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vendredi 28 novembre 2025

King David

Autoportrait 1794

Exposition Jacques-Louis David         Louvre




Tiens, pour une fois pas de titre racoleur façon Libé, étonnant. Je suggère Le roi David, mais bon, ça risquerait de diviser, on ne sait jamais ! En tous cas voilà une très belle exposition, dans un espace conséquent ( forcément, il y a des formats assez imposants ) ( mais ils n'ont pas déplacé le couronnement de Napoléon, faut rien exagérer ) bien présentée, bien documentée, bref, tout pour plaire.

On a mis l'accent sur l'action politique de David, faite pour caresser le public contemporain dans le sens du poil. C'est longuement explicité sur les cartels, et ça me fait doucement rigoler de voir les braves gens s'extasier longuement devant ces péplums pompeux, qui moi, me rappellent douloureusement les nuits blanches passées à terminer les pannets sur les ordres grecs aux Métiers d'Art,  comment on en bavait sur les chapiteaux, les denticules, les tores et les méplats.

Tout ça pour dire que la première partie de l'expo , Serment des Horaces et autres grandeurs, ne m'a pas vraiment captée. Quoiqu'il soit indéniable que le bonhomme est un grand dessinateur :

  Les trois Horaces
 étude pour le serment des Horaces 1784
Musée Bonnat Helleu Bayonne 

mais justement sur ses dessins on voit partout le foutu quadrillage pour agrandir

  Esquisse pour Brutus et ses deux fils 1788/9
 NM Stockholm


et ses esquisses sont des illustrations coloriées, bien loin des formidables modelli de Rubens par exemple, entièrement dessinés au pinceau.

Et puis alors, il avait un sens inné de la multiplication des pains, 2 Napoléon, 3 Marat, on n'arrête pas de jouer aux sept erreurs avec lui. Ici il est amusant de noter la progression dans l'expression de la Belle Hélène ( qui était mariée à Ménélas, si je ne me trompe ," l'é-poux de la reine, pou de la reine 🎶 etc... ")

"Oui, mais tu sais je suis mariée"
  Les amours de Pâris et d'Hélène  ( détail) 1789  
Louvre

" Bon, après tout, il n'en saura rien"
 Les amours de Pâris et d'Hélène  ( détail) 1789  
Musée des Arts Décoratifs
























Mais revenons aux choses sérieuses, où il est quand même très très bon, c'est sur les portraits

  Portrait du médecin Alphonse Leroy 1783
Musée Fabre Montpellier
    


On voit dans ses autoportraits ( voir aussi en haut ) que le mec était du genre teigneux


  Portrait d'Anne Marie Louise
de Sorcy  1790  
Neue Pinakothek  Munich 


  Autoportrait  1791  
Musée des Offices  Florence


juste une petite digression pour vous montrer un portrait auquel j'ai un peu pensé en voyant celui-ci,tout aussi expressif, ressemblant certainement, mais.... ( mais tellement plus, mais je ne suis pas objective, on le sait, surtout sur Goya )

Goya 1800 Portrait de Maria
Teresa de Borbon y Vallabriga,
 comtesse de Chinchon   Prado
 



















 



Revenons à David. L'assassinat de Marat, j'avoue que ça en jette



  Marat assassiné, 13/7/93  1793
Musée Royal des BA Bruxelles
 

 Atelier  Marat assassiné, 13/7/93  1793/4
Château  de Versailles 

Atelier  Marat assassiné, 13/7/93  1793/4
Louvre 
























Surtout quand on  met les trois côte à côte, ils sont dans la même salle mais ils ne sont pas alignés, ici la photo permet de voir les trois versions ensemble. 

Naturellement la première version, celle du maestro, est la meilleure. Pourquoi ?
Déjà, si l'on regarde attentivement, les proportions sont mieux. Ensuite la blessure est plus sobre ( dans la version 3, ils se sont pris pour Caravage, il y a des ruisseaux de sang !)
Enfin, le couteau ensanglanté, par terre, désigné en quelque sorte par les deux plumes d'oie, comme des flèches.
C'est théâtral ( la fin du 2è acte de Tosca !) mais c'est quand même très fort.






Mais ce David il faut toujours qu'il refasse ...

  Portrait de l'empereur Napoléon 1er
 dans son cabinet de travail,
en tenue de colonel des grenadiers 1812 
NGA Washington

 Portrait de l'empereur Napoléon 1er
 dans son cabinet de travail,
en tenue de colonel des chasseurs à cheval
1812  Fontainebleau 
























est-ce de l'insatisfaction, du perfectionnisme ? ( ou tout bonnement des contingences matérielles, 😉certainement )

Surtout que quand il n'achève pas, comme dans le portrait de Bonaparte, c'est parfait .

