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dimanche 29 septembre 2019

Bacon en toutes couleurs

Exposition "Bacon en toutes lettres"     Centre Pompidou

 

 

Bacon , Triptyque ( détail)   1967 Smithsonian Institut Washington photo Solvej



                           De Bacon, j'aimais déjà le superbe " Van Gogh in a landscape " dans la collection permanente du Centre Pompidou, et j'avais été traumatisée par le triptyque de Munich ( le noir Manet et le rouge Bacon ) mais c'est à peu près tout ce que je connaissais du maître irlandais. Et bien c'est une découverte !

D'abord, allez-y, Bacon, c'est beaucoup mieux " en vrai", les reproductions ne rendent absolument pas la somptuosité de la matière picturale, et on ne voit que le sujet, qui peut paraître plombant, j'en conviens.      

Dans un petit film très intéressant que l'on peut voir à la fin de l'expo, Bacon explique ( avec un air réjoui ) qu'il est un peintre de la vie, et je suis bien d'accord avec lui. Oui, il peint sa vie, avec ses hauts et ses bas, et d'emblée, cette sincérité touche énormément. Mais surtout, avec quelle virtuosité, quelle flamme, chaque tableau est une plongée dans une matière admirable, un vrai bonheur. Alors, le sujet, me direz-vous ? Quel sujet ? A la limite, les titres sont totalement inutiles . Et la "relation avec des ouvrages poétiques, littéraires, philosophiques ", qu'est-ce qu'on s'en fout ! ( enfin, moi...) Mais bon, il faut justifier le titre de l'expo. ( et puis il y a plein de gens que ça intéresse, je les vois avec des écouteurs dans des petits cubes en bois, dont on a le plan, et les textes, dans le dépliant ) . Mais j'y reviendrai.


Pour le moment, je goûte la beauté de cette peinture, quel que soit le sujet :


Triptyque mai/juin 73 ( détail) Coll p
photo Solvej



Evidemment en me renseignant, j'apprends que l'amant du peintre est mort dans les toilettes de l'hôtel, mais est-ce que cela change quelque chose ?



 Etude pour autoportrait  1976 Sydney
photo Solvej





La composition, avec souvent des lignes droites, est toujours remarquable. Par exemple, dans le tableau ci-dessus, remarquez la position du bleu et du rouge, complètement équilibrés par le rectangle noir. ( et le rond blanc )

Et puis il y a toujours, dans tous ces tableaux, un petit détail épatant, comme une lueur d'espoir, sans doute, dans les périodes sombres, florilège perso :


Triptyque inspiré par l'Orestie d'Eschyle détail ) 1981 Oslo
photo Solvej

Peinture mars 85 ( détail)  Coll p photo Solvej

Eau s'écoulant d'un robinet ( détail) 1982 Coll p photo Solvej

Dune de sable ( détail) 1981 Coll p     photo Solvej







































































 Je reviens aux textes : finalement, je les ai lus, et je reconnais qu'ils sont pertinents, ( je ne suis pas certaine que j'aurais aimé les entendre dits dans le sombre, mais...chacun son truc ) mais s' ils apportent de la connaissance ( les sources d'inspiration du peintre, par exemple) de l'explication ( le visiteur contemporain veut à tous prix " comprendre"...il faut dire que souvent dans ce qu'il a à voir il n'y a que le pourquoi du comment qui puisse présenter un mg d'intérêt ) ils n'ajoutent rien à une oeuvre géniale, magnifique, dont la sensibilité est immédiatement perceptible, sans la moindre notice.

Allez-y dare dare !

A la fin, dans la petite vidéo dont j'ai déjà parlé, le journaliste dit à l'artiste : " Pourquoi, avec le talent que vous avez, ne peignez-vous pas des roses ? " ( je cite de mémoire, ce n' est peut-être pas formulé tout à fait comme ça )


Triptyque août 72( détail) Tate G photo Solvej


On peut retrouver Francis Bacon sur You Tube, en plus il parle très bien français, ça change des rappeurs ...

mercredi 30 janvier 2019

Le noir (Manet) et le rouge (Bacon)

J.C.Dahl, Le matin après la tempête  1819      photo Solvej

Munich du 26 au 31 Décembre 2018      Samedi : Neue Pinakothek, Pinakothek der Modern, Asam kirche




