jeudi 26 décembre 2019

Greco mais pas trop ...

Exposition Greco   Grand  Palais 

 

 

 

L'ouverture du cinquième sceau   1608-14              MMA New-York

 

 

" Doménikos Theotokópoulos, dit Greco, est incontestablement l'un des talents les plus originaux de l'histoire de l'art. ", nous prévient d'emblée le dépliant fourni à l'entrée, même " le prophète de la modernité" , rien que cela. Voire...Si l'on considère que la modernité, c'est assembler des couleurs criardes, sérier et s'adonner au dessin mou et lâche, décaper les tableaux anciens pour ne laisser subsister la moindre trâce de glacis ( pour les modelés ) ( façon Chapelle Sixtine ), alors oui, Greco est un moderne. Mais il serait bien dommage d'oublier l'auteur du splendide portrait de Giulio Clovio de Napoli  Le premier Caravage, le premier ,  et en effet, après une petite salle d' " icônes" bafouillantes ( et invisibles, vu qu'elles sont minuscules et les troupeaux stagnent ) nous pouvons admirer une série de très beaux portraits ( notamment celui  de ..? )

                           damned, j'ai oublié mon I-pad ...heureusement, il y a Internet !


Portrait d'un homme          1570/75


mais en face, il y a le portrait archi-connu du pape avec ses lunettes...et sa belle robe rose framboise écrasée...aïe aïe, ça y est, je déteste.



Vue de l'exposition ( sans les foules !) @photo Didier Plowy


C'est bizarre, parce que je devrais ADORER cette touche "rapide", ce rendu très pictural ( il paraît que Picasso trouvait que Greco, " c'était plus de la peinture que Velasquez" ( c'est écrit), bon...désolée, Pablo, mais je ne suis pas d'accord ! ) et en vérité, ce sont ces aplats de couleurs gueulardes, primaires, bleu lapis, rose magenta, vert vif, jaune citron, même parfois un orange éclatant, qui me gênent principalement. Quand je pense qu'il a travaillé avec Titien...bizarre, bizarre.

                                                            J'ai dit bizarre.


De plus, les distorsions, allongements inconsidérés et autres fantaisies...


Ste Marie-Madeleine pénitente  1576-77       Budapest

Certes, le ciel est superbe, le rocher aussi, le sein est troublant, mais cette main gauche...et cette espèce de petit feuillage rabougri... de plus, je ne sais pas si c'est la restauration, mais la ligne blanche derrière le manteau, curieux...l'ensemble donne une impression de "collage"! (ah oui, moderne, j'oubliais )



St Pierre et St Paul 1600-05   Barcelone
                                

                                   Les mains gauches ( décidément ! ) des apôtres, le nuage...ni fait ni à faire.
                                   En revanche, les visages sont plutôt beaux.



Quant aux séries, alors là, champion !  Le jeu des sept erreurs...


L'Annonciation        1590-1603        
Musée Ōhara (Japon)

L'Annonciation 1600     Toledo MA (USA)


L'Annonciation  1600-05         MBA Budapest


La colombe, les lys, le vase, même les petits ciseaux, tout y est à chaque fois...

La dernière, c'est celle qui est présentée à Paris. Enfin, je trouve qu'il y a toujours cet effet de collage. Et puis, ça me tue ces types qui se copient eux-mêmes.

Bien sûr, les visages sont souvent émouvants, mais les yeux au ciel ( avec petit reflet blanc ) ça lasse.



St Pierre pénitent 1595-1600     Washington



Vous aurez compris que le Grec ne m'a pas transportée, contrairement à la plupart de ses contemporains que j'adore, et à la plupart de MES contemporains, car le public est très enthousiaste...
trop moderne, pour moi, sans doute. Et puis, le tableau que je préfère ( L'enterrement du comte d'Orgaz ) n'était pas là !


Tout  de même, je repêche celui-là, émouvant, sans excentricité, vert, oui, mais vert et brun, ça me va.



