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vendredi 22 mars 2024

Forêts enchantées




 

Rousseau,  L'arbre penché au carrefour de l'Epine  1852  La Haye
Ce tout petit personnage sous un arbre immense...on voit quelles étaient ses priorités !


La voix de la Forêt    Théodore Rousseau    Petit Palais

Bois sacrés   Yoann Estévenin                       Galerie du Passage

Le monde comme il va      Coll Pinault         Bourse de Commerce  




Je sens que je vais avoir du mal à écrire sur Théodore Rousseau  autre chose que "magnifique", "sublime" et autres superlatifs, car c'est un peintre que j'adore.Le Petit Palais, toujours dans la tendance "scénographie  grandiose " nous met tout de suite dans l'ambiance sylvestre

Scénographie sylvestre         @Solvej

Dès l'entrée je suis éblouie :

  Le Mont-Blanc, vu de la Faucille Effet de tempête  "commencé en 1834"  ( il avait 22 ans !) @Solvej


tout autant par un très grand format  ...que par un tout petit

  La plaine en avant des Pyrénées,
1844  Louvre 
 @Solvej

 Ce qu'il y a de merveilleux chez ce Rousseau-là ( en dehors de l'amour de la nature qu'il partage avec l'autre, le JJ ) c'est cet oeil quasiment infaillible capable de noter le plus infime détail ainsi que de synthétiser la forme générale et ce mélange parfait d'un geste fougueux ( pour l'impression  ! ) et d'une calme précision ( pour les structures ).

  Etude de troncs d'arbres, 1833 MBA Strasbourg
 @Solvej 

 
  Paysage avec ciel orageux, 1842 V&A Londres
 @Solvej
















"Finir" a été le grand tourment de sa vie " nous dit un cartel. J'en connais une autre, en tous cas...

Certaines oeuvres évoquent de grands anciens, paraît-il, mais je suis d'accord :


Caspar Friedrich :

  La mare aux fées, forêt de Fontainebleau
1848 Coll p 
 @Solvej
Ruysdael :                                                                                                                         Constable :

 La mare près de la route,
 ferme dans le Berry (dét)
1848 Orsay  
 @Solvej

  L'abreuvoir (dét), 
1860 MBA Reims
 @Solvej


 


 
En ce qui me concerne, je pense surtout à Courbet, son contemporain, tout en préfèrant  quand même "mon" 😉 ( vu que j'ai donné 20 balles pour le racheter ) Chêne de Flagey :


Rousseau 1855 Groupe de chênes,
Apremont Louvre  
 @Solvej
Courbet 1864 le chêne de Flagey Ornans 

















Sur le chemin de la sortie, petit tour dans le musée, il y en a encore un qui a dû bien l'inspirer ( précision et touche "enlevée" ) Je ne résiste pas à ce chien !  :


Rembrandt, Portrait de l'artiste en
costume oriental (détail)  1633
Petit Palais  
 @Solvej

 Une autre forêt, particulièrement enchantée, se cache dans l'exquise Galerie Vérot-Dodat, chez Pierre Passebon ( Galerie du Passage ). C'est la superbe exposition de Yoann Estévenin, dont les peintures sont  brillamment accompagnées par des meubles étonnants , d'un style onirique qui met parfaitement en valeur les tableaux et céramiques de l'artiste :

Détail de la console de Benjamin Pagart  @Solvej

Estevenin, Sweet night et trois céramiques avec
la console de Benjamin Pagart             @Solvej


















Estevenin, Un ami en or            2023
 
@Solvej

Estevenin, Sweet night    @Solvej





 














Il est rare que les photos soient moins bien que les oeuvres, mais là, c'est le cas ! Aussi je vous invite à vous précipiter à la Galerie Vérot-Dodat, vous ne serez pas déçu.

 Cosmic garden 2023    @Solvej


  Quite a show 2023       @Solvej



















 
 

  Ballade nocturne (dét) 2024  @Solvej

Ballade nocturne 2024         @Solvej




















Dans les forêts, il y a des arbres, et parfois des elfes...Celui-ci en est un, et ce travail d'une extrême poésie est un véritable enchantement.



