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vendredi 13 juin 2025

Ras le bol !

 
Paolo Quaresima, Untitled 2017
 


De la virtuosité


Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis quelques temps, on en  est revenus aux grandes heures de la nature morte " qui en jette" comme au 17è siècle, dans la riche bourgeoisie hollandaise ou flamande, où il était de bon ton de décorer les murs de sa salle à manger avec des étalages de vaisselle précieuse et de mets recherchés. Bon, ça n'empêchait pas certains d'être meilleurs que d'autres, comme Pieter Claesz par exemple.

Mais je constate chez mes collègues une nette propension à montrer son savoir faire, style " je suis le meilleur sur la cafetière en émail " . La forme pour éluder le fond...
Tous ces champions de l'ellipse, ces stakhanovistes du reflet le plus compliqué possible, ces prétentieux qui font rien qu'à étaler leur léchage parfait ( d'après photo) sont d'un ennui profond. Leurs natures sont vraiment mortes, glacées, comme ce monde mercantile où j'imagine que l'acheteur qui acquiert une de ces oeuvres a le sentiment de n'avoir pas été volé.

Willem de Bont, Still life 2020

Scott Noel, Untitled 2015

Dennis Møgelgaard,
Still life with bowl biscuit and knife 2021

Hank Helmantel, Nature morte 2005


 
Ah, où sont Chardin, Zurbaran, Goya, Manet, Ensor, même Cézanne et tant d'autres, et Largillierre, tiens un petit rapprochement

 Juan Manuel Jaimes Roy,  Uvas 2021

Nicolas de Largillierre,
Deux grappes de raisin 1677




















mais il n'y a  pas de bol chez le français, et ce n'est pas la seule différence !

Joseba Sánchez Zabaleta,  
Elogio de lo simple 2021


Le champion du bol est espagnol, et encore plus fort : l'assiette en verre festonnée et ses petits reflets. Cela dit, ce bol-là n'est pas dénué d'une certaine sensibilité, de même que les os de poulet... 

Joseba Sánchez Zabaleta, Plato con huesos 2022














...qu'il n'a pas donnés à son chien, ça va de soit.
Et tout compte fait, je trouve que son bol est plus vivant que son chien, qui manque nettement de poil (enfin, c'est un Labrador )




 

Joseba Sánchez Zabaleta,
 Portrait de Odei  2019 



Donc ma théorie du jour est complètement fausse et contradictoire, ma tactique était toc,  uniquement dictée par la basse jalousie qui me consume d'avoir jamais été foutue de faire une ellipse correcte à main levée, on oublie tout, et au moins vous aurez vu de belles images !


Dick Ket,  Nature morte avt 1940 

Solvej, L'hiver dans la cuisine 2007 Coll p



                                                                                            Hi hi, on comprend pourquoi je bave...
                                                                               ( et en plus la photo est pourrie, mais je n'ai que celle-là )
 

 


vendredi 4 avril 2025

Printemps : Le problème de l' arbre en fleurs

 

Solvej,  VTX 46 Blanc et prunier  641 ( détail )
 



Travail,

 et quelques collègues de bureau dans les galeries du Marais : Ana Jotta chez Marian Goodman, Natascha Goncharova chez See,  Philippe Cognée chez Templon rue du Grenier St Lazare, Oda Jaune chez l'autre Templon et Gillet et Compagnie chez Nathalie Obadia.




Le soleil, qu'on attendait avec impatience à Paris, et un petit air de printemps  ont fait éclore sur mon Ventoux " Blanc" en cours le petit prunier qui était en fleurs fin février. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais enfin, voilà le dernier bébé :


Solvej,  VTX 46 Blanc et prunier  641 
Acrylique sur toile 10F 2/3/2025

Sur l'annonce de son exposition, une superbe floraison printanière m'incite à aller voir les tableaux de Philippe Cognée, donc direction le Marais et la galerie Templon. Sur le chemin, je rentre dans une petite galerie qui me paraît vide ou presque


Ana Jotta,   2025
Galerie Marian Goodman


c'est normal, le titre de l'expo c'est " Beaucoup, peu, rien ".  Une ficelle tendue, des bouts de papier, de vagues écritures sur le mur, une frise de souris rigolotes. Je ne sais pas si cela illustre " beaucoup" ou " rien" ?
J'avoue que ça m'en bouche un coin, surtout quand en feuilletant la notice et une ( énorme) monographie
j'apprends  
 que l'artiste est née en ...1946 !  Ah l'Art ça conserve, c'est bien connu . 
Mais c'est fou comme je serais incapable de faire ce genre de chose ...
A côté dans une autre petite galerie, de la peinture, ouf ! et une sculpture que je trouve très expressive

Natasha Goncharova,
Sculpture (détail) 2025

  
                                         
  Un jeune homme charmant nous explique tout sur l'artiste, une jeune russe exilée qui s'appelle Goncharova , mais Natasha, pas Nathalie. Bon sa peinture...mais il est si enthousiaste que je l'écoute patiemment et que je regarde  tous les tableaux. Au moins en voilà un qui fait bien son métier

Goncharova, L'été 2024
 (Diptyque 1/2) 

Goncharova, Le printemps 2024
 (Diptyque 1/2) 

                                                                  









     c'est un peu court, jeune fille,    mais enfin un peu moins rien
 que la vieille dame précédente !







