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dimanche 16 avril 2023

Sept Manet, un Degas...et un milliard de visiteurs



Manet 1875 Jambon                                                                 (un tableau de la collection de Degas)


Manet / Degas   Exposition au Musée d' Orsay


J'ai acheté 8 cartes postales, ne me demandez pas lequel je préfère ?  Si tant est qu'il faille choisir...
et...un milliard de visiteurs...c'est honteux de laisser entrer autant de gens en même temps, c'est le métro aux heures de pointe ( c'est-à dire tout le temps, maintenant ). On ne voit rien, les pièces sont relativement petites, on fait la queue dehors, on fait la queue dedans...fff, quelle époque !
D'abord, est-ce qu'on ne pourrait pas, au lieu d'écrire des trucs sur les murs, distribuer à chacun un petit papier avec les textes, ça éviterait déjà quelques bouchons. Ensuite, il faut d'urgence contingenter le nombre de personnes présentes, en réservant pour une heure ou une heure et demi, comme cela se fait à la Galerie Borghèse, par exemple.

Parce que voir des tableaux dans ces conditions là, c'est indigne. Et insupportable, nous ne sommes restés qu'une demi-heure.

Moi qui adore Manet...et qui ne déteste pas Degas.

Alors...je me suis précipitée sur les tableaux venant d' Amérique, que je n'avais donc jamais vus, en particulier ce merveilleux : 



Manet, Le Christ aux anges 1864               Met N-Y


et la tout aussi magnifique :



Manet 1866 La femme au perroquet  Met N-Y


Après...Qu'est-ce qu'on veut prouver dans cette expo ? Que Manet et Degas ont eu des inspirations similaires ?
 ( Je ne dirai pas "se sont copiés", comme Degas semblait le penser, paraît-il )



Degas, Portrait du peintre James
Tissot 1867/8                   Met N-Y
 
Manet, Portrait de M.Emile Zola
1868     Orsay



 


















déjà je vois dans les compositions une différence notable, celles de Degas sont plus agitées et celles de Manet plus statiques


Manet, La leçon de musique 1870              Boston

Degas, Violoniste et jeune femme
( Raoul Madier de Montjauet sa femme,
la cantatrice Emilie Fursch-Madier ) 1871 Detroit




















mais en revanche, Manet a une manière "enlevée " que Degas n'a pas


Degas, Edmond et Thérèse Morbilli
( détail) 1865                         Boston MFA

Manet, Portrait de Zacharie Astruc
( détail) 1866                   Brême KB





on sent chez ce dernier l'influence de l'art extrême oriental (traitement en aplats de couleurs ) 
 alors que Manet marque toujours beaucoup les ombres et les reliefs, et puis surtout, je pense que c'était deux caractères très différents, Edouard est un être solaire et amoureux des femmes et de la beauté, alors qu'Edgar semble plus tourmenté dans ses relations avec le beau sexe ( je l'avais déjà ressenti dans l'expo    
 " Degas et le nu   "  ). Cela est particulièrement notable dans le rapprochement entre    L'absinthe   ( ce douloureux chef-d'oeuvre de Degas  ) et le même thème chez Manet :



Manet, La prune 1877    Washington NGA

Degas peint l'alcoolisme et le désespoir et Manet une jolie fille qui attend ( un homme ? sans doute ! )

Il y a dans le regard que Manet porte sur les femmes une grande tendresse ( voire plus ! ), elle nous regarde, alors que l'oeil du père Degas est bien plus acerbe et clinique, c'est une (magnifique ) étude de viande, presqu' une nature morte  :

Manet, Femme dans un tub 1878    Orsay








Degas, Le tub 1886                                     Orsay
















Enfin, ce sont tous les deux de formidables dessinateurs ( mais on ne peut pas approcher des dessins ) je retiens tout de même celui-là, et son traitement pictural éblouissant :


Manet, Les courses 1865/72

Manet, Courses à Longchamp 1866    Chicago AI















Et en conclusion, je ne résiste pas à ce portrait de couple " en Rubens" ! Quel melon, cet Edouard...


Manet, La pêche (détail) 1862/3             Met N-Y



...et à ce chien !!!
Manet, L'artiste ( Portrait de Marcellin
Desboutin ) ( détail) 1875  Sao Paulo
 

jeudi 24 novembre 2022

L'ennui

Exposition  Walter Sickert, peindre et transgresser    Petit Palais 






L'ennui 1914      Tate Modern



C'est le titre du tableau le plus connu de ce Walter Sickert, et en effet, c'est bien le sentiment qui domine à la visite de cette (énorme) exposition.  Oui, je le dis, je me suis beaucoup ennuyée au Petit Palais ce dimanche. Les week-end se suivent...et ne se ressemblent pas. A la fraîcheur, l'innocence de Léon Bonvin succède cette accumulation de croutes truquées, dans lesquelles je n'ai vu ni transgression ( quel titre racoleur ! ) ni surtout émotion.