Après cela, juste au bout de la rue il y a la Bourse de Commerce/ Collection Pinault, comme cela fait longtemps que je voulais y aller, c'est l'occasion.

L'exposition actuelle s'intitule "Le monde comme il va".    Eh bien je vous le dis, il va mal !!

Autant d'horreurs dans un si bel endroit ( remarquable architecture intérieure de Tadao Andō ) il faut  le faire ! Ce ne sont que voiture cabossée, ( Lavier ) armoire à pharmacie, ( Damien Hirst ) photos inintéressantes ou ridicules, peintures ni faites ni à faire de 5mx7m minimum, et l'inévitable Jeff Koons.

Prix spécial du Jury pour ces deux-là :


Rosemarie Trockel, Replace me
 2009      
@Solvej

Kimsooja, Meta-painting 2022
250 feuilles de papier de riz coréen
@Solvej

















Je sauverais bien quand même le beau tableau de Peter Doig :


Doig Pélican 2023/24                        @Solvej

...et le Hitler de Maurizio Cattelan, toujours très impressionnant. Sinon le public adore l'installation géante de miroirs sur le sol qui reflète la coupole et sur laquelle on marche dûment chaussé d'emballages feutrés, vertige garanti, et les fauteuils roulants avec vieillards endormis qui jouent les autos tamponneuses...

En résumé, ce qu'il y a de plus artistique ici ce sont les cartels, jugez vous-mêmes :


😂 @Solvej


De l'aaaiiirr !! Retournons vite dans le Wonder woods de Yoann Estevenin :


Estevenin 2024        Holy owl et Past
@Solvej

Estevenin    The charming snake (dét)
@Solvej


lundi 25 septembre 2023

En blanc et noir

 
Edgar Chahine, Les poids 1902      eau-forte, aquatinte et pointe sèche       @Solvej



Petit-Palais   Exposition "Trésors en noir et blanc" :  Dürer, Rembrandt, Goya, Toulouse-Lautrec    



...et beaucoup d'autres, certains même parfaitement de moi inconnus, comme ce Edgar Chahine, dont la petite scène de bateleurs me réjouit particulièrement. 

C'est une splendide exposition, très instructive...( mais ne comptez pas sur moi pour vous expliquer les mystères de l'aquatinte ou la technique de la lithographie, j'avoue que déjà, chez Penninghen, les cours de technique du cher Jacques d'Andon étaient tellement rasoirs que je m'adonnais à des rêveries salutaires, Mr Google fera le job ) et très courue, bien sûr, il faut se battre pour admirer ces tout-petits formats.

Mais enfin, on a quand même réussi à se régaler un peu.


Le début, avec Jacques Callot, c'est déjà grandiose :

Jacques Callot, La foire de Gondreville  ca 1625 
 eau-forte 1er état      @Solvej


La finesse des détails du fond, incroyable ! Et cet arbre, ce chêne de Flagey...( mais tout-petit )


Jacques Callot, La pendaison 1633
( Les grandes misères de la guerre )
 eau-forte 1er état  
 @Solvej
 
et ce " strange fruits " !!



De toute façon, toutes, absolument toutes les oeuvres sont merveilleusement dessinées, ce n'est pas ici qu'on trouvera le moindre flou artistique approximatif en vigueur de nos jours. Mais certainement, ces techniques toutes plus contraignantes les unes que les autres y sont pour beaucoup.

Je ne sais pas pourquoi je n'ai photographié aucun Dürer, pourtant je l'adore, trop de monde, sans doute.


Goya, Audace de Martincho dans l'arène de Saragosse  1815/16
eau-forte et aquatinte  
 @Solvej


Passons donc directement à Goya, mon amour, j'ai déjà vu à Castres la quasi totalité des Caprichos, mais je les retrouve avec joie. Plus quelques magnifiques scènes de tauromachie...et cette maja qui me ravit :


Goya, Ils s'envolèrent Caprichos 61 1796/99
eau-forte, pointe sèche et aquatinte 
 @Solvej 



Et alors, il y a Rembrandt, évidemment, et ses trois arbres que l'on peut en permanence admirer dans ce musée, quelques autoportraits, quelques paysages, et tiens, un peu de technique :
 

Rembrandt, La femme devant le poêle 1658
eau-forte, burin et pointe sèche 3è état  
 @Solvej

Rembrandt, La femme devant le poêle 1658
eau-forte, burin et pointe sèche 7è état 
 @Solvej

 

 


















le jeu des sept erreurs, le retour ! Entre temps Madame a enlevé son petit bonnet, oui c'est mieux ! Mais j'imagine le boulot pour garder le reflet du chignon blond...