 Portrait du Général Bonaparte
fragment inachevé  1797/8  Louvre

Encore que tout compte fait, je préfère celui de Gros qu'on a mis à côté !


Gros , Bonaparte au pont d'Arcole,
 le 17/11/96
esquisse 1796  Louvre

C'est donc une exposition très instructive, très bien documentée, très élégante ( et assez grande pour qu'on ait de l'espace ) mais somme toute assez ennuyeuse...

J'ai gardé pour la fin le portrait du pape, dont il était très content...
nous dit le cartel : "J'avoue que j'ai longtemps envié aux grands peintres qui m'ont précédé * des occasions que je ne croyais jamais rencontrer.  J'aurais peint un empereur et enfin un pape ."

 Portrait du pape Pie VII 1805
Louvre

                                                    ...à juste titre.


*Raphaël, Titien, Velasquez entre autres

Toutes les photos ©Solvej

vendredi 10 octobre 2025

Rêve ou cauchemar ?


 
Anonyme,  Jeune fille endormie ca 1620
 MFA Budapes
t


L'empire du sommeil    Musée Marmottan Monet 


Dangereux comme titre, pour une expo, il y a des mauvaises langues qui seraient tentées d'intituler leur compte-rendu " soporifique "...ce que je ne ferai pas. C'est une expo à thème, bon, pourquoi pas, en plus c'est plus facile à peindre un modèle qui dort au moins il ne bouge pas !

On est accueilli par la belle de l'affiche, que, vue de loin ( et à cause d'une vague ressemblance avec sa soeur Zélie ) j'avais pris pour un Courbet...euh...personne n'est parfait. Vue de près en effet c'est plus ancien, le musée de Budapest dit que c'est de Domenico Fetti mais des experts italiens l'attribuent à Sigismondo Coccapani, Marmottan qui n'a pas voulu se mouiller dit "anonyme". J'ai regardé mais franchement je ne sais pas. En tous cas c'est un bien beau tableau.

Carolus-Duran, L'homme endormi 1861
 PBA Lille

Là j'aurais pu dire Courbet aussi, d'ailleurs je pense qu'il s'est certainement inspiré de "l'homme blessé".

Une fois passé quelques jolies siestes et autres dodos,

Michael Ancher, La sieste  1890     AM Skagen
Garofalo, Le sommeil de l'enfant Jésus
1550 Louvre

on passe directement au sommeil éternel, j'avoue que je ne saisis pas trop le fil conducteur , surtout que la salle suivante est dévolue au sommeil.. érotique 🤪

Je suis très impressionnée par le beau et tragique portrait de sa bien-aimée agonisante :

Ferdinand Hodler, Valentine Godé-Darel malade
1914 KM Soleure

et toujours bouleversée par la pauvre Camille sur son lit de mort, j'ai toujours trouvé hallucinant que Monet ait trouvé l'envie de peindre dans ce moment là...(   Zola reprendra cet épisode dans l'oeuvre, où Lantier peint son enfant mort ) J'ai remarqué une chose :

 






                                                               il y a un coeur dans la signature 


Mais quittons les sombres rivages du Styx pour des contrées plus excitantes ( Eros et Thanatos ? ) La belle Vénus de Vouet, onirique et charnelle,  est bien tentante :

Atelier de SimonVouet, Vénus dormant
sur des nuages  ca 1635 MFA Budapest


Il y a un merveilleux dessin de Rembrandt mais Picasso n'est pas ridicule :

Rembrandt, Antiope et Jupiter en satyre
1659

Picasso, Faune dévoilant une dormeuse
 ( Jupiter et Antiope d'après Rembrandt )
1936

















 et pour finir de rêver :

Goya, El sueño  1790
NGI Dublin


Mais calmons nous, on passe aux cauchemars et autres insomnies ( trop de siestes coquines, c'est ça le fil conducteur ?)  Il y a un tableau croquignolet avec une somnambule sur une corniche, c'est sûr, ça va mal finir. Mais heureusement aussi deux merveilles :


Munch, Le noctambule
1924   MM Oslo

Courbet, La voyante ou la somnambule
1865   MBA Besançon






















et puis après, on passe au mobilier, chambre, lits, il y a même un bonnet de nuit, pourquoi pas une collection de pyjamas pendant qu'on y est 🥳   mais enfin c'est une occasion de se délecter de la splendide petite aquarelle de Delacroix

Delacroix, Un lit défait  1824    MED Paris


Pour finir, deux jolies chambres à coucher fin de siècle :

Zandomeneghi, Jeune fille endormie
1878 PP Florence 

Bastien-Lepage, La jeune femme endormie
1880  MJBL Montmédy


















et d'inévitables babioles contemporaines sans grand intérêt.

