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vendredi 22 novembre 2024

Le charme de la banlieue ouest

 
Constant Pape, Les Moulineaux ( Meudon ) 1909                        @Solvej




Musée d'Art et d'Histoire de Meudon     Exposition Constant Pape, un paysage post-impressionniste 


Il y avait un projet " Caillebotte" à Orsay pour ce vendredi, mais damned, c'est complet jusqu'au 3 Décembre ! Et en plus il fait un froid de canard, donc, pas d'expédition trop lointaine.Meudon ça va, bien que redoutablement en pente ( et attention, ça glisse ) ce n'est pas trop loin.

D'abord, le lieu est ravissant : c'est une maison (très) ancienne, puisqu'elle a abrité sous son toit Ambroise Paré, puis Armande Béjart :


La cour du Musée    @Solvej


et l'on se sent immédiatement transporté dans un autre temps. Mais attention, le Musée est magnifiquement installé, éclairage parfait et murs de couleurs top tendance, on sent que la municipalité n'a pas trop de problèmes...et en plus c'est gratuit ! 

Et encore en plus, ( et on sait à quel point j'apprécie ! ) on est tous seuls ...

Alors ce  Constant Pape ? Né natif de Meudon, il a surtout fait une carrière dans la déco de mairies et le Salon des Artistes français, c'est un grand admirateur de Corot ( ça se voit ) ( et il est permis de préférer l'original ) mais enfin tous ces paysages un tantinet barbizonnais ne sont pas déplaisants :


C.Pape, La mare, sous-bois de Meudon 1920
   @Solvej

Corot, Paysannes à la cueillette 1850/55
Coll p  
   @Solvej

















Les compositions sont habiles, peut-être un peu trop, d'ailleurs, il a tendance à faire ce que mon cher éditeur et ami François Faucher  appelait d'un air condescendant   " du chic "


C.Pape, Le haut du tapis vert   1919    @Solvej



C.Pape, Le haut du tapis vert
( détail)1919 
   @Solvej

C. Pape, Les Moulineaux ( Meudon )  
(détail )1909   
@Solvej 



















mais enfin ces deux personnages perchés là-haut m'amusent et la fumée du train me réjouit.


Il peignait aussi des petits formats ( toujours 18x14) ( il en a exécuté plus de 100) qu'il donnait à ses amis , ça fait un mur  déco "accumulation" bien dans l'esprit contemporain . 
Je choisis celui-là, Constant, tu me le donnes ?


C.Pape, Bois de Clamart
1916 Coll p 
@Solvej


Enfin bon, il est un peu  sage à mon  goût le Constant.  Je l'imagine tel un personnage de Sempé, avec son matériel, son petit tabouret et son parasol, un après-midi au soleil, sur les hauteurs de Clamart ou au bois de Meudon, et allant ensuite boire un bock dans une guinguette avec les autres rapins. 

Ceux-là, ceux qui se battent avec la matière, avec le sujet, avec tout, je crois qu'ils m'intéressent plus 

Narcisse Diaz, Paysage de Barbizon,
 plaine d' Apremont 1865/70   
@Solvej

Jongkind, La Seine à Meudon 1890
Coll p  
@Solvej
















ou même   ce bel arbre inconnu 

Paul Huet, Sous-bois à l'île Seguin nd
@Solvej
 


Après l'expo, le musée nous réserve dans ses collections permanentes, non seulement une  documentation très riche et intéressante sur l'histoire de Meudon, les découvertes scientifiques et l'évolution du village vers notre époque moderne, une magnifique salle au décor 17è siècle  restaurée et encore beaucoup de vues de charme,


Magique !  @Solvej

Visiteur lisant les explications, lui  @Solvej





















mais surtout une collection très riche de peinture et sculpture  du XXè siècle. 

Comme on ne peut pas tout mettre et que je suis de parti-pris, devinez ce que j'ai choisi :


 
Marquet, L'église des Sables -d'Olonne 1921
@Solvej

                                    et quel plaisir de le voir là, celui-ci ❤️


Marquet, L'île aux cygnes 1919  
 Centre Pompidou  
@Solvej


J'ai également un petit faible pour ce cubisme coloré, on ne se demandera pas pourquoi :


Lhote, Paysage de la Drôme 1935/40
@Solvej

et aussi bizarrement pour cet abstrait radical :


Tal-Coat, Suspendu 1 1975   @Solvej


Une parenthèse enchantée, un endroit hors du temps...
Je suis sous le charme.