Enfin, les "estampes modernes " , en plus de celle que j'ai mise en tête, révèlent elles aussi de belles surprises, Toulouse-Lautrec pour les amateurs, mais ce n'est pas tellement mon cas, je préfère ces deux charmantes :


T.A.Steinlen, Blanchisseuses. Le linge sale
 et le linge propre 1896
lithographie 
 @Solvej
 

Tellement expressives ...et émouvantes !



Dans la dernière salle, l'ajout de la couleur à tout ce magnifique travail graphique n'apporte rien, à mon sens . Je dirais même que cela enlève de l'émotion, et ravale l'image au rang d'une illustration, comme celle-ci par exemple :


Henri Jourdain, Le chemin par temps de pluie ou
Sous l'averse 1900/10
vernis mou, eau-forte et aquatinte en couleurs 
 @Solvej


Mais une très belle illustration.

mercredi 23 janvier 2019

Un cheval bleu

Rubens    La chute des damnés 1620





Munich du 26 au 30 Décembre 2018                  Mercredi : Alte Pinakothek, Lenbach Haus


               Dès l'entrée de la Alte Pinakothek, cet escalier monumental me replonge immédiatement des années en arrière ( pas mal !), et je me souviens de mon éblouissement devant " La chute des damnés", cet incroyable tableau presque abstrait, si on le regarde avec un peu de recul...peut-être est-ce de là que m'est venue cette passion- Rubens. Quoiqu'il en soit, j'ai de quoi me régaler, ici, car le maître flamand est particulièrement bien représenté : au début, avec les anciens flamands comme Brueghel ( l'épatant "pays de Cocagne" ), et un inconnu ( de moi ) Jan Van Kessel, et ses magnifiques "Quatre continents", et beaucoup d'autres, le superbe portrait de jeune homme est un merveilleux hors-d'oeuvre.



Rubens, Portrait de jeune homme    1615 
photo Solvej


Bien sûr,   les grands allemands, Cranach et son délicieux " Age d'or",  Grünewald avec " Le persiflage du Christ" qui me rappelle le Jérôme Bosch de Gand, Pacher, Holbein et d'autres et des quantités de retables beaux et un peu ennuyeux, disons-le...
Quelques grands coups de coeur au milieu de tout ça :




Hans Ballung, portrait du comte palatin 
Philippe le guerrier 1517    photo Solvej
Hans Memling, Jean le Baptiste 1470
 photo Solvej



et mes habituels énervements :

Hans Burgkmair l'ancien, Kreuzigungsaltar :
 Christ en croix ( détail) 1519      photo Solvej
                              mais qu'est-ce qui se passe avec les bras de cette pauvre Vierge ?




Bon, passons à l'étage supérieur et keep calm : l'ascenseur nous dépose juste en face de la 1ère salle PPR. Mon humeur retourne aussitôt au beau fixe. L'enlèvement des filles de Leucippe, scène pastorale, Hélène en robe de mariée, le Christ et les pêcheurs pénitents, Rubens et Isabella sous la tonnelle de chèvrefeuille, j'en oublie,  il y en a tant et tant...




Rubens,  Hélène Fourment
et son fils aîné Frans 1632
 photo Solvej



Je ne me lasse pas de la robe de la belle Hélène, du rendu des tissus. Cette facture si libre, si naturelle, on dirait que Rubens vient de le peindre, là, juste devant nous.   Quel éblouissant morceau ! Tout le bas de ce tableau est merveilleux. ( mais le haut également ) .


                                                   
                                                     J'adore l'accrochage de ces trois-là :

Rubens ,Portrait d'un frère franciscain, Le Christ sur la croix,
Portrait de Don Fernando, cardinal infant d'Espagne               photo Solvej
On dirait une image de l'église : à gauche le protestantisme, à droite le catholicisme !



