dimanche 11 mars 2018

Les belles plantes, pas les arbres pour une fois !

La Madeleine lisant  1854  Louvre           photo Solvej

Corot  Le peintre et ses modèles  Musée Marmottan Monet


Oui, Corot est le merveilleux poète des arbres que l'on connaît par coeur, le magnifique paysagiste de l'Italie et des taillis de l'Ile de France, mais cette exposition met l'accent sur les personnages, genre qu'il valorisait moins, il paraît, puisqu'il avait gardé pour lui cette collection délectable...En fait, on nous dit qu'il commença par faire des portraits " de famille", qui sont d'ailleurs d'un format très réduit, qu'il offrait à ses modèles, comme finalement ont pu le faire tous les débutants dans la carrière. Ils sont plus ou moins réussis...



Claire Sennegon, plus tard Mme Christophe
Charmois, nièce de l'artiste  1837       Louvre
photo Solvej

Celui-là, très romantique, l'est particulièrement. Le fond " Barbizon" est si beau...



Naturellement, on connaît bien la sublime "Femme à la perle" du Louvre, et son délicat camaïeu de gris, et c'est toujours un immense plaisir de l' admirer à nouveau :



La femme à la perle  1870    Louvre


La grâce de son beau visage classique, la manière " en aplats" de traiter les tissus, la perfection de ses mains...un régal ! c'est vraiment son chef-d'oeuvre. Mais elle a beaucoup d'autres copines, moins célèbres, mais tout aussi  délectables :




Zingara au tambour de basque
1865/70  Louvre     
photo Solvej

L'italienne ca 1872 Washington NGA   photo Solvej

























La ravissante jeune fille en rose ( sans doute le même modèle que la femme à la perle ? ) et la belle italienne au somptueux tablier, un véritable morceau de peinture en soi, d'une étonnante modernité.

Très moderne aussi, la femme à la manche jaune  . Je suis impressionnée par ce traité épuré, un peu plus ce pourrait être un Picasso première manière :


L'italienne ou femme au manchon?
( à la manche ) jaune 1870 Londres NG
 
photo Solvej


On fait une petite ( toute petite !) incursion chez les messieurs, mais de toute évidence, le maître est beaucoup moins inspiré, et ses chevaliers en armure ( bien que pour l'armure, il se soit souvenu de Titien et de Velasquez ) assez ridicules, il faut bien le dire.Je repêcherais tout de même ce moine blanc, sans doute à cause du subtil camaïeu qui me rappelle la femme à la perle :


Moine blanc assis, lisant  ca 1865
 Zurich Coll E.G.Bührle     
photo Solvej



Mais revenons à notre sujet, la beauté féminine...les belles dénudées et alanguies dans un paysage sont très classiques, très belles, un peu froides à mon sens, mais je suis encore dans l'enchantement de la si sensuelle Vénus d'Urbino.




Bacchante au tambourin, dit aussi Le Repos 1860     Washington NGA


A tout prendre, la mystérieuse "Madeleine lisant" ( en haut), me semble plus personnelle. Ce sont surtout ses modèles habillés qui sont les plus charmeurs.



L'atelier de l'artiste 1868
Washington NGA   
photo Solvej

L'atelier de Corot, jeune femme assise
devant un chevalet 1873    Louvre
photo Solvej



























Tiens ! Il y a deux versions de l'Atelier...jeu des sept erreurs ? Le chien s'est transformé en boîte de couleurs subrepticement, je crois que c'est la seule différence. Dans le premier, le chien regarde la jeune femme qui regarde le tableau sur le chevalet, cela donne à l'oeuvre un supplément de vie contrairement au second, qui du coup, en paraît plus factice, bien que toujours éminemment charmeur, mais évidemment, une boîte de peinture est plus utile qu'un chien dans un atelier...


Le charme, c'est bien la principale vertu de cette autre version de l'Atelier :



L'atelier de Corot ca 1865  Louvre      photo Solvej


et ce merveilleux boléro rouge vif, avec en écho la tapisserie de la chaise ( qui me rappelle le tablier de l'italienne ) et le ruban dans les cheveux. On fait grand cas de la "dame en bleu" de l'affiche ( l'exposition se termine avec elle) ,  à juste titre car elle est splendide, mais moi ce sont les rouges de Corot qui m'emballent, et je remarque, en refaisant un petit tour rapide, qu'il en a mis dans presque tous ses tableaux, petites fleurs par ci par là, d'accord, c'est un "truc" de peintre, mais j'adore...Goya aussi employait ce procédé pour faire chanter ses gris, rubans roses, cocardes rouges...



Zingara au tambour de basque  (détail)
1865/70  Louvre        
photo Solvej

L'atelier ( détail) 1870  Lyon MBA photo Solvej

Louise Harduin ( détail) 1831
Williamstown The Sterling and Francine Clark AI
photo Solvej


Gentil coquelicot, mesdames, gentil coquelicot nouveau...vivement le printemps !