La Neue Pinakothek va fermer pour deux ans de travaux...à partir du 1er Janvier 2019 ! Voilà qui explique l'énorme queue qui serpente en ce matin glacé devant le bâtiment...et en plus c'est gratuit ! J'eusse préféré que ce fut payant, je l'avoue et ne pas faire le pied de grue une heure et demie dehors...Mais bon, nous sommes (enfin) dans le temple du romantisme, et moi, le romantisme, j'adore ça.Je me régale dans la belle salle du voyage en Grèce de Carl Rottmann, je m'enchante du naufragé consolé par son chien de J.C.Dahl ( pas allemand, mais bon) et il y a aussi de merveilleux Delacroix, Géricault, Courbet, Corot, 



 Delacroix, Clorinda sauve Olindo et Sophronia   1856

l'été de C.D. Friedrich,  et bien d'autres, enfin, grands plaisirs...Dans les premières salles, deux merveilles :



Goya,  Dinde plumée  1808/12

Goya, mon grand amour, ses portraits sont incomparables, mais j'aime qu'il soit ici représenté par cette magnifique volaille, on comprend que Manet l'aimait tellement ! Ce noir !




Gainsborough, Paysage avec berger et troupeau   1784
photo Solvej


et ce somptueux paysage de Gainsborough, qui illumine toute la salle " anglais" de sa splendeur. Dans les anglais, je ne résiste pas au sourire de  ce coquin canin ...


Lawrence, Les deux enfants du Ier comte de Talbot
 ( détail) 1793
         photo Solvej



Dans cet " Orsay" local, on voit aussi beaucoup de petits "tableaux de genre", dont certains sont très séduisants, comme ces deux-là :


Adolf Hölzel, Prières domestiques   1890

Georg Friedrich Kersting, Jeune femme
 cousant à la lumière d'une lampe   1828






















et également beaucoup de " grandes machines" très ennuyeuses, Von Marées, curieux celui-là, Feuerbach, beaux portraits, Thoma, beaux paysages, Menzel, j'aime toujours,   Böcklin dans ses délires de nymphes et on arrive aux impressionnistes, mais on est tellement gâtés chez nous que les quelques uns qui sont présentés ne m'impressionnent pas vraiment, c'est le cas de le dire. Degas, Renoir et Monet, le pont d'Argenteuil, il a fait beaucoup mieux, Cézanne ( de 1870 ) tellement maladroit que je me pose des questions...En revanche, là, je ne m'en pose aucune :



Manet,   Le déjeuner dans l'atelier     1868

Ah, cet emploi du noir pur chez Manet, quel génie ! et ces dégradés de gris... C'est magnifique. Je retournerais bien au poulet de Goya, mais c'est trop loin. Nous terminons avec Vincent, les tournesols, mouais, toujours pas convaincue, un beau paysage d'Arles, un Gauguin pas mal pour une fois, Les quatre bretonnes, un grand beau portrait blanc de Klimt qu'on avait vu à Vienne et un nymphéa du Claude, mais pas le meilleur.




Il reste du temps, direction la Pinakothek der Modern, beau ( et immense, toujours) bâtiment au plan " en rond" qui me laissera perplexe, un peu comme le parking de Roissy. Impossible de faire un quelconque circuit " dans l'ordre "...


Ce sera donc aléatoire. En haut du pharaonique escalier, une sorte de gigantesque méduse en plastique...
Oeuvre ...??    photo Solvej




bien que j'aie deux pages d'explications (en allemand)
 je n'ai pas réussi à trouver le nom de l'auteur !   
photo Solvej
...suivie d'une salle entière de " créations" diverses et variées, mais plutôt désopilantes

...j'imagine le travail pour faire la poussière, là-dedans...

surtout ce genre de truc   photo Solvej










et même un canapé qui brûle !   photo Solvej



















 ...suivie d'une autre salle dans le noir où il y a toutes sortes d'assemblages hétéroclites, vidéos, bruitages...bon, je ne m'ennuie pas, mais je me dis que ce musée va être très vite " fait " !