Saint Luc  ca 1605 Cathédrale de Tolède

vendredi 20 décembre 2019

Sept ans de réflexion...

...et réfléchir sans toi, c'est très dur. Nos échanges me manquent, nos discussions enflammées, car nous n'étions pas toujours d'accord, loin de là !, mais qui se terminaient toujours en éclats de rire.
Je pense à toi aujourd'hui, comme tous les 20 Décembre, comme chaque fois que je prends un crayon ou un pinceau, comme devant n'importe quoi d'un peu esthétique ( ou pas), comme tous les jours en somme.



                                        Ça, je suis sûre que ça t'aurait plu ! ( Munich, l'an dernier )



Pour le moment, chômage technique...pour cause de déménagement. Vis ma vie dans les montagnes de cartons. Quand j'en serai à trouver une place pour ton portrait, c'est que j'aurai bien avancé !



Evelyne Volpe ( moi seule t'appelais Eve) 1946-2012 Artiste, Docteur en Arts Plastiques ( et plastique !), Enseignante et chercheuse à l'Ecole Nationale Supérieure de Versailles

samedi 5 octobre 2019

Retour aux sources

Dans le fameux escalier, sujet du Diplôme en perspective...merci Mai 68 qui nous épargna ce travail inhumain dont rien que l'idée terrorisait l'artiste débutante que j'étais...

 

 Musée National Picasso

 

 

Oui, retour aux sources...me voici, quelques ( !! ) années après, gravissant le magnifique escalier qui menait à mon école, l'Ecole des Métiers d'Art, où je fis mes études ...et où je n'appris pas grand chose, il faut bien le dire, mais n'est-ce pas un peu le lot de toutes les écoles ( surtout artistiques ). Ce n'est  pas sans émotion, je l'avoue, que je retrouve le superbe lieu de ma superbe jeunesse !

Mais nous sommes ici pour Picasso, et pas pour rêvasser sur le temps  perdu, reprends-toi, Soso !
Dans les salles du rez-de chaussée et du premier, une grande exposition intitulée " Tableaux magiques" ...me laisse un peu de marbre, je dois dire, je ne vois pas où est la magie ( mais évidemment, je n'ai pas lu la notice, comme d'habitude ). On sait que j'aime pas qu'on m'explique les zoeuvres...Et d'ailleurs, Pablo, il aime pas expliquer non plus, la preuve :



Ca, c'est ben vrai.   Aussi je montre un tableau que perso, j'ai trouvé vraiment magique :


Femme endormie dans un fauteuil  1927 Yokohama Museum of Modern Art photo Solvej

 et surtout remarquablement expressif, on dirait moi quand je regarde la télé...Un autre qui m'a beaucoup plu, mais pardon, PP, j'ai regardé de près ( oui, j'avoue, je me suis demandé comment c'était fait )

Tête ( Figure) Cannes été 1927 AI Chicago photo Solvej

Tête ( Figure) Cannes été 1927  ( détail) AI Chicago
photo Solvej






































...des crachottis, des superpositions...wouah, quelle matière, et puis surtout quel trait, et les harmonies de gris espagnoles ( cf Goya, Velasquez ) bon , ça c'est magique ! Sinon, beaucoup de dessins, d'inspiration art africain ( pas trop mon truc )...
mais il y a encore deux étages !! Diable, de mon temps ça s'arrêtait au premier. Donc, nous gravissons. Niveau 2, " Diurnes" . Ah ...il y a des baigneuses ( d'ailleurs ce ne sont pas forcément celles de Picasso que je préfère ) ( je préfère Renoir ou Cézanne )  quoique celle-ci :



La nageuse 1929   photo Solvej

est tout de même formidablement expressive, on sent l'eau, le mouvement...il y a aussi des autoportraits, notamment les célèbres et très beaux de la période bleue et de  l'automne 1906



Autoportrait fin 1901

Autoportrait 1906
                    

                                        mais j'ai gardé pour la fin mon chouchou du jour :


Le jeune peintre Mougins Avril 1972  photo Solvej

 Quand on sait qu'il est mort juste un an après, le jeune peintre ...à 92 ans...