Mais alors ces floraisons printanières ? ( oui parce que dans ce printemps russe y a pas beaucoup de fleurs de prunier.)

Il y en a donc chez Philippe Cognée, mais je suis un peu déçue, je l'avoue,   sans doute est-ce l'échelle qui me gêne, je suis toujours déstabilisée par les fleurs géantes, réalistes mais agrandies 20 fois. 

Philippe Cognée, Blossom N°2 2025

Philippe Cognée,
Wild forest N°7 2024




Philippe Cognée, Wild forest N°4 2024/25
















Car ce sont de très grands formats, quasiment toute la hauteur du mur de la Galerie Templon, bel endroit au demeurant. La particularité de cette technique est que de loin, l'image semble presque photographique, et que, de près, elle est tout à fait abstraite, ça me rappelle Grubicy de Dragon. 

Mais enfin, en y réfléchissant, c'est une chose commune à beaucoup de peintures !! Et puis l'expo s'appelle " Paysages fragmentés" ( ce qui du reste est un titre plutôt sobre et explicite, si l'on compare avec l'imagination débordante dont certains font preuve dans ce domaine, un jour il faudra que j'écrive sur les "écrits sur la peinture", on s'amusera )

 
Philippe Cognée, Le feu sous la neige 2024

Philippe Cognée,
Wild forest N°4  ( détail) 2024/25 
               

               Au sous-sol il y a des marines,  que je trouve très systématiques ( et puis j'ai encore dans la tête la formidable vague de Courbet de la semaine dernière à Orsay, et même la mer du Nord de Christian Krohg ). Mais enfin dans l'ensemble c'est une peinture qui ne me déplait pas, il y a du geste, du taf et de la compétence, donc j'adhère.

De l'habileté  ( et du boulot ) il y en a incontestablement dans la peinture d'Oda Jaune, à l'autre galerie Templon, rue Beaubourg, mais en dehors de ce tout petit paysage vert au romantisme affirmé, et de cet ange bizarre que n'aurait peut-être pas renié Boecklin

Oda Jaune, An die shönheit 2025
( à la beauté )

Oda Jaune, Les deux 2025



 
















le reste de ses délires "angéliques" me laisse de marbre : toute cette viande rose ( "Quand il me tient dans ses bras, je vois la viande rose " chantait avec conviction notre délicieux british friend Andrew ) et ces cieux bleus , et gigantesque en plus, sinon ce ne serait pas drôle, fff....


Oda Jaune, M like Mother  (213x527,5 cm !)

Calmos, Oda.
Il paraît que c'est sur le pouvoir de l'amour, ah bon.

Nous finissons chez Nathalie Obadia, " Gillet et compagnie ", ce sont des portraits, du meilleur ( Barrot, Kuijken, Leroy ) au pire ( Childress, quelle honte ! Gillet justement, bof ?,  du maronnasse en épaisseur, Tabouret, du mignonnet joli mais pourquoi cette notoriété, oui, je suis jalouse) et tiens, un bon : Philippe Cognée !!

Philippe Cognée,
Autoportrait 2021/22

Ronan Barrot,
Autoportrait 2023

Sophie Kuijken, t-S.P.K. 2023



Une très agréable après-midi de printemps à Paris dans un quartier toujours délectable, merveilleux mélange de passé grandiose et de présent déjanté

Bagues-bestioles, pas facile avec des gants

Mosaïque que je n'avais jamais remarquée,
 rue Beaubourg


 
 












Classique mais pas tant que ça

Annie aime les sucettes...hi hi



















Et pour conclure, en plus de ce bel éphèbe local, quelques merveilleux arbres en fleurs...

signe astrologique !

  
Andrew Gifford, Blackthorn & blue sky 2021


Van Gogh, Pêcher en fleurs 1888
VGM Amsterdam

Bonnard, L'amandier en fleurs 1946/47
M Bonnard Le Cannet

Van Dongen,Printemps 1908
Hermitage St Petersbourg

...pour patienter jusqu'au Maître absolu du printemps ( en Yorkshire ou en Normandie ) et de l'arbre en fleurs, sa majesté Sir David Hockney, on va chez Vuitton au retour des vacances.