Erreur : on arrive enfin aux choses sérieuses. Alors, dans le désordre ( à cause du plan ! ) Twombly, Miro, Picasso, Jorn, Klee, Marc, Braque, Manguin, tout le monde est là, et  j'en oublie c'est sûr ( je n'ai retenu que mes préférés ). Une fois de plus, un superbe Kandinsky:



Kandinsky,  Improvisation-Rêverie 1913

splendide composition, d'un équilibre remarquable, et dynamisée par ce ballet de taches rouges

rouges aussi, la robe dans ce tableau de Munch*, et le tout petit carré de la maison derrière, une composition elle aussi pleine de mouvement ( toutes les courbes ) mais stabilisée par ces deux rouges

Munch, Rue de village en Aasgardstrand 1902




rouges encore, Hans Hoffman et Asger Jorn

Hans Hofmann, Paysage 1939

Asger Jorn, La parodontite des aigles 1958






Francis Bacon, Crucifixion triptyque 1965



Mais incontestablement, le grand choc de ce musée, pour moi, c'est la Crucifixion de Bacon, une oeuvre d'une puissance exceptionnelle, assez terrifiante ( je ne la mettrais pas dans mon salon ) mais lorsque l'on est devant, on est véritablement saisi à la gorge, par le tragique à la fois "baroque" compulsif des morceaux de chair, ce fond sanglant, et la glaçante géométrie du décor. J'ai lu que Bacon n'était pas religieux, sans doute ici il n'y a pas de résurrection possible, aussi tout le monde fait silence. Désespérant mais grandiose.



Prendre un tram et marcher jusqu'à la délicieuse Asam Kirche, une sorte de super pâtisserie rococo ( adeptes du minimalisme, passez votre chemin ) nous fera terminer la journée sur une note plus tendre.

Asam Kirche     photo Solvej


Et à propos de pâtisserie, une petite crème bavaroise chez Zum Durbräu pour finir en douceur !



délectable !     photo Solvej
* Il semblerait que j'aie un peu mélangé...et les cartes postales, et les souvenirs, car ce tableau de Munch est à la Neue Pinakothek, et non à la Pinakothek der Modern, comme je le croyais...errare humanum est !

mercredi 28 mars 2012

Après Matisse

Le Centre Pompidou



portrait de jeune fille 1914   Pablo Picasso





Comme cela fait très longtemps que je n'ai pas traîné à "Beaubourg", et que finalement, j'ai "expédié" Matisse assez vite (et puis, bien sûr, il y avait foule...) l'envie d'un dialogue plus "solitaire" avec les oeuvres me prend et je descends deux étages (et d'ailleurs j'en remonte un aussitôt, et à pied, on ne peut pas accéder au "haut" par l'escalator, encore une bizarrerie architecturale..ou plutôt, vraisemblablement, encore une restriction budgétaire côté gardiens !) pour baguenauder à mon aise dans le "fonds".


       Une très grande nature morte de Braque me "cueille" dès l'entrée. Magnifique harmonie sourde, et ce trait faussement incertain, les différents traitements selon la matière...un régal !

fruits sur une nappe et compotier 1925 Georges Braque


Malheureusement, bien sûr il n'y a pas de carte postale reproduisant cette oeuvre, et je ne l'ai pas trouvée sur Internet. A la place je vous offre celle-ci qui lui ressemble beaucoup...





















 Au  détour d'une salle "cubiste", (pas vraiment ma passion, le cubisme...)  je vérifie le "théorème de Ruysdael (au milieu d'une foule de petits paysages hollandais, il y en a un qui est beaucoup plus beau que les autres : approchez, c'est Ruysdael (Jacob, attention, pas Salomon, il y en a 2) mais cette fois -ci c'est Picasso : la maîtrise du portrait de jeune fille, à la belle harmonie froide, et l'oeil ovale de la petite fille (qui semble poser telle une Gilberte aux Champs-Elysées)  m'enchantent.



fillette au cerceau 1912  Pablo Picasso
Il faut beaucoup de kilomètres  de compositions immenses et ennuyeuses ( à part quelques Kandinsky 1ère manière, aux
couleurs éclatantes et les projets d'un architecte fou dont j'ai oublié le nom qui envisageait de faire passer les voitures sous la Seine, bonne idée, dommage qu'il n'ait pas persisté....)
          pour arriver enfin à quelques bribes de rêve sensible, poésie de petits Klee, force expressive d'Eugène Leroy
 (quel dommage qu'il n'y ait que quelques croquis de nus)
 délires "bruts" de Dubuffet, et puis ce paysage de Bacon
(et aussi quelques portraits) dans lequel je me perds,
enchantée un long moment et qui sera décidémment mon préféré pour aujourd'hui.


Il n'y a pas Lucian Freud, il n'y a pas David Hockney .
(ou alors ça m'a échappé !)
Allons à Londres.
Van Gogh in a landscape  1957   Francis Bacon