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dimanche 16 octobre 2016

On est jamais déçu ...

Fantin-Latour 1866   La table garnie (détail)  Musée C. Gulbenkian  Lisbonne          photo Solvej

" A fleur de peau "      Exposition Fantin-Latour au Musée du Luxembourg



...que par les gens qu'on aime ( bis ! ) ( voir "Premier amour"). Je me rends compte à quel point il est important, indispensable, dans ce monde gavé de belles images sur écran, d'aller voir les oeuvres en vrai. Avant de partir, j'ai dit à mon mari " Fantin-Latour est insurpassable sur les fleurs, personne ne fait cela mieux que lui". Et bien, c'est faux ! C'est une idée que j'avais en collectionnant sur Internet les reproductions, toutes plus belles les unes que les autres, de ses oeuvres....
Je ne les avais pas regardées, à Orsay, par exemple, depuis quelques lustres. Il me semblait que la nature était magnifiquement rendue, la fragilité des pétales, les tiges ployées, les différentes textures,
Que nenni ! Tout cela est minutieux, élégant, apprêté, on sent le bouquet décoratif " à la hollandaise ".
Mais la vraie fleur qui vit, qui embaume et qui fane, je la cherche.
Quant aux cerises, c'est simple, on dirait qu'elles sont fausses. Il n'y a guère que les roses pour me bluffer un tantinet.


Fantin-Latour 1889  Les roses ( détail )         Musée des Beaux-Arts de Lyon      
 photo Solvej



Et encore, je suis bien plus sensible au superbe pichet de verre bleuté...



En fait, ce Fantin là, son grand truc, c'est tout ce qui est objet, oui, là, je leur trouve une âme, à ces objets inanimés. Un sucrier craquant...


Fantin-Latour 1866   Fleurs d'été et fruits ( détail)    Toledo  
photo Solvej


 Tiens, ce compotier me rappelle quelque chose...



Fantin-Latour 1872 Nature morte à l'aubépine et bol japonais
( détail)  Dallas       photo Solvej

Solvej Melon et un compotier de cerises
 Pastel 48x36 /2001
 


 ...mais on ne va pas faire un concours ( je perdrais, à coup sûr ! ) . Finalement, je crois qu'il est meilleur sur les fruits. Mais enfin, que tout cela est propre, léché, on voudrait un petit coup de vent...ou du moins, une sensualité comme les fruits de Chardin. On sent trop la technique ( parfaite), le système, le beau fond gris chic, bref, on s'ennuie un peu.

Et alors, il y a aussi ses portraits. Et là, quand on voit sa famille, on comprend un peu mieux. Ouh là là, pauvre Mme Fantin-Latour, Victoria Dubourg, artiste elle aussi ( Vic, tu ne savais pas qu'il ne faut JAMAIS épouser un collègue ? ) comme elle a l'air malheureuse...


Victoria Dubourg  Fleurs     Musée de l'art occidental Tokyo

Elle a pourtant un beau talent, elle aussi



Fantin-Latour La lecture 1870     Musée C. Gulbenkian Lisbonne


Mais il faut dire   qu'il y a la jolie Charlotte, sa soeur...tiens, tiens, un début d'explication ? C'est la seule femme que Fantin peint en la rendant séduisante, oh combien.



Fantin-Latour 1882    Charlotte Dubourg       Orsay


Ah, le moralisme de la fin du 19 ème siècle...

Les grands portraits de groupes, musiciens, peintres, VIP de l'époque, on les connait par coeur, collages plus ou moins réussis, mention spéciale pour son ami Manet, très très bien, et le charmant et hyper-connu Rimbaud,  mais enfin, tous ces messieurs si sérieux, si respectables, ça sent un peu la naphtaline. Sur ses autoportraits, Fantin se lâche enfin : c'est un merveilleux dessinateur et là, on le découvre complètement. Je les aime tous, mention spéciale pour ce dessin :


Fantin-Latour 1861   Portrait de Fantin        photo Solvej

Fantin-Latour 1883     Autoportrait        photo Solvej


...et ce regard pénétrant et inquiet de la maturité. Je passe sur la dernière partie de l'expo, des nymphes à la Bouguereau, d'après photo ( et oui, il collectionnait les "nus artistiques" ..!! ) et des illustrations de Walkyries et autres Wagnereries.

Conclusion : non, Fantin-Latour n'est pas l'empereur de la fleur, s'il faut une hiérarchie, je mettrais devant  Manet, Courbet, Delacroix... et bien d'autres !


Courbet 1862   Le treillis ou jeune femme aux fleurs    Toledo

Delacroix   Vase de fleurs      Belvédère Vienne

Manet 1882      Roses dans un vase en verre


























dimanche 6 décembre 2015

Chez Arthur et Hedy, cette fois...