Il faut dire qu'en plus, le parti pris de  la muséographie n'aide pas, les couleurs rabattues des murs ne flattant pas particulièrement la gamme de couleurs  éminemment plombée de l'anglais.



Salle  "des Music-halls "

Ses tableaux de théâtres, cirques et autres music-halls , sur ce fond aubergine, sont déprimants au possible, bien qu'assez habiles, je l'admets.


 
                            Dans les petits paysages urbains, en voilà un qui me rappelle quelque chose :


The red shop   1888  Norwich Castle Museum




Solvej, James Lewis de Ballydehob 1986




















Ha ha, c'est peut-être pour cela que ce Sickert ne m'épate pas plus que ça !


En fait, je trouve que c'est surtout un bon dessinateur, avec un sens du cadrage assez bluffant, en somme je me demande pourquoi il n'a pas été illustrateur publicitaire ...il me semble qu'il aurait parfaitement réussi. 


Aubrey Beardsley
ca 1894 Tate Gallery



Et alors, quand il se mêle de faire des portraits...( quand je pense qu'il était ami avec Jacques-Emile Blanche !! ) tu m'étonnes que ça n'ait pas trop marché et que les modèles étaient pas contents ...Ils sont tous plus affreux les uns que les autres.


A part celui-ci ( que j'ai cru autoportrait ! ) mais non, c'est de Whistler !


James McNeill Whistler,
Sketch portrait of Walter Sickert  1886
Hugh Lane Gallery Dublin





Les nus, c'est pareil, pas de chair, pas de vie.


Revenons au père Degas, ça c'est un beau morceau de viande, qui fait envie :


E.Degas, Après le bain, femme nue couchée
1855-1890  Coll D. et E. Nahmad

                                   

                                          Il y a aussi un Lucien Freud, moins sexy mais aussi beau.
Même ses crobards sont poussifs, quand ils ne sont pas faux ( ha ha, pas autant qu'un grand Bonnard à l'anatomie plus que discutable, mais très décoratif ).  


Et quand Mister  Sickert veut faire de la couleur, diable, ça décoiffe :



Brighton Pierrots 1915 Tate Gallery

                                  
                                  et encore, ma photo ne rend pas vraiment justice à cette harmonie d'une acidité à faire grincer des dents,   on dirait des couleurs de jelly ! Son amour du vert malachite est plus heureux ici :



Nuit d'amour 1920  Manchester Art Gallery


Celui-là  je l'aime bien, le rayon de lumière oblique, la salle du caf' conc' derrière, il y a indubitablement une atmosphère. 

Mais enfin, tout cela est assez anodin, assez morne et mort en somme, on a l'impression qu'il avait une idée grandiose et que très rapidement, cela l'ennuyait...et il passait à autre chose .

Moi aussi, je vais passer à autre chose...


dimanche 23 décembre 2012

Bobo mais beau



En été, Auguste Renoir (det)
La rêverie tzigane, Gustave Courbet (det)



Exposition " Bohèmes " au Grand-Palais



                                            Voilà une superbe exposition, " scénographiée " par Robert Carsen, éminent metteur en scène lyrique que nous autres habitués de l'Opéra de Paris connaissons bien..(c'est loin d'être le pire, d'ailleurs).

                          Donc, maintenant, la peinture sur les murs ne suffit plus, il faut aussi un décor "adapté  sur mesure " ( corollaire : les expos vont coûter de plus en plus cher et il faudra de plus en plus d'entrées pour que ce soit rentable, damned ).

       J'ai toujours pensé que le cadre était très important, et qu' un Solvej bien habillé ferait plus d'effet qu'un Rembrandt dans un sous-verre   (peut-être pas, tout de même !!!)   mais là, je me demande si on ne va pas un peu trop loin : il y a du papier peint (artistiquement ) déchiré derrière les portraits de Liszt, Delacroix, Courbet,  une salle de chevalets ( qui ont bien servi ) pour présenter des petites scènes d'atelier,   moyennant quoi on ne voit rien parce que les pieds (des chevalets ) (et ceux des gens qui s'agglutinent autour ) gênent,  une espèce de roulotte (?) ailleurs  et bien sûr,  Pavarotti qui nous hurle "Mimiiiiiii !!"  (bon, je préfère Di Stefano, chacun ses goûts)  dans les oreilles,    enfin dans la salle   "Montmartre ", il y des chaises "bistrot "( on peut s'asseoir mais attention, elles sont collées ! pardon, scénographiées ) et des suspensions adéquates, on s'y croirait,     et quand on aura fini de s'extasier sur le décor,  est-ce qu'on pourra jeter un coup d'oeil à "l'absinthe",
 ce chef-d'oeuvre absolu et glaçant de Mr Degas ?