Il faudra revenir à la belle saison, pour apprécier le beau jardin à la française endormi dans cet automne hivernal


@Solvej


dimanche 24 octobre 2021

Emportés par la foule... qui nous traîne, nous entraîne 🎵 ...

La collection Morozov  Icones de l'art moderne 

Fondation Louis Vuitton

 

 

Sisley, La campagne de Veneux. Le printemps 1882    Herm St P  photo Solvej

                           
 
                             ...ça devient difficile d'apercevoir les tableaux, et encore plus de les photographier !! Bon, vous me direz, tu n'as qu'à y aller en nocturne en semaine, et pas le dimanche après-midi à 16h. Oui.

Donc, après queue et re-queue, on accède enfin au saint des saints. Tout de suite, passés les portraits de famille ( certains ne sont pas mal, d'ailleurs ) le bonheur Renoir, les merveilleux portraits de Jeanne Samary, celui-là qui s'appelle aussi " rêverie ", mais elle a l'air bien présente, au contraire :

 
 
Renoir, Portrait de Jeanne Samary Rêverie 1877  MP Moscou

 
 
et dans les salles suivantes, encombrées de Bonnard, ( bof ) et pas uniquement ! en plus de Renoir, encore, je découvre un petit russe inconnu qui ne me déplait pas :



Korovine, Un café à Paris 1890 Gal Tretiakov Moscou
photo Solvej
 
                                                     
                     
                                       
                   la composition avec cette tache rouge, et la lumière à travers les arbres, c'est bien.

 
Et alors j'ai un grand coup de coeur pour deux paysages de Sisley, je m'aperçois que je l'avais vraiment sous estimé ( surtout que le premier, celui en haut,  j'ai dû le voir à Saint-Pétersbourg ! )
 
 
 
Sisley, Lisière de la forêt de Fontainebleau 1885 MP Moscou photo Solvej

 


         C'est poétique, on sent le vent, le soleil, ça fait du bien. C'est digne de Corot ( c'est même mieux ! )



Corot, L'étang à Ville d'Avray 1874 MP Moscou
photo Solvej

 
 
A propos de Saint-Petersbourg, on ne se battra pas pour les deux grands Monet devant lesquels nous passâmes une heure délicieuse à l' Hermitage, tous seuls, et même assis. (  Monet Coin de jardin et mare à Montgeron   )
Sinon, en fendant la foule, j'arrive tout de même à apercevoir les fauves couleurs de Valtat, et la charmante baigneuse de Manguin. 
Manguin, La baigneuse 1906 MP Moscou

Valtat, Soleil sous les arbres 1909 Herm St P
Valtat, La mer à Antheor 1907  MP Moscou
photos Solvej

 

Certes, le traité "en applats" fait un tantinet "déco", mais on sent la mer miroiter dans la grande lumière de l'été méditerrannéen, et j'adore ces pins tordus, si justes. Un autre très beau pin :


Cézanne, Le grand pin 1895  Herm St P
photo Solvej


Dans ce premier niveau, il y a aussi des Marquet sublimes, les admirables jeunes filles sur le pont de Munch, un beau lac finlandais de Gallen-Kallela, tout cela est magnifique, une mer bleue de Van Gogh et au milieu une curiosité 


Serov, Sirène 1896   Gal Tretiakov Moscou
photo Solvej

 

Je lui trouve un charme certain, à cette sirène, il faudra aller voir cette galerie Tretiakov, à Moscou, l'an prochain peut-être ?

Mais grimpons au deuxième étage...je ne dirai RIEN sur toute une salle Gauguin, quand je pense que je l'adorais, jeune fille, et maintenant je déteste ces taches de couleurs criardes et ces personnages laids, et toute une salle Matisse, avec Chtouchkine, ils faisaient un concours ces deux-là. Et quelques horreurs        " modernes " , d'où émerge la radieuse beauté d'un saltimbanque de Picasso. 


Et après cela...deux cent personnes au bas mot qui attendent de pouvoir pénétrer dans un réduit où loge la "ronde des prisonniers ", le fameux affreux Van Gogh ! Eh bien non, nous ne ferons pas cette queue là. Sorry, Vincent.

En résumé, oui, c'est une belle et grande exposition, oui, ce sont des chefs d'oeuvre que l'on ne voit pas tous les jours à Paris, mais je rêve d'un tête-à-tête tranquille, oui, je sais, je suis élitiste...snob !


                                                Restons sur une bonne impression...


Renoir, Baignade dans la Seine ou la Grenouillère 1868 MP Moscou

 
...et avec une petite foule !!!




dimanche 11 mars 2018

Les belles plantes, pas les arbres pour une fois !