Henri Manguin         La sieste ou Le rocking-chair, Jeanne   1905

Exposition  " Villa Flora , les temps Enchantés "     Musée Marmottan-Monet






  Voilà une exposition un peu sur le même thème que la précédente, c'est-à dire la collection particulière, celle de Arthur et Hedy Hahnloser, de riches suisses qui ont rempli leur belle Villa Flora  à Winterthur d'oeuvres contemporaines, et se sont fait tirer le portrait par la fine fleur des pinceaux de l'époque, des mécènes, en somme. Mais les oeuvres sont présentées " en exposition", et pas en "reconstitution d'ambiance", comme chez St Laurent, et ça change tout...En plus, on commence par des artistes pour lesquels je n'ai pas une grande passion, Hodler, Valloton et Bonnard. Et je ne parle même pas de Giacometti ( le papa d'Alberto  et Diego ) qui me l'effet d'un barbouilleur de seconde zone...

Une mention tout de même, deux petits Valloton, à peu près sur le même sujet, qui me réconcilient un peu avec lui. Cela dit, je ne nie pas son remarquable sens de la composition, ainsi que son dessin soigné, c'est juste que je trouve sa peinture glaçante, et plus apparentée à l'art graphique.


Felix Valloton     Bois de Boulogne  1904

Felix Valloton     Lac St James   1918
















                      Un peu de bonheur, après Bonnard, avec Vuillard...La grande différence réside principalement dans la fermeté du dessin de ce dernier, chose qui fait cruellement défaut au premier, mais je ne vais pas ENCORE taper sur Bonnard !


Edouard Vuillard      Le vase bleu   ca 1932







Non, je me paierais bien Odilon Redon, dont les couleurs sont si photogéniques, et font la joie des internautes, alors qu' "en vrai"...  beurkh, il me semble revoir les compositions grandioses que je faisais pleine d'ambitions, à 12 ans et demi !
Arthur et Hedy ont aussi investi dans Van Gogh, un champ de blés à la fascinante composition horizontale, mais traité à grandes touches épaisses et vulgaires de peinture sortie du tube, dans Matisse, bon, bref, on n'a pas du tout les mêmes goûts !! Je n'ose imaginer ce qu'ils auraient acheté de nos jours, mais bon, pas de mauvais procès. Juste à la fin, il y a deux magnifiques Manguin, dont les couleurs me ravissent, celui d'en haut, et celui là :



Henri Manguin     Aloès à Cassis  1912










Et puis, ils ont eu un remord : je crois avoir lu que c'était leur dernier achat ( ?), et rien que pour celui-là,  ( leur seul point commun avec Yves )  je leur pardonne tout le reste !





Edouard Manet       Amazone 1882






dimanche 29 novembre 2015

Déco... chez Jacques et Yves

Exposition " Vivre pour l'Art "    Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent





Photo Luc Castel



Ce matin je décide de changer la déco de mon salon, je cherche des associations peinture -objets...au fond, exactement le thème de cette superbe exposition. C'est un véritable plaisir que d'admirer des associations aussi subtiles, et je le dis avec d'autant plus de force que chez Doucet, le style est nettement art-déco et ce n'est pas, loin de là, ma période préférée...mais je dois dire que les quelques meubles exposés sont d'une qualité absolument remarquable. Et je suis carrément enthousiaste devant le cadre signé Eileen Gray du merveilleux Manet, malheureusement devant, il y a aussi un cerbère impressionnant et il est interdit de photographier. Donc, vous n'aurez que le tableau, ( qui est à Orsay, maintenant, avec le cadre ? je ne sais pas ) sans le cadre :




Edouard Manet          Sur la plage 1873



Dans la première pièce un superbe Picasso cubiste dans une harmonie terre de Sienne est en majesté, entouré d'objets et de meubles parfaitement coordonnés. Dans la seconde pièce, en face de Manet, un Picabia aux tonalités sourdes ( avec un rappel du bleu de la mer ) et cela va tellement bien que moi qui ne suis pas fan de Picabia, j'adore.


Dans la troisième pièce, ( photo en haut ) il y a ce magnifique Modigliani qui me console de tous les " à la manière de " qui fleurissent sur l'Internet. Evidemment les sièges ne sont peut-être pas du dernier confortable ...!! mais le galuchat turquoise qui garnit le tabouret "africain" est une merveille.





Pablo Picasso         Instruments de musique sur un guéridon  1914/15



Chez Yves, ce n'est pas le même style...mais la même exacte attention aux échos entre les tableaux et les objets, j'imagine que la place de ceux-ci était calculée au mm près...comme chez moi ! Le petit éclat ivoire de la statuette sur la console noire devant le superbe Picasso, (dont le rose répond à celui du portrait d'YSL par Warhol, apparenté aussi à la ceinture de Goya )   ( mais moi je l'aurais décentrée )   ( j'avais envie de le faire...hé hé, je n'ai pas osé ! )   les moutons Lalanne en promenade sur un tapis magnifique ( humm...ils sont un peu défraîchis, je trouve, les bestiaux )  Goya et Andy Warhol, tout le monde cohabite dans la plus grande ( et subtile ) harmonie. Il y a même un genre de flamant rose ! ( chez le douanier Rousseau )


Au passage, je suis un peu déçue par le Goya, il a été bien ( !! mal) restauré. Dommage.




