies charnelles, mais le peintre " mondain" que l'on voit dans cette exposition, celui qui s'efforce de rendre la majesté et la pompe des grands de son monde, de grandes toiles " de commande", mais la comparaison des portraits des mêmes personnages peints par d'autres donne largement l'avantage au grand Maître flamand. Portrait de cour, certes, mais la personnalité du modèle est bien évidente, ainsi d'ailleurs...que celle du peintre ! Car n'est-ce pas lui que l'on retrouve à chaque pas, il y a comme un "air de famille", mais n'est-ce pas la loi commune, de se représenter toujours un peu soi-même...dans les visages des autres.



Portrait de Louis XIII, roi de France  1622
Melbourne National Gallery of Victoria  photo Solvej



Ce portrait de Louis XIII a été peint "d'après nature", nous dit la notice, et c'est sans doute pour cela qu'il est si vivant.

Fiston ressemble beaucoup à sa maman:




Marie de Médicis, reine mère de France ( détail)
1622  Prado         photo Solvej


Et tous les deux ressemblent à Rubens, la boucle est bouclée.



Du merveilleux portrait de l'archiduc Ferdinand, j'ai envie de mettre ce détail fulgurant, grand morceau de peinture en soi :



Portrait de l'archiduc Ferdinand ( détail)  ca 1635  Sarasota     photo Solvej



et que dire de cet ongle exquis... 


Elisabeth ( appelée aussi) Isabelle
de Bourbon ( détail) 1630  Munich   photo Solvej



En sortant de l'exposition, dans le " passage obligé" produits dérivés et cartes postales ( très succinctes, comme d'habitude, maintenant que tout un chacun mitraille avec son téléphone portable ( et moi avec mon Ipad ), j'ai acheté un excellent livre que je vous recommande vivement : " Rien que Rubens", par un certain Philippe Forest, un petit ouvrage passionnant et remarquable, dont la première phrase : " Nul n'est moins maudit que lui " a tout de suite titillé ma curiosité. Et en effet, j'adhère totalement aux théories de Mr Forest, et je pense d'ailleurs que c'est pour cela que Rubens n'est pas à la mode, il énerve nos contemporains qui ne jurent que par les martyrs de l' Art torturés-par-leur-douleur-devant-ce-monde-affreux, avec sa réussite éclatante et son génie débordant. Oui, c'est un génie solaire, heureux, un peu comme J.S. Bach, il glorifie le seigneur et sa création chaque jour, en nous épargnant les chagrins et les tourments qu'il eut comme tout le monde. ( pertes d'épouse aimée, d'enfants...) et je crois que c'est pour ça que je l'aime tant.


A propos d'enfants, admirez l'adorable petite princesse, bien malheureuse ( deux ans! ) dans ses beaux atours empesés ( quelle époque ! ):



Portrait d'Eléonore de Gonzague, future impératrice,
à l'âge de deux ans, à mi-genoux   1601  Vienne KHM     photo Solvej


et son grand frère,avec son armure ( quelle époque ! bis ) ne sont-ils pas délicieux ?



Vincent II de Gonzague 1604/15
Saltram NT     photo Solvej


Beaucoup de collègues du Maître sont représentés dans cette exposition, et pas forcément les plus mauvais. Il y a notamment un remarquable portrait de Philippe IV par Velasquez, et évidemment l'élève le plus doué de Rubens, Van Dyck. J'ai craqué pour les chiens de Diego et  d'Anton :




Velasquez    Portrait de Philippe IV
en chasseur (détail ) 1632/4
 Castres        photo Solvej

Van Dyck  Portrait de Marie de Médicis ( détail )
 1631 MBA Bordeaux           photo Solvej























et aussi pour la petite vue d'Anvers qui est en fond du portrait de Marie de Médicis par Van Dyck ( quelle composition ! Le chien est en bas à gauche sur le portrait entier ) :



Van Dyck Portrait de Marie de Médicis ( détail )
 1631 MBA Bordeaux       photo Solvej


A propos de paysage, je n'ai pas  pu m'empêcher de remarquer, une fois de plus, les travaux d'embellissement modernes sur le fond du portrait de l'infante Isabelle Claire Eugénie, pas l'air commode, la dame        ( qui doit être de Brueghel de velours) ( le paysage, pas le portrait ) :




Rubens et Jan Brueghel l'ancien    L'infante Isabelle Claire Eugénie ( détail) ca 1615    Prado               photo Solvej


où l'on voit que les différents bestiaux sont hors de proportion, par rapport aux personnages...sacré Brueghel ! Quel nul !


On termine ce parcours idyllique avec le Maître himself, aimablement prêté par sa Majesté, merci Lillibet, qui se représente en ses plus beaux atours, fier de sa réussite, ( sans aucun de ces vulgaires outils, genre palette ou pinceaux) conscient de son génie, avec le plus parfait naturel.




Autoportrait    1623
Collection de sa Majesté Elizabeth II       photo Solvej
           

 Ca fait du bien ! Et je termine sur un sublime détail, un de plus ...Il est bon de regarder ces grandes toiles de loin, certes, pour en admirer les savantes compositions, mais quel plaisir de s'approcher, au plus près de cette peinture si jouissive...




Autoportrait ( détail )    1623
Collection de sa Majesté Elizabeth II      photo Solvej