La Madeleine lisant  1854  Louvre           photo Solvej

Corot  Le peintre et ses modèles  Musée Marmottan Monet


Oui, Corot est le merveilleux poète des arbres que l'on connaît par coeur, le magnifique paysagiste de l'Italie et des taillis de l'Ile de France, mais cette exposition met l'accent sur les personnages, genre qu'il valorisait moins, il paraît, puisqu'il avait gardé pour lui cette collection délectable...En fait, on nous dit qu'il commença par faire des portraits " de famille", qui sont d'ailleurs d'un format très réduit, qu'il offrait à ses modèles, comme finalement ont pu le faire tous les débutants dans la carrière. Ils sont plus ou moins réussis...



Claire Sennegon, plus tard Mme Christophe
Charmois, nièce de l'artiste  1837       Louvre
photo Solvej

Celui-là, très romantique, l'est particulièrement. Le fond " Barbizon" est si beau...



Naturellement, on connaît bien la sublime "Femme à la perle" du Louvre, et son délicat camaïeu de gris, et c'est toujours un immense plaisir de l' admirer à nouveau :



La femme à la perle  1870    Louvre


La grâce de son beau visage classique, la manière " en aplats" de traiter les tissus, la perfection de ses mains...un régal ! c'est vraiment son chef-d'oeuvre. Mais elle a beaucoup d'autres copines, moins célèbres, mais tout aussi  délectables :




Zingara au tambour de basque
1865/70  Louvre     
photo Solvej

L'italienne ca 1872 Washington NGA   photo Solvej

























La ravissante jeune fille en rose ( sans doute le même modèle que la femme à la perle ? ) et la belle italienne au somptueux tablier, un véritable morceau de peinture en soi, d'une étonnante modernité.

Très moderne aussi, la femme à la manche jaune  . Je suis impressionnée par ce traité épuré, un peu plus ce pourrait être un Picasso première manière :


L'italienne ou femme au manchon?
( à la manche ) jaune 1870 Londres NG
 
photo Solvej


On fait une petite ( toute petite !) incursion chez les messieurs, mais de toute évidence, le maître est beaucoup moins inspiré, et ses chevaliers en armure ( bien que pour l'armure, il se soit souvenu de Titien et de Velasquez ) assez ridicules, il faut bien le dire.Je repêcherais tout de même ce moine blanc, sans doute à cause du subtil camaïeu qui me rappelle la femme à la perle :


Moine blanc assis, lisant  ca 1865
 Zurich Coll E.G.Bührle     
photo Solvej



Mais revenons à notre sujet, la beauté féminine...les belles dénudées et alanguies dans un paysage sont très classiques, très belles, un peu froides à mon sens, mais je suis encore dans l'enchantement de la si sensuelle Vénus d'Urbino.




Bacchante au tambourin, dit aussi Le Repos 1860     Washington NGA


A tout prendre, la mystérieuse "Madeleine lisant" ( en haut), me semble plus personnelle. Ce sont surtout ses modèles habillés qui sont les plus charmeurs.



L'atelier de l'artiste 1868
Washington NGA   
photo Solvej

L'atelier de Corot, jeune femme assise
devant un chevalet 1873    Louvre
photo Solvej



























Tiens ! Il y a deux versions de l'Atelier...jeu des sept erreurs ? Le chien s'est transformé en boîte de couleurs subrepticement, je crois que c'est la seule différence. Dans le premier, le chien regarde la jeune femme qui regarde le tableau sur le chevalet, cela donne à l'oeuvre un supplément de vie contrairement au second, qui du coup, en paraît plus factice, bien que toujours éminemment charmeur, mais évidemment, une boîte de peinture est plus utile qu'un chien dans un atelier...


Le charme, c'est bien la principale vertu de cette autre version de l'Atelier :



L'atelier de Corot ca 1865  Louvre      photo Solvej


et ce merveilleux boléro rouge vif, avec en écho la tapisserie de la chaise ( qui me rappelle le tablier de l'italienne ) et le ruban dans les cheveux. On fait grand cas de la "dame en bleu" de l'affiche ( l'exposition se termine avec elle) ,  à juste titre car elle est splendide, mais moi ce sont les rouges de Corot qui m'emballent, et je remarque, en refaisant un petit tour rapide, qu'il en a mis dans presque tous ses tableaux, petites fleurs par ci par là, d'accord, c'est un "truc" de peintre, mais j'adore...Goya aussi employait ce procédé pour faire chanter ses gris, rubans roses, cocardes rouges...