Goya   Portrait de Don Luis Maria de Cistue y Martinez 1781



Je passe sur un horrible Bernard Buffet ( la seule note discordante, à mon avis ...mais...quoique ? ) 

...je vais vite rentrer "oeuvrer " chez moi, pleine d'idées, et convaincue du bien-fondé artistique du mariage pour tous, association de talents qui se répondent, se complètent, en somme de " l'installation ", car on peut sans nul doute appeler cette démarche ainsi. 


Pour moi qui ai toujours pensé que le cadre était d'une grande importance, et aussi l'environnement, bien sûr, cette exposition délectable en est la parfaite démonstration.



samedi 30 mars 2013

Picasso over all




Le bar des Folies-Bergère        Edouard Manet  1881-82



Courtauld Gallery


Je n'étais jamais allée au Courtauld Institute, et pourtant j'avais le sentiment d'avoir visité ( en plusieurs voyages et différentes époques ) tous les musées de Londres, mais peut-être ai-je oublié...et puis, aux temps lointains du swinging London, si j'allais tout de même déjà dans les musées, je fréquentais surtout  mon adoré magasin "Biba" ( aaaaaahh ! celles qui ont connu cela me comprendront ) et Carnaby Street..Donc, c'est une découverte et un endroit tout à fait exquis, superbe cour intérieure ( et il y a même un rayon de soleil) (si, si ) splendide collection..et magnifique expo. Quelques tableaux anciens pour commencer, mais justement je commence à m'énerver ( voir mon récit "National Gallery") car je les trouve un peu bizarres...


Judith avec la tête d'Holopherne      Titien



...déjà, j'ai du mal à reconnaître mon bien-aimé Titien, encore celui-là, à la rigueur, mais il y a un "Andromède " affreux..( Pardon, mille pardons, Andromède est à la Wallace collection ! Et je ne me souviens plus de celui que j'ai trouvé "affreux". Honte...) et quelques Rubens étonnamment "léchés"...bizarre, oui, j'ai dit "bizarre"


Don Francisco de Saavedra    Goya  1778


En revanche, le superbe portrait de Goya, immédiatement repéré dans l'encadrement  d'une double porte, me comble. Il y a aussi une très belle collection d'impressionnistes, cocorico, et puis " le bar des Folies-Bergère " de Manet (voir en haut de la page) qui a lui seul vaut le voyage. En plus, devant ce tableau-là, on peut rester une heure et discuter à l'infini, ce que je ne me prive pas de faire avec mon amie anglaise. Les "explications officielles" ( à lire à côté du tableau) mettent longuement l'accent sur le reflet dans le miroir de la serveuse...mais je ne peux m'empêcher de trouver...encore un truc bizarre?( Décidément...) Le soi-disant reflet me semble penché en avant, vers son interlocuteur, alors que la jeune femme qui rêvasse face à nous est bien droite, sanglée dans son corset...et pourquoi n'y aurait-il pas deux serveuses, aux Folies-Bergère ? Et...la bouteille de bière à gauche n'est pas vraiment placée au même endroit dans le reflet, et, et, vous avez vu en haut à gauche les deux petits pieds verts ?
           Bref, c'est un régal et j'ignorais jusque là ( et oui! ) que ce célèbre chef-d'oeuvre était ici, à London.

      Au dernier étage, quelques beaux tableaux "XXème siècle " et l'exposition "Becoming Picasso", qui présente des oeuvres de ses débuts à Paris. Ce Picasso, c'est vraiment LE grand génie du siècle dernier, quelle force, quelle maîtrise, quelle émotion, enfin...quelle peinture !



Yo, Picasso      Pablo Picasso  1901



Oui, il peut fièrement intituler cet autoportrait de 1901 " Yo, Picasso ". Il se savait génial, et il l'était. Il maîtrisait totalement tout ce qui compte réellement dans la peinture, le dessin, la couleur, la composition, et en plus, comme dit le sage chinois ( lequel ? je ne sais plus..!!!) "ce qui ne peut pas s'apprendre " . Des valeurs qui par les temps qui courent semblent un tantinet obsolètes, et c'est bien dommage, mais bon. Il y en a tout de même encore quelques uns qui résistent...à la mode, à l'argent, au concept-à-la-con, berf, au non- art...







La naine   Pablo Picasso  1901



On se régale de la superbe et hispanique gamme colorée de " la naine" à la composition asymétrique mais parfaitement en équilibre ( et le "rendu" des pointes de satin rose !), mais on peut aussi se souvenir que les grands maîtres espagnols, de Velasquez à Goya, sont des virtuoses du gris, et s'enchanter de cette magnifique "spanish woman" :




Femme espagnole     Pablo Picasso 1901

Enfin, on voit que le jeune Pablo, avant d'être le puissant centaure créatif ( il paraît qu'il disait "je ne cherche pas, je trouve "..est-ce-que c'est vrai ?)  qu'il allait devenir, savait rendre hommage à ses prédécesseurs, dans cet " enterrement ", non du Comte d'Orgaz, mais de son ami Casagemas ...


Evocation ( l'enterrement de Casagemas )  Pablo Picasso 1901