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mardi 19 novembre 2013

Le jeu des sept familles








Exposition Serge Poliakoff   "Le rêve des formes" au Musée d'Art Moderne




Serge Poliakoff     Mauve, violet et rose 1954




                             Je ne sais pas pourquoi, je suis d'humeur abstraite, ces temps...aussi c'est avec ardeur ( et curiosité, car je connais très mal Poliakoff ) que je me transporte au Musée d'Art Moderne, où se donne à voir "Le rêve des formes " (Huuum...joli titre prometteur).

L'exposition tient ses promesses, en effet, elle est très bien faite, très complète je pense, il y a à la fin un petit film passionnant qui nous montre ce russe flamboyant, tout content d'être devenu français ( mais pas très doué pour les langues, on ne peut pas dire qu'il parle parfaitement sa langue d'adoption ! ) et au demeurant très sympathique. On remarque que s'il est né en 1900, ses premiers tableaux datent de 1946. C'est qu'avant, il était...guitariste dans des cabarets russes !

Bon mais sa peinture...Il faut la regarder de près.( d'ailleurs, pour une fois, je ne suis pas la seule à être collée devant la toile ) pour découvrir la préciosité de la matière ( le petit pan de mur jaune de Vermeer, décliné dans toutes les couleurs) C'est très beau.
Les compositions sont extrêmement équilibrées ( presque toujours avec une ligne centrale, qui forme comme deux volets) C'est très beau.
Le trait volontairement imprécis me ravit . C'est très beau.

        Je m'aperçois que je n'ai pas grand chose de plus à dire que " c'est beau ", mais faut-il vraiment dire quelque chose d'autre, en parlant  de peinture ? That is the question.

On peut se demander s'il n'aurait pas pu faire un peu autre chose, car la multiplication de ces "formes rêvées" ( titre ) qui vivent toutes très bien ensemble, crée à la longue  un effet peut-être uniquement décoratif...mais on est tout de même sous le charme.
        Et puis, soudain, on ne sait pas ce qu'il lui a pris, il y a deux toiles de coups de pinceaux gris, et là, on comprend pourquoi il a continué ( heureusement ! ) avec sa technique perso .

                                                           Mes deux préférés:



Composition en rose 1953
Composition en bleu 1953























Le geste sauvage, le corps à corps avec la matière, c'est pas son truc. La théorie non plus. Lui, c'est un poête, un rêveur, peaufinant sans trêve, couche après couche, sa vision de l'inaccessible. Je le classerais dans la famille de Paul Klee, le Père, tiens, jouons un peu, je trouve que l' abstrait s'y prête bien :

                                   Donc, il y a la famille Danslalune, couleurs pâles ou sourdes, formes délicates,
les 2 déjà cités, plus Zao-Wou-Ki, Richter, Cy Twombly ..mais dont le geste a un côté "jeté" sur la toile qui l'apparente aussi à




Paul Klee  Small pisture of fir trees  1922





                                      la famille Desfurieux,  violence, tout dans le geste et la chaos,
 la couleur qui claque, Asger Jorn, ( et tous les "Cobra" ) Joan Mitchell, Karel Appel, Kandinsky le Père



Asger Jorn   Mine de rien






                                     la famille Cutchetrapido (traduction pour les non-initiés : règle (s) et plume tubulaire, matériel pour dessinateurs d'architecture ) le Père Mondrian, évidemment, ou peut-être Malevitch, les théoriciens, ceux qui ne  débordent jamais, les propres, aussi Delaunay, Vasarely




Piet Mondrian   Composition avec jaune et bleu  1932



                                      la famille Bri(colleurs), c'est le contraire, ceux-là le pinceau de colle à la main font feu de tout poil et de tout sable et de tout ce qu'on veut, La matière, volà ce qui les excite, Tapies, Rauschenberg, Dubuffet (bien qu'il ne soit pas vraiment abstrait )




Antoni Tapies


                                     la famille Jememarre qui fait rien qu'à inventer des trucs rigolos, 
le premier c'est Miro, leurs oeuvres sont ludiques et leurs couleurs vives et souvent primaires, de nos jours il y en a plein, Jeff Koon, le japonais-de-Versailles dont je ne me rappelle jamais le nom qui fait des petites fleurs ( Murakami ) etc...



Juan Miro   Redtree times



                                     la famille Durouleau qui fait juste rien !!... monochromes, coup de (gros) pinceau ( un seul par toile, deux à la rigueur) coup de cutter..Klein, Fontana, Soulages, leur descendance est innombrable. J' aurais pu mettre aussi Rothko, ( pour l'économie du dessin ) mais je lui trouve une dimension poétique qui l'apparente plus à la famille Danslalune...



Mark Rothko



                              
                                et enfin le famille Auhasard, dont la figure tutélaire est Pollock, 
très, très dur à copier ( essayez donc ! je pense que c'est quasiment impossible ) mais ce n'est pas parce qu'un génie a inventé un truc technique  ( et puis je pense qu'il y a une part de hasard chez TOUS les grands peintres,  " croiser le regard de Dieu" comme dans la chanson (" Cézanne peint " M.Berger ) qu'il faut nous saouler avec des kilomêtres de dégoulinades et autres taches et crachotis et mélanges de couleurs dégoûtants.