 Dans un café ou l'absinthe   Edgar Degas 1875/76

            En face il y a un beau tableau d'un certain Ramon Casas, quasiment sur le même thème.



Madeleine ou Au Moulin de la Galette  Ramon Casas  1892


             La confrontation des deux oeuvres me donne envie de dire vulgairement : " y a pas photo ! "...
( même si cette Madeleine est décidemment bien jolie ) mais justement,   il y a dans ce tableau une sorte de vulgarité, en dépit du fait qu'il soit très bien composé et très bien peint, qui l'éloigne de Degas autant que Céline Dion de Maria Callas...Lorsqu'on regarde" l'absinthe ", l'essentiel est immédiatement perceptible, le sujet du tableau,traité  avec une sobriété incroyable, simple tache vert/jaune, (comparez avec le verre d'à côté et la carafe, réalistes ) . Le sujet c'est l'alcool et la tragédie de l'alcoolisme, et c'est justement cette incroyable économie de moyens qui l'exprime le mieux, aucun détail inutile.


La composition avec ses diagonales pas vraiment parallèles,  cette asymétrie à la fois dans la géométrie et dans le "remplissage" ( il y a les grands vides blancs des tables au premier plan et deux portraits dans un petit espace en haut à droite ) dirige notre oeil tout droit sur la tache jaune ( ce n'est pas "un petit pan de mur"...mais c'est tout comme).





 
Il n'a pas peint les mains, mais il a peint les pieds et leur 

position "en dehors" ,  avachie, exprime peut-être tout l'abandon de la créature , sa faiblesse devant la consolation facile qui lui est offerte mieux encore que son expression... ( à moins que ce ne soit juste qu'elle ait trop marché...!)


Bien sûr ce regard vague, ( ce doit être au moins sa deuxième !) ajoute à la grandeur et contrairement à Madeleine qui attend un homme ..qui ne vient pas ( c'est le contraire de Jacques Brel ! )  ( et puis Madeleine a allumé un cigare, pour faire genre, et n'a pas encore attaqué son verre, elle )   il n' y a aucun sentimentalisme, aucune mièvrerie dans son expression, juste  lassitude,  désespérance,  lucidité?


      



A côté de l'héroine, on voit que le pote Marcellin Desboutins, qui ne devait pas non plus sucer que de la glace, (et puis, c'est bien connu, les peintres, ça boit ) tient mieux la distance, lui.




  



              

 Enfin, pour parachever le chef-d'oeuvre, Degas a signé en biais, sur le journal. Certains petits détails...ne sont pas inutiles. Il faut se méfier d'un peintre qui n'aurait pas une belle signature...





 Avec tout ça, je n'ai pas parlé de Courbet, mon chéri dont plusieurs tableaux merveilleux sont exposés (je vous laisse admirer la mèche de cheveux de la "Rêverie tzigane" en haut de la page, avec 
" En été" de Renoir, aussi belles l'une que l'autre)
                    et comme c'est Noël demain, offrez-vous un gland, une feuille, une branche si vous êtes très riche !!, du "Chêne de Flagey", un de ses plus beaux chefs-d'oeuvre, qui dort bêtement dans un coffre de banque japonais, au risque d'être englouti par le prochain tsunami, et qui serait tellement mieux chez lui, à Ornans ! :

                                              http://www.musee-courbet.fr/

                             Bonne fin d'année à tous et à bientôt sur la peinture Hollandaise !

dimanche 13 mai 2012

De l'Art...et du cochon

intérieur ou le viol

Degas et le nu    Musée d'Orsay

       Ce que c'est que de " ne pas avoir (ou ne pas prendre, plutôt)  le temps " de rédiger à chaud ...Je n'ai plus grand chose à dire sur cette expo bondée (d'accord, c'était un dimanche, mais le travailleur qui partage mes jours- z-et mes nuits ne peut y aller QUE le dimanche )...Je me souviens de tous petits dessins très difficiles à voir (forcément) et d'un merveilleux tableau ...de Manet !
      Le "regard" de Degas...me fait penser un peu à Rodin, j'ai un peu de mal avec ces papys du 19è/20è et le corps féminin, je les trouve...allez, j'ose, je les trouve un peu libidineux ! Toutes ces contorsions , ces vues tarabiscotées qui vous envoient l' oeil...juste "Là", humm..Je préfère de loin le direct Gustave ( Courbet ) et son origine du monde.
    De Degas ma tendresse ira aux blanchisseuses, buveuse d'absinthe, chanteuses de caf-conc et autres " comptoir de coton de la Nouvelle-Orléans " ! ( et tout de même, le splendide "intérieur ou le viol", dur mais magnifique)