Bon, j'ai rien compris au "parcours muséal" comme on dit, mais l'ensemble n'est pas désagréable et pas     ( encore ) trop fréquenté, contrairement à Singer Sargent à Orsay que je voulais aller voir mais qui est complet tout le week-end.

Et puis j'ai aussi pu piquer ma petite crise ...

Lotto, Apollon endormi avec les Muses
 qui se dispersent et la Renommée qui s'enfuit 1532 MFA Budapest

Lorenzo Lotto repeint par des élèves de CM2  ( surtout l'arbre ! 😱) et Giovanni Bellini, mon Dieu, je vais pleurer. (où l'on voit qu' à Besançon on n'est pas meilleur qu'à Budapest ).

Giovanni Bellini, L'ivresse de Noé  1515 MBA Besançon

C'est quoi ce moignon en guise de bras, et le fils de droite qui a du mal à rentrer dans la composition, et la jambe du fils de gauche, et le bras droit du fils du centre, et l'emballage en carton qui est devant, et, et 😤🧨☠️😡🔫  il n'y a guère que les visages qui évoquent un peu le grand vénitien.



Pour se remettre on termine avec un petit tour dans le musée, saluer la belle Morisot, et, tiens, une collègue rouquine ! 

Anonyme,Portrait d'une femme peintre
élève de David XVIIIè s

Anonyme on a commencé, anonyme on termine

toutes les photos ©Solvej

vendredi 13 septembre 2024

On trouve tout à la Samaritaine


Largillierre, Portrait présumé de Madame la duchesse de Beaufort 1714





Musée Cognac-Jay     Exposition Luxe de poche , Collection permanente


Ah, sans aucun doute 😊, dans le temps, mais pas tous les précieux  objets rassemblés ici ! Ce ne sont que tabatières, flacons, boîtes à pilules et à messages, étuis aux formes extravagantes, et d'une ornementation, d'une richesse et d'un art incroyables, destinés à démontrer l' opulence de leur propriétaire ( à défaut d'être toujours fonctionnels ! ) . C'était quand même plus classe que d'exhiber le dernier I-Phone...🧐 

Etui à flacon en forme de
bouquet d'oeillets 1760

Ensemble d'étuis à messages 
en forme d'asperge 1770





             On passerait volontiers des heures à                                     admirer tout cela !







Mais comme l'on sait, c'est la peinture qui m'occupe en premier, et  grâce à la Samaritaine, les époux Cognac-Jay ont constitué une incroyable collection de chefs-d'oeuvre, essentiellement XVIII ème siècle, tous mes préférés sont là :

Greuze, Petit garçon au gilet rouge 1780 

Vigée Lebrun, Louise-Marie-Adélaïde
de Bourbon, duchesse d'Orléans 1789






















Fragonard, Portrait de jeune garçon 
avec un chapeau à plumes 1788






Quentin De La Tour,  Autoportrait
 au jabot de dentelle
 1750

















                                                 Et mon chéri Quentin...qui ridiculisa le pauvre Perroneau avec cet autoportrait.( il a l'air content de lui, d'ailleurs, le bougre ! ) 


Sans oublier bien sûr le sublime Largillierre ( en haut ).L'art du portrait atteint là des sommets difficilement égalables... 

Petite exception au XVIIIème siècle français, un bel arbre hollandais :


et aux portraits, une minuscule nature morte  et un intérieur intrigant :

Chardin, Nature morte au chaudron
 de cuivre
 1735

Hubert Robert, Vue de la cellule du baron
 de Besenval à la prison du Châtelet
 1790


Hubert Robert est toujours un artiste d'une étonnante singularité :

Hubert Robert, L'accident ( détail) 1790/1804

Je reste fascinée par ce moment effrayant, qui me fait penser que la vie n'était pas toujours idyllique au siècle des Lumières !  ...et me rappelle un Goya du Prado :

Goya, El albañil herido
1787 Prado
C'était " après " !!




Décidément, le quartier du Marais abrite des musées exceptionnels, en plus de celui-ci, le Musée de la Chasse & de la Nature , le Musée Picasso,  le Musée Carnavalet, et aussi un exquis fournisseur de dîners tous prêts pour visiteurs fatigués après expo :  la pâtisserie Pain de sucre rue Rambuteau 😋

 

 



  
 
 



mercredi 24 janvier 2024

Je reprendrai bien un peu de Goya

A l'angle du Paseo de la Florida et de la calle Mozart,
il y a un club de skate



Madrid du 1 au 7 Janvier 2024                  Jeudi : Ermita de San Antonio de la Florida     Galería de                                            las Colecciones Reales  

                                                                                                    



 C'est au bout d'une très longue avenue bordée d'immeubles banals que se cache le charmant Ermitage de San Antonio de la Florida, précédé d'une fresque Street art qui nous conforte dans l'idée que nous sommes dans la bonne direction !  Cette petite église un peu éloignée du centre touristique abrite le tombeau du maître et un ensemble de fresques que je ne manquerais pour rien au monde.