Pour le 3ème étage, " Intérieur nuit", j'en parlerai une autre fois, j'avais trop mal aux pieds...il faudra revenir !

mercredi 2 octobre 2019

Portes Ouvertes ...à travers les échafaudages !

Pas de panique...on peut tout de même passer !   photo Solvej

 

 

Portes Ouvertes des artistes du 16è    11,12,13 Octobre 2019

 

 

L'automne est revenu, et avec lui les traditionnelles " Portes Ouvertes " de l'excellente association Seiziem'Art dont je fais partie. Voilà une belle idée de promenade dans notre cher arrondissement, malheureusement truffé ( comme le reste de Paris, d'ailleurs ) de trous, barricades et travaux divers...Car vous pourrez visiter 23 lieux de création ( très ) différents, en vous concoctant un petit itinéraire artistique selon vos goûts ( téléchargez le plan ici : https://www.seiziemart.com/p/telechargement-du-plan-du-depliant-et.html  )

En ce qui me concerne, une fois que vous aurez franchi la redoutable forêt d'échafaudages qui encombre le jardin, vous pourrez réveiller la Belle au Bois Dormant qui vous attend impatiemment dans son atelier douillet, 6 avenue Marcel Doret, escalier 99,  2è étage !  ( interphone : Crevelier )

Bon courage, et à très bientôt j'espère !


Tous les renseignements sur la manifestation : https://www.seiziemart.com/


Vous serez bien accueillis !

dimanche 29 septembre 2019

Bacon en toutes couleurs

Exposition "Bacon en toutes lettres"     Centre Pompidou

 

 

Bacon , Triptyque ( détail)   1967 Smithsonian Institut Washington photo Solvej



                           De Bacon, j'aimais déjà le superbe " Van Gogh in a landscape " dans la collection permanente du Centre Pompidou, et j'avais été traumatisée par le triptyque de Munich ( le noir Manet et le rouge Bacon ) mais c'est à peu près tout ce que je connaissais du maître irlandais. Et bien c'est une découverte !

D'abord, allez-y, Bacon, c'est beaucoup mieux " en vrai", les reproductions ne rendent absolument pas la somptuosité de la matière picturale, et on ne voit que le sujet, qui peut paraître plombant, j'en conviens.      

Dans un petit film très intéressant que l'on peut voir à la fin de l'expo, Bacon explique ( avec un air réjoui ) qu'il est un peintre de la vie, et je suis bien d'accord avec lui. Oui, il peint sa vie, avec ses hauts et ses bas, et d'emblée, cette sincérité touche énormément. Mais surtout, avec quelle virtuosité, quelle flamme, chaque tableau est une plongée dans une matière admirable, un vrai bonheur. Alors, le sujet, me direz-vous ? Quel sujet ? A la limite, les titres sont totalement inutiles . Et la "relation avec des ouvrages poétiques, littéraires, philosophiques ", qu'est-ce qu'on s'en fout ! ( enfin, moi...) Mais bon, il faut justifier le titre de l'expo. ( et puis il y a plein de gens que ça intéresse, je les vois avec des écouteurs dans des petits cubes en bois, dont on a le plan, et les textes, dans le dépliant ) . Mais j'y reviendrai.


Pour le moment, je goûte la beauté de cette peinture, quel que soit le sujet :


Triptyque mai/juin 73 ( détail) Coll p
photo Solvej



Evidemment en me renseignant, j'apprends que l'amant du peintre est mort dans les toilettes de l'hôtel, mais est-ce que cela change quelque chose ?