Jackson Pollock



 Bon, j'sais pas vous, mais moi, je me suis bien amusée !




mercredi 6 février 2013

Mauritshuis, Gemeente et Boijmans van Beuningen






La leçon d'anatomie du Dr Tulp      Rembrandt 1632


A la recherche du petit pan de mur jaune...


Troisième jour, vaste programme : La Haye et Rotterdam. C'est faisable car les trains sont nombreux et pratiques, mais tout de même " lourd" ...
Donc, nous ne verrons pas le Mauritshuis, en travaux, mais l'affreux (et immense ) Gemeente au plus pur style "Piscine Molitor ". Les "highlights" du M sont hébergés dans une multitude de petites salles , une grande pour le boeuf de P.Potter et la leçon d'anatomie du Dr Tulp de Rembrandt.
Il est intéressant de comtempler côte à côte ce magnifique témoignage du génie de Rembrandt, ( très jeune, alors) et ce boeuf qui brille surtout par ses dimensions (déjà, à cette époque, on est épaté par les grands formats)



Le boeuf     Paulus Potter 1647





Bon, mais il est OU, ce fameux petit pan de mur jaune ? se demande-t"on pendant un quart d'heure, plantés devant la vue de Delft . On finit par décider que le cher Marcel s'est trompé, et que son mur, c'est un toit à droite. De retour à Paris, en relisant le texte, je verrai que 1) c'est un "tout petit" pan de mur jaune et que 2) Bergotte se répète : petit pan de mur jaune " avec un auvent "...
Il faut que je retourne à La Haye...Finalement ce doit être le petit morceau en demi-lune derrière le pont basculant (qui ressemble à un auvent) à l'extrême droite.


Vue de Delft       Johannes Vermeer 1660/61 




                                                 Avec ou sans Proust, il se dégage de ce tableau une indéniable magie,  je ne sais pas d'où ça vient, l'eau calme, l'ombre fraîche, les nuages qui sont l'habituel ciel des Pays-Bas,
 et ce génial coup de soleil  ( jaune ! ) qui éclaire la ville...C'est aussi cet effet  de lumière que recherche souvent Jacob van Ruisdael, mais il y a plus de vent dans son tableau, celui de Vermeer a l'immobilité et le silence de l'éternité .


Vue de Haarlem avec étendages    Jacob van Ruisdael 1670/75

Il n'y a que des merveilles dans ce musée, et aussi des curiosités ;  mon oeil est attiré par ce tableau:




vieille femme et garçon à la chandelle PP Rubens 1616


                                      Mais non, ce n'est pas Georges de la Tour, c'est Rubens !


 Et une fois terminé les "highlights" du Mauritshuis, il y a encore le musée Gemeente, Je note au passage un joli Van Gogh, "le jardin à Arles", un superbe Kandinsky de la bonne époque ( celle que j'aime...!!!) et naturellement, des kilomètres de salles de superbes et innovantes ( et encombrantes) créations plus ou moins  contemporaines. Il y a aussi plusieurs expos qui semblent magnifiques, mais nous sommes déjà épuisés et il reste Rotterdam...

        Avant de partir un petit tour dans le paysage hollandais "typique", pour le plaisir :


J.H.Weissenbruch 1887
Jacob Maris  1878
Willem Maris

  













Chez les Maris c'est comme chez Ruisdael, il y a Jacob...et...Willem ! Je renonce à mettre les titres des oeuvres, en hollandais sur les cartes, au secours !





Piet Mondriaan  1906





















Rotterdam : le musée Boijmans van Beuningen 



Dès l'entrée, on s'interroge : les vêtements qui pendent du plafond, est-ce le vestiaire ou une oeuvre ?
Je ne saurai pas, je garde mon manteau, et attaque décidée  (..euh, je commence à faiblir )
les  "collections anciennes"  ( plus le temps, ni le courage, pour les modernes)   car c'est encore un immense dédale, ( un plan genre Louvre, on prend la porte à droite ou à gauche, ah non, celle-là, déjà vue, ehh! on n'y a pas été, là, j'aurais jamais dû mettre ces chaussures-là ) 
               Soyons bref : pour ce musée, il faut au moins trois jours...Au hasard des salles, Jérôme Bosch, huuum !,  St Jérôme de Van Dyck, aaah !, une belle de Rubens,  et un somptueux paysage "la charrette", à propos de paysage, Théodore Rousseau, Jongkind et...Van Gogh, si, si (le charme triste de son "allée de peupliers à Nuenen"), un Titus de Rembrandt, et, oh! tiens, mon pote Paudiss (qui est classé dans les "élèves de Rembrandt ", tout s'explique ) ( et je comprends à présent, mais j'avais oublié, pourquoi j'ai découvert la première de ses natures mortes à Dijon, expo "Rembrandt et son école")



                             
 Nature morte avec bière, hareng et pipe   Christopher Paudiss  1660


                La modernité de sa facture m'étonnera toujours, la subtilité de ses harmonies, moins,
                                              il a eu un bon maître !!




Le champ de blé    Jacob van Ruisdael

Bien sûr, j'ai rendez-vous avec Ruisdael au détour d'une petite salle. La sublime composition asymétrique du "champ de blé" m'enchante. Prenez un peu de recul, clignez des yeux : vous avez là un magnifique tableau abstrait, parfaitement équilibré.

Et pour terminer, si vous n'êtes pas trop épuisés,  notre jeu : Pieter Claesz ou Willem Heda ? :














               solution dans notre prochain numéro !!