Et en effet, je ne pensais pas pouvoir encore ajouter à l'enchantement d'hier, mais si !


Vue d'ensemble des fresques depuis le côté gauche                         Goya 1798



Merci @Culturez-vous

Cette coupole centrale, qui forme comme un balcon où le miracle se produit, avec des gens qui le regardent, et d'autres qui nous regardent, grande idée ! ( peut-être inspirée par des italiens genre Piazzetta/Tiepolo ?) Et tout cela soutenu par les anges ravissants qui sont en-dessous. Merveille.

On ne peut pas prendre de photos, aussi j'ai dû piocher sur Internet ces documents qui sont bien loin de rendre justice à la splendeur de cette petite chapelle ! On resterait là des heures, à découvrir chaque exquis détail :

Détail coupole

Détail coupole

Détail coupole

C'est vraiment le bonheur ...Après cela, c'est sur un nuage que nous nous dirigeons vers le Palais Royal, prochaine étape, qui n'est pas si loin. Que je crois. Mais j'ai l'impression que je n'ai pas vraiment pris l'échelle de Madrid, cette belle et grande, très grande, ville ...et assez en pente ! Et quand enfin ( aïe nos pieds ) nous atteignons ce magnifique édifice, on redescend dare-dare de notre nuage en voyant la queue des gens qui ont un billet ( pas nous ) et celle de ceux qui n'en ont pas :

Le Palacio Real
depuis les jardins Sabatini

La queue...en fond la Cathédrale de la Almudena

















Donc, on oublie. Mais après la cathédrale, il y a le Musée des Collections Royales et là, il fait chaud et il n'y a personne ( et c'est gratuit pour les seniors, mais attention, on me demande ma carte d'identité : quels flatteurs, ces espagnols ! ) Et comme souvent, à quelque chose malheur est bon, parce que ce Musée est remarquable, d'une richesse hallucinante, et une fois de plus, on pourrait y passer trois jours!


Juan de Flandes, Polyptique
 d'Isabel la Catholique 1496/1504


On commence par l'étage " Austrias ", et ce délicieux " Polyptyque d'Isabel la Catholique ",  ( mais à cette allure là on n'arrivera jamais au bout ). Il y a pléthore d'objets d'art admirables , de tapisseries, de meubles, de carrosses,  et on retrouve nos chéris d'hier :

Dürer, 1503 Iris


Titien, Christ crucifié 1565





















Je ne sais plus si c'était à cet étage, peut-être plutôt à l'étage "Borbones " , mais cette superbe tapisserie, d'après un carton de qui ?

Tapisserie d'après Rubens

De Rubens, bien sûr. J'aurais pu photographier l'ensemble du musée, mais il faut bien se limiter, aussi :

Vitrine avec Vierge de la
Conception XVIIIè siècle

Nécessaire d'église en corail Sicile XVIIIè siècle




















Deux favoris. 

Et encore des chefs-d'oeuvre, un superbe accrochage de ces trois là qui vont très bien ensemble :

Caravage, Salomé avec la tête
de Jean Baptiste 1607

Ribera,St François
dans le roncier 1632

Seghers  Herodiade et Salomé
avec la tête de Jean Baptiste 1630 













C'est fou à quel point le rouge circule bien entre ces trois tableaux 
( qui sont alignés dans le musée, mais désolée, Blogspot ne veut pas ) ( les aligner )

En face un cheval énigmatique, qui attend son cavalier depuis plusieurs siècles :



Velázquez, Cheval blanc  1638

                                Très bel effet de le présenter ainsi, au milieu ( comme un certain Caravage à Syracuse )  et pas contre un mur.
 

Et enfin voici les tapisseries exécutées d'après les cartons de Goya qui nous ont éblouis hier au Prado :


La gallina ciega
  
El pelele





















Ravissant et très intéressant à observer de près, le travail des artisans est extraordinaire. Mais observer de près, pour comprendre vraiment un artiste, n'est-ce pas toujours indispensable ?

 


Goya, Charles IV en uniforme de
colonel de la Guarde Royale( dét)  

Goya, La reine Marie-Louise de Parme en
robe de cour ( détail) 1800






Voilà pourquoi j'aime tellement Goya ...