 Etude pour autoportrait  1976 Sydney
photo Solvej





La composition, avec souvent des lignes droites, est toujours remarquable. Par exemple, dans le tableau ci-dessus, remarquez la position du bleu et du rouge, complètement équilibrés par le rectangle noir. ( et le rond blanc )

Et puis il y a toujours, dans tous ces tableaux, un petit détail épatant, comme une lueur d'espoir, sans doute, dans les périodes sombres, florilège perso :


Triptyque inspiré par l'Orestie d'Eschyle détail ) 1981 Oslo
photo Solvej

Peinture mars 85 ( détail)  Coll p photo Solvej

Eau s'écoulant d'un robinet ( détail) 1982 Coll p photo Solvej

Dune de sable ( détail) 1981 Coll p     photo Solvej







































































 Je reviens aux textes : finalement, je les ai lus, et je reconnais qu'ils sont pertinents, ( je ne suis pas certaine que j'aurais aimé les entendre dits dans le sombre, mais...chacun son truc ) mais s' ils apportent de la connaissance ( les sources d'inspiration du peintre, par exemple) de l'explication ( le visiteur contemporain veut à tous prix " comprendre"...il faut dire que souvent dans ce qu'il a à voir il n'y a que le pourquoi du comment qui puisse présenter un mg d'intérêt ) ils n'ajoutent rien à une oeuvre géniale, magnifique, dont la sensibilité est immédiatement perceptible, sans la moindre notice.

Allez-y dare dare !

A la fin, dans la petite vidéo dont j'ai déjà parlé, le journaliste dit à l'artiste : " Pourquoi, avec le talent que vous avez, ne peignez-vous pas des roses ? " ( je cite de mémoire, ce n' est peut-être pas formulé tout à fait comme ça )


Triptyque août 72( détail) Tate G photo Solvej


On peut retrouver Francis Bacon sur You Tube, en plus il parle très bien français, ça change des rappeurs ...

vendredi 20 septembre 2019

Méridiennes....farniente...vacances !!!

La donation Kronberger " Une invention du paysage azuréen au XIXème siècle "                Musée des Beaux-Arts de Nice  

 Collection Nahmad " De l'impressionnisme à Bonnard et Picasso"                                          Musée Bonnard   Le Cannet

 

 

Charles Camoin,   Terrasse à St Tropez      non daté                 photo Solvej


Rentrant de promenade niçoise, il me reste quelques forces pour mon "petit tour annuel" au Musée Chéret,  (qui recèle quelques trésors que l'on peut savourer en toute tranquillité, l'endroit étant depuis toujours boudé par le tourisme dit "de masse " ) surtout qu'il y a en ce moment une expo qui me tente bien sur le paysage au XIXème siècle.

Aussi je grimpe avec enthousiasme le magnifique escalier de marbre blanc, sous l'oeil sévère des grands anciens fresqués façon fin 19è-début 20è...
                    Cela commence très bien avec la ravissante " terrasse à St Tropez" de Charles Camoin, un merveilleux tableau qui résume bien l'été sur la Côte d'Azur...mais, damned !! V'la t-y pas qu'à Nice on donne dans l'expo chic façon Paris, avec grande scénographie, et tout et tout, et y z'on repeint les murs en jaune, reconstitué le café trucmuche, et tout ça pour quoi ? Pour une interminables collection de ...croutes, oui, désolée Mr Kronberger, nous n'avons pas tout à fait les mêmes goûts.


Chic accrochage...       photo Solvej




Je parcours tout cela au pas de course, il n'y a pas grand chose à sauver...heureusement, une fois sortie, le regard se nettoie avec bonheur



Hubert Robert, Les gorges d' Ollioules    1783
   photo Solvej


Voilà ce que j'appelle un paysage ! Il y aussi Narcisse Diaz, Courbet et Corot, mais "mon" Fragonard et "mon" petit Vernet sont en déplacement. Et toujours Van Dongen, l'exquise Marie Bashkirtseff et le père Chéret, tiens, son autoportrait n'est pas mal...



Jules Chéret, Autoportrait  1913
   photo Solvej

Bon, en plus, 10 €  pour ça...quand je pense que longtemps, cela a été gratuit...