Zingara au tambour de basque  (détail)
1865/70  Louvre        
photo Solvej

L'atelier ( détail) 1870  Lyon MBA photo Solvej

Louise Harduin ( détail) 1831
Williamstown The Sterling and Francine Clark AI
photo Solvej


Gentil coquelicot, mesdames, gentil coquelicot nouveau...vivement le printemps !




dimanche 10 décembre 2017

Dans la chambre à coucher de Monet

Monet collectionneur     Musée Marmottan-Monet



Renoir    La mosquée, fête arabe   1881     photo Solvej
(le tableau le plus cher que Monet ait jamais acheté ! )



La vie de Monet, quelle histoire ! Je ne peux m'empêcher de me remémorer " L'oeuvre", ce terrible roman de Zola qui magnifie    l'artiste " maudit", façon fin 19ème. La description du peintre peignant son "enfant mort" ( et exposé au Salon, à une hauteur telle qu'on ne le voyait pas !)  m'avait arraché des larmes et évidemment, chaque fois qu'à Orsay je passe devant " Camille sur son lit de mort" j' y pense. Je ne sais pas si le père Zola s'est inspiré de cette oeuvre, c'est bien possible, mais enfin c'est sûr que Claude Oscar ( comme l'appellent les anglais) n'a pas eu tout de suite la vie facile.
       Au départ, entre rapins, et entre deux bocks, on s'échangeait des oeuvres, normal, c'est comme ça qu'il a commencé sa collection.   Et puis après, le maître ayant du succès ( et plus de moyens, de ce fait ) se souvenant de ses déboires passés, encourageait un peu ses collègues...c'est beau.  Et à la fin, le Maître avec majuscule, quand il avait fini de ciseler son jardin-chéri-Giverny, entre deux achats de nymphéas  ( "oh! mais je l'ai pas, ce rose-mauve irisé "), ce que c'est que la collectionnite, le Maître faisait de la déco sur ses murs.


Cette jolie petite exposition ambitionne de recréer un peu l'ambiance de la maison de Monet, et surtout nous permet de découvrir certains tableaux que nous n'avons jamais vus. Assez peu, ils en ont quand même exposé beaucoup que l'on a l'habitude de voir ici, mais bon ; puisque j'ai parlé de Camille, deux tableaux nous la montrent :

Manet    Monet peignant dans son atelier   1874  Stuttgart Staatsgalerie


Cette magnifique " esquisse " de Manet, qu'Edouard avait laissé chez Claude, pensant la finir, et puis il n'est jamais revenu, nous dit la notice, et Monet l'a gardée sur son mur...

...et ce touchant portrait signé Renoir, pendant de celui de l'artiste fumant la pipe, splendide !


Renoir Portrait de Madame Claude Monet 1872

Renoir  Claude Monet lisant 1873






















Je ne vais pas les séparer, même s'ils se tournent le dos !

Dans la famille de coeur de Monet, il y a bien sûr la belle Morisot :



Morisot  Julie Manet et Laërte  1893 Marmottan


Mais Monet, s'il aimait ses collègues impressionnistes, savait aussi apprécier les grands "anciens", comme Delacroix et Corot :



Delacroix Falaises près de Dieppe 1855 Marmottan

Corot Ariccia, Palais Chigi 1827 Musée Langmatt Baden


et aussi ceux " à la mode", comme Chéret, par exemple, et même des "modernes" comme Cézanne


Cézanne  Neige fondante à Fontainebleau 1880 MOMA New-York


et sa vibrante "neige fondante à Fontainebleau", qui, pour ce qui est de l' "impression" humide n'a rien à envier à la rue mouillée de Caillebotte



Caillebotte Rue de Paris, temps de pluie esquisse  Marmottan


J'ai gardé pour la fin le délicieux enfant dans les fleurs de Manet, mais je ne suis pas vraiment sûre que la couleur bleu turquoise vif des tentures de l'exposition, (censée, je suppose, être dans l'esprit du collectionneur, qui, on le sait, affectionnait les murs de couleur ( cf Giverny, jaune tournesol, bleu intense ) le mette particulièrement en valeur :


Manet  Garçon dans les fleurs ( Jacques Hoschédé) 1876 NMWA Tokyo


Pour sortir, on passe dans la salle basse de Marmottan, et au passage, un petit coup d'oeil sur les derniers chef-d'oeuvres de Monet, heureusement qu'il ne s'est pas fait opérer de la cataracte, lui !



Monet Le pont japonais 1924  Marmottan