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dimanche 15 mai 2016

La nouvelle icône et le discret






Marquet   Persienne verte, vers 1945/46

Paula Modersohn-Becker " L'intensité d'un regard "  et  Albert Marquet  " Peintre du temps suspendu "                             

Musée d'Art Moderne  





Mourir à 31 ans, en disant " dommage ", ça c'est ce qui s'appelle réussir sa sortie ! Encore plus fort qu'Egon ...Il faut impérativement commencer cette visite ( billet groupé ) par Paula MB, parce qu'à mon avis, si vous faîtes le contraire, je doute que vous puissiez trouver un intérêt quelconque aux oeuvres de la dame...Alors, oui, elle a un certain style, une indubitable originalité, c'est une exposition d'une grande cohérence, très très chic, mais bon sang, tout ça pour ça !
Des kilomètres de portraits figés, statiques au possible, aux regards  totalement vides...Inspiration haute renaissance, couleurs fadasses ( c'est de la détrempe, sans doute la raison ) je suis désolée, mais je n'appelle pas cela de la grande peinture.




Jeune fille tenant des fleurs jaunes dans un verre bleu 1902  Bremen

Jeune fille avec couronne de fleurs 1902/3























J'appellerais même certaines de ces peinturettes des croûtes, tiens, j'ai envie de dire " je faisais pareil à 12 ans, avec ma première boîte d'huiles ".



Troncs de bouleaux devant une ferme rouge 1901


Et je ne dirai rien sur les natures mortes ! ( définitivement ) ( mortes )




Nature morte au bocal de poissons rouges 1906



Quand je pense au poisson rouge du père Matisse !! ( et pourtant, ce n'est pas mon préféré )...

Mais bien sûr, une femme, inconnue ( de nous, car ce n'est pas le cas dans son pays natal ) ( l'Allemagne ) et avec une fin si tragique, j'imagine que c'est vachement " vendeur " .  ( ça l'est, il y  foule ).( et 50 cartes postales dans la librairie, 3 pour Marquet )

Bon, allez, je "sauve " ce petit-là, qui me plaît bien :


Jeune fille nue avec pomme 1906



Alors, après cela, Marquet ? Ah, nous en France, on est champions du " nul n'est prophète en son pays ". Mais comment, comment ce peintre merveilleux n'est-il pas plus encensé, plus connu que Matisse, Van Gogh, Bonnard etc...Il est tellement juste, tellement vrai, peut-être trop discret, trop bêtement conventionnel, il peint ce qu'il voit, c'est tout...Ben oui, c'est tout.

Et foin de platitudes, regardez...admirez ...quel bonheur !






Le Pont-Neuf la nuit 1935/39


Maequet, c'est le peintre des ports et de la mer. Quelle remarquable justesse dans les atmosphères, le nord, sa lumière si particulière, la  Normandie, le nord mais moins, le sud
... subtil !  C'est exactement le contraire de la peinture pensée de Paula MB, il y a de l'air, du vent, de la vie, du ressenti.



Port de Hambourg ( Le remorqueur à Hambourg, soleil d'hiver ) 1909

Le bassin du Roy, Le Havre 1906
Port de Marseille, 1916



Et l'île aux cygnes, ( pas celle de Paris), et toutes les vues de Notre-Dame, et Alger et le Pyla, enfin c'est un véritable enchantement. Pour ma collection personnelle, en plus de l'exquise fenêtre aux volets verts ( en haut) je prendrais bien les vues de Naples, coup de coeur oblige.Remarquez au passage combien les gestes des " grouillots" sont parfaitement étudiés, avec quelle économie de moyens ( quand je pense aux " petits bonshommes " de  Van Gogh...basiques, mal dessinés, quelle différence )




La baie de Naples, le Vésuve dans la brume 1908

Le port de Naples 1908

Le Vésuve le matin 1909


Naples, le voilier 1909

La baie de Naples 1909


Sans plus de commentaire....juste une petite citation :


"Marquet parlait peu. (...) Il va à la fenêtre. Il regarde. Demain il peindra. Marquet, comme tout le monde,   a entendu dire que la vérité était dans le classicisme, ou chez les japonais ou chez Corot. Marquet a simplement souri. Il a peint "
Léon Werth, Quelques peintres, 1923