En revanche, l'expo du Musée Bonnard au Cannet ( bien moins chère ) est beaucoup plus intéressante. Les amateurs de la gloire locale risquent d'être un tantinet frustrés, car il y a peu de Bonnard. Mais j'aime beaucoup ses vues de Paris, les quais, les boulevards, le climat parisien est si bien rendu...démonstration dans ces deux tableaux de 1904, proches mais différents :


Pierre Bonnard, Bd de Clichy et angle  rue de Douai 1904
   

Pierre Bonnard, Bd de Clichy 1904







Georges Braque, La caisse d'emballage  1947    photo Solvej

Le choix des oeuvres présentées est vraiment intéressant, d'autant que ce sont des tableaux que nous n'avons jamais vus. J'adore ce Braque, pour rester dans les gris... deux beaux Modigliani, quelques jolis Monet, Sisley, Picasso et Juan Gris, c'est un plaisir que ce petit musée ( et la vue du dernier étage est superbe) Mais en dehors du "maître des lieux", l'autre grand " local" c'est Renoir :
(https://solvejpeint.blogspot.com/2017/09/vacanceset-un-peu-de-travail.html )

dont tous les tableaux présentés sont enchanteurs. Je suis captivée par le rendu des   cheveux blonds de cette ravissante petite fille ( je le savais qu'il fallait mettre du vert ! )...

Oh! Pardon, c'est un garçon !

Renoir, Enfant assis en robe bleue 
portrait d'Edmond Renoir fils (détail) 1889  

Pierre Bonnard, Salle à manger au Cannet ( détail) 1932






















Je trouve le personnage ( femme? enfant,? je n'ose plus me prononcer ! ) de la "Salle à manger au Cannet " particulièrement réussi, pour une fois, par Bonnard, charmante expression rêveuse...



Federico Zandomeneghi, La corbeille de géraniums 1895/1901
   photo Solvej



Enfin, en parlant de charme, cette ombrelle rouge géranium est exquise, bien que l'on puisse légitimement se demander pourquoi la demoiselle relève sa jupe ...

En somme, une très belle exposition à ne pas rater si vous passez par les Alpes-Maritimes !






mardi 11 juin 2019

"Fête de la Musique..." Non, Fête de la peinture !

 

Exposition Seiziem'Art à la Mairie du 16è arrondissement Paris

 

Venez nombreux, on vous attend avec un cocktail ( et ils sont tops, les pince-fesses de la Mairie, je me souviens de celui de l'inauguration de l'Allée Maria Callas ) et en musique...euh, "électro-disco", bon, c'est la Fête de la Musique ( ! ) Vendredi soir à partir de 19h.

Mais vous pouvez aussi venir, au calme 😉, Samedi toute la journée .

                     Je vous attends avec bonheur, les collègues et mes derniers chefs-d'oeuvre  !!



Solvej, VTX 36, Arc-en-ciel 4/2019

Solvej, VTX 37, Comme une fumée...5/2019


vendredi 24 mai 2019

Cinq galeries rue Saint Claude


 

 
Claude Chaussard,     Lettre des anges du 160503

huile dépigmentée sur Drop Paper 2013

 

 

 

 

  Galerie Etc : Claude Chaussard,   Sometime Studio Galerie  : Lisa Raguère,     Galerie Speerstra   : Latlas,   Galerie Pop-up : Nathalie Du Merle,  Galerie Alain Gutharc : Kris Knight


 

Les gilets jaunes s'étant un peu calmés, nous pouvons, enfin ! aller voir la nouvelle galerie de notre ami M.B., la Galerie Etc :

 C'est un superbe endroit, idéalement situé dans une petite rue du Marais abondamment pourvue en lieux artistiques, quel dommage que ma peinture...ne soit pas son genre ! ( si seulement il pouvait faire un petit effort, comme Swann ...).