Dans la salle d'à côté, l'élève Van Dyck :


Van Dyck,     Le repos pendant la fuite 
vers l'Egypte 1627/32                 photo Solvej
 

                                                           pas loin de dépasser le maître !



Un peu plus loin, un beau florilège italien : Titien, ( ah! Le couronnement d'épines !) Tintoret, Giorgione...et pas de florentins ( mais ce n'est pas grave, on a eu notre dose l'an dernier ) car ils sont dans l'expo temporaire " Florence".



Des français, ha ha, "petite filou !",  que ce coquin de Fragonard et sa gimblette, Hubert Robert, Nattier, Chardin, Boucher ( autre coquin ) et même un beau portrait de mon cher Quentin.

Mais naturellement, la star des stars du lieu, c'est le bel Albrecht et son incroyable "Autoportrait à l'habit garni de fourrure ", décliné dans la boutique sur tous les supports possibles et imaginables.


Albrecht Dürer,   Autoportrait à l'habit garni
de fourrure 1500


La comparaison s'impose avec deux autres autoportraits, Rembrandt et Van Dyck . A votre avis, lequel était le plus sûr de son génie ? Ce pourrait bien être le beau rouquin, 22 ans et une maîtrise déjà incroyable, une tranquille confiance dans son avenir glorieux ...Mais  ce Dürer, avec son attitude quasiment christique qui semble  dire : "mon talent ne me vient que de Dieu " ne se désigne-t'il pas ?
Et ce regard frontal, dominateur !!
Quant à Rembrandt, il se cache presque, lui, dans ce portrait minuscule ( j'ai failli le rater ! ) et extraordinairement émouvant, il y a tous les doutes et les questionnements de l'artiste, dans à peine 20 cms2...


Rembrandt,   Autoportrait en jeune homme  1629
Van Dyck,   Autoportrait 1621/22























Après ce parcours intense, pour varier les plaisirs, j'ai programmé la Lenbach Haus, non loin de la Pinakothek. C'est un changement radical !! Un superbe endroit, clair, bien aménagé, qui a bénéficié de la donation par Gabrielle Münter de sa collection de Kandinsky. Ici, la vedette, c'est le fameux " Blaue reiter" , le cavalier ou plutôt le cheval bleu ( oui, pourquoi cavalier ? Il n'y a que l'animal) de Franz Marc qui a donné son nom à un mouvement assez révolutionnaire, envers lequel j'avais une sorte d'à priori négatif,  et au vu de ces tableaux flamboyants, je me demande bien pourquoi .


Franz Marc, Cheval bleu I  1911


Dans cette petite bande de potes, Marc n'était pas le moins bon, mais malheureusement il est mort assez jeune...et puis il y avait le terrible russe, ce Kandinsky dont les tableaux explosent et qui réduit les autres ( Münter, Jawlensky,Macke, Marianne Von Werefkin ) à une simple figuration. Ces premiers tableaux sont d'une force, d'une intensité..on comprend que jouer dans la  cour avec la petite bande n'était pas suffisant pour lui, et qu'il devait être,en somme le père de l'abstraction, le roi et non un petit cavalier, quelle que soit la couleur...



Kandinsky, Romantische Landschaft 1911






Sinon, il y'a aussi une collection assez intéressante début 20è siècle, de beaux portraits de " collègues"...il y aussi celui de Marianne von Werefkin que j'aime bien d'habitude, mais là, c'est carrément Halloween ! Donc, j'oublie. Et puis toute une suite de salles remplies de " sculptures", un bric-à-brac horrible d'un certain Joseph Beuys...Beeuu..rk !!


Anna Hillermann, Autoportrait dans l'atelier 1900
photo Solvej

Emilie von Hallavanya, Autoportrait dans l'atelier 1910
Kandinsky, Portrait de Gabrielle Münter 1905  photo Solvej
                                                                                  Merci Gabrielle pour cette éblouissante collection !









Pour finir nous passons rapidement sur les inévitables modernités aussi gigantesques que barbantes,
mais pour rester dans l'esprit bavarois, je ne résiste pas à une petite carte postale de circonstance :


Andy Warhol, Neuschwanstein 1987
photo Solvej