 



Toutes les photos  crédit ©Solvej


vendredi 14 mars 2025

Fragments...d'un discours assez flou

En cette fin d'hiver je ne sais quelle mouche me piqua, mais fatiguée de  trop de mont Ventoux et de cette vue lointaine , j'ai voulu revenir aux choses simples et proches, et à une idée très ancienne qui était de "faire des détails en gros plan qui deviendraient donc "abstraits", sans toutefois replonger dans la nature morte à laquelle je m'étais déjà beaucoup adonnée, et influencée de toutes parts, y compris par ma fréquentation maintenant hebdomadaire du Louvre, grâce à la carte magique, mais que n'y ai-je pensé plus tôt 🙄 , et mes souvenirs des merveilles milanaises, plus quelques relents d'expos de collègues de bureau plus imaginatifs et plus branchés que moi, et bien sûr l'inoubliable époustouflante exposition Dolce Gabbana au Grand Palais,

bref (ça se voit que mon écrivain préféré c'est Proust ?) 

en cette fin d'hiver j'ai pété un cable et voilà le résultat :

Fragments    Acryliques sur toile 40x40


636 FGT 1 La souillarde
  4/2/2025

637 FGT 2 La grange
11/2/2025

638 FGT 3 La piscine  
10/3/2025




639 FGT 4 Le salon
18/2/2025

 





































 
640 FGT 5 La cuisine
12/3/2025

642 FGT 6 L'entrée
30/4/2025


 

  

 

 



  

lundi 18 novembre 2024

La grive et les raisins

 

 
Houdon, La grive morte 1775
 Coll p  @Solvej

Largillierre, Deux grappes de raisin
1677 Fond. Custodia 
@Solvej

















Exposition "Le trompe-l'oeil de 1520 à nos jours"  Musée Marmottan Monet 



Non, ce n'est pas une fable de La Fontaine inédite...mais   deux raisons amplement suffisantes d'aller jusqu'au Musée Marmottan voir des trompe-l'oeil, un genre qui eut beaucoup de succès aux 18è/19è siècle, et au vu de l'abondance de visiteurs, encore maintenant.

Evidemment c'est un art facile, un art de l'épate, y a rien à comprendre, juste à s'extasier genre " on croirait des vrais ". C'est un peu décevant, d'ailleurs, parce qu'il me semble avoir vu des verres ( à boire)  bien plus parfaits chez le fameux team Claesz/Heda, par exemple , et des mouches bien plus réalistes sur n'importe quelle nature morte du Mauritshuis ou du Rijk. Il y a quand même un verre  ( de cadre ) cassé de Boilly qui m'épate vraiment :



Louis-Léopold Boilly, Un trompe-l'oeil 1805
Coll p  
@Solvej



 Chapeau bas. On s'y couperait. Mais enfin cette succession de petits papiers pliés, billets, lettres et autres bésicles finit par ennuyer un peu. Ca me rappelle les " études doc'" chez Penninghen qui m'avait suggéré un bel avenir de faussaire...

Solvej, Argent 1965

Il exagérait un peu !



Une petite frivolité bienvenue,

Jean Pillement, Trompe-l'oeil avec ruban turquoise
devant le paysage de la campagne portugaise
ca 1800 Coll p   
@Solvej

Liotard, Trompe-l'oeil au portrait de
Marie-Thérèse d'Autriche 1763 
@Solvej















 
 

oh! le ravissant ruban bleu,  et ce mystérieux portrait derrière son couvercle (qui ne coulisse pas, mais non) ravivent un peu l'intérêt. Et puis dans les trompe-l'oeil modernes il ya quelques gags ( mais c'est plus drôle chez Magritte et plus intrigant chez Dalí ) ( ou l'inverse )

Pierre Ducordeau, Tableau en
 déplacement 1966  
@Solvej

Henri Cadiou, Transcendance
 spatiale 1960  
@Solvej


























Pour finir on a même droit à un costume de camouflage pour chasseur ou soldat !! ? Enfin bref, une exposition très chic et très ronflante  qui ne me laissera pas un  souvenir impérissable.

J'ai gardé pour la fin ( mais les photos sont au début 🙃)  l'exceptionnelle grive dont la finesse d'exécution fait oublier le marbre froid, bien sûr les plumes sont merveilleusement rendues, mais je n'appelle pas ça un trompe-l'oeil, j'appelle ça une sculpture, et des plus belles, et les deux grappes de Largillierre, mais je n'appelle pas ça un trompe-l'oeil, j'appelle ça un chef-d'oeuvre de peinture.



Largillierre, détail  @Solvej

Et un grand bonheur.



En sortant de l'expo, on a droit à l'inévitable ( maintenant) "résonnance"  contemporaine, sur laquelle je n'ai strictement rien à dire, à part que ce sont des grands formats ...la peinture de Carole Benzaken n'étant  ni enthousiasmante, ni énervante. Mais la résonnance en question en fait c'est avec les Monet si je lis le cartel, j'avoue que je ne vois pas très bien le rapport :


Carole Benzaken, Magnolia (37)
2024  
@Solvej



mais en vérité on s'en fout, parce que Monet n'a pas besoin d' écho, il résonne très bien tout seul



Monet, Vétheuil dans le brouillard ( détail)
1879  
@Solvej

Monet, Vallée de la Creuse effet du soir ( détail) 
1899    
@Solvej


et c'est le grand avantage de ce Musée, d'avoir ce merveilleux bonus en partant ...

Et même,  on s'est fait  plaisir en grimpant jusqu'à l'étage se prendre un petit rab de Morisot !