Bon, mais, soyons honnête, l' exposition en cours n'est pas vraiment mon genre non plus. J'avoue que le sens profond de la recherche artistique m'échappe un peu ( et ce ne sont pas les titres, pas indiqués dans la galerie, mais trouvés sur Internet, qui vont m'éclairer 😕 ). Certes, c'est beau, c'est propre, c'est bien fait, c'est même virtuose, mais cela ne me procure pas la moindre émotion.

Suffit-il d'être virtuose pour être peintre ?     
Rubens, Titien, Chardin



Claude Chaussard, 42 lignes ou Dédicace à Gutenberg   2010

Je suis parfaitement imperméable à la technique " craie à tracer". Ca me rappelle les chantiers et leurs traits de niveau...


Allons à côté :  Sometime Studio Galerie

La charmante artiste se donne un mal de chien pour expliquer le choix des matériaux, la signification de chaque petit détail, ah oui, je comprends mieux la présence intrigante de ces petits parachutes sur son autoportrait ( ressemblant, mais pas virtuose ). Ce sont de grands et violents coups de pinceaux, agrémentés de collages divers et variés, dans des couleurs plutôt sourdes.  Sa sincérité est évidente, mais très égocentrée.

Suffit-il de raconter sa vie pour être peintre ?
Goya, Rembrandt, Kiefer



Lisa Raguère,   Grand Autoportrait


Allons à côté : Speerstra Galerie

Encore un virtuose, mais cette fois c'est un " street artiste", et encore plus égocentré...puisque toutes ses toiles sont une déclinaison de son nom ( un tag, en somme ) et en noir et blanc exclusivement. Là, je n'ai carrément ( c'est le cas de le dire, il n'y a que des formats carrés) rien à dire, j'imagine juste l'artiste aux prises avec des kilomètres de masqueur adhésif ...à moins qu'il n'utilise des pochoirs, je ne sais pas, mais y a pas une bavure. Le dessin est parfait. C'est top tendance, et très décoratif dans un living bobo branché.

Suffit-il d'être dans l'air de son temps pour être peintre ?
Raphaël, Klimt, Fragonard


Latlas_art



Allons à côté : Pop-Up Galerie

A priori, ça me plaît plus...sauf que les reproductions sont mieux que les originaux !! En vrai ce sont des grands "gestes" plutôt maladroits, des harmonies de couleurs plus ou moins réussies, ( plutôt moins ) ça peut faire bien dans un living bling-bling classique.


Nathalie du Merle, Mini n°128  2019

Nathalie du Merle, Mini n°126    2019

Nathalie du Merle,   Chromatique n°120       2019


J'aime les couleurs de ce dernier aux réminiscences japonisantes   ( mais il est un peu grand ) ( et très cher).

Suffit-il d'être décoratif et de faire de belles couleurs pour être peintre ?
Monet, Twombly, Delacroix


Allons à côté ( c'est la dernière ) : Galerie Gutharc
 
Là, la couleur est très pastel, ce sont des portraits d'hommes ( exclusivement .. bon ! ), réalistes, quasiment photographiques, aux effets de lumière vraisemblablement copiés d'après photo, le trait est élégant, la polychromie raffinée, la couleur plutôt froide ne suscite pas toujours l'émotion ..et encore une fois, "ma vie, mon oeuvre " ...

Suffit-il d'être homosexuel et réaliste pour être peintre ?
Botticelli, Hockney, Caravage




Kris Knight,  Shimoda Hotel       2019


La réponse est dans la question : rien de tout cela ne suffit. Tous les Maîtres qui me sont venus à l'esprit en écrivant possédaient l' ENSEMBLE de tout ça,  la technique, indispensable,  la sincérité, évidente, ( et en parlant d'eux-mêmes, trouver l'universel, comme Proust en littérature, par exemple ),   le sens du beau, inné,   le concept, imposé ou choisi, mais perceptible sans explications, et, à l'exception notoire de Van Gogh, le seul,  la capacité à vivre de leur art dans leur temps.

Il semblerait que les artistes d'aujourd'hui aient beaucoup de mal à réunir toutes ces qualités dans une seule personne...