Affichage des articles dont le libellé est Ribera. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Ribera. Afficher tous les articles

vendredi 6 décembre 2024

Ténèbres et illusions perdues

Ribera, Lamentation sur le Christ mort 1620/23    National Gallery Londres    @Solvej




Exposition " Illusions ( conjugales )  perdues " Maison de Balzac

Exposition " Ribera Ténèbres et lumière "  Petit Palais 


C'est toujours un bonheur d'aller faire un tour sur les hauteurs de Passy, vers

Evidemment par rapport à Balzac
 il y a un léger anachronisme   @Solvej



la délicieuse maison de Balzac, qui a vraiment conservé son atmosphère romantique, et de se garer au coin de la rue Berton, exquise ruelle fort étroite et fort évocatrice sur laquelle donne une porte par laquelle le romancier  s'échappait pour fuir les créanciers ...

Et puis, voilà une idée de nouvelle "série", ( on a déjà Dumas Des maîtres et des chiens ) quoi de plus émouvant que ces " petites tables " où le génie s'exprimait

Toute la Comédie Humaine sur une
si petite table ! 
 @Solvej

"Cette petite table, elle appartiendra à ma chérie, à mon Eve, à mon épouse, je la possède depuis dix ans, elle a vu toutes mes misères, essuyé toutes mes larmes, connu tous mes projets, entendu toutes mes pensées, mon bras l'a presque usée, à force de s'y promener quand j'écris ".
lettre de Balzac à Mme Hanska, 24 0ctobre 1833

La maison elle-même est tout à fait charmante, les murs de  la plus grande pièce sont recouverts  de citations ( les opinions des "collègues" sur Balzac, pas toujours admiratives d'ailleurs,  c'est très amusant à parcourir ) et en partant on visite la jolie cuisine "dans son jus" et son placard secret qui renferme les portraits des copines  ❤️ du maître, parmi lesquelles George Sand ? ça m'étonnerait !!

L'exposition est au sous-sol, le thème sur le mariage arrangé au XIXè siècle, souvent traité en effet par Balzac, nous montre une quantité de dessins et gravures très drôles, et très virtuoses, des grands crayons de l'époque, Daumier, Gavarni, Granville etc..

Florilège :


Daumier, Le lendemain de noces
 " Je suis heureux!!...,"Le Charivari 8/3/1839
 @Solvej



Gavarni, Fourberies de femmes 
2è série 
 @Solvej



Gavarni, Fourberies de femmes
2è série 
 @Solvej




Granville , Un mariage de raison 1829  @Solvej





































et mon préféré :


Gavarni, Les parents terribles " -Celle-là peint "
Le Charivari 11/2/1853  
 @Solvej


Evidemment après ces plaisantes et salutaires distractions, la magnifique exposition Rivera du Petit Palais nous plonge dans un tout autre univers.


J'ai toujours beaucoup aimé celui que ( je sais je l'ai déjà dit mais ça me plaît tellement ! ) les napolitains appellent Jusepe  et les madrilènes Jose. Dans ces deux voyages je me souviens particulièrement de la magnifique descente de croix de la Certosa di San Martino à Naples et des saints François et  Jérôme de Madrid.  Mais ici il y a une salle entière de descentes de croix ( je choisis celle que j'ai mis en titre)  et ce  saint Jérôme très caravagesque, j'adore

 

Saint Jérôme et l'ange du Jugement dernier
1626 M Capodimonte Naples


Au-delà de la technique éblouissante, des jeux de clair- obscur initiés (et magnifiés ) par Merisi, il y a chez Ribera une expressivité bouleversante,( son côté italien ) sans doute  plus extérieure, plus théâtrale que chez Caravage, mais quel souffle



Sainte Marie l'égyptienne 1641
 M Fabre Montpellier

Saint Antoine de Padoue 1636
Museo de la RABA de San Fernando
Madrid
























et quelle magnifique maîtrise aussi des harmonies de bruns et de gris ( ça c'est son côté espagnol ).


Et puis, des compositions tellement parfaites, en clignant des yeux on verrait presque une abstraction

Vénus et Adonis 1637 Galleria Corsini Rome

 
Le jugement de Salomon 1609/10
Gall Borghese Rome


Enfin on va d'émerveillement en émerveillement, tant ce regard empathique sur la misère humaine ( le pied-bot, la femme à barbe et quantité d'autres ) et plein de confiance et de révérence pour la grandeur de Dieu est porté par un pinceau sans erreur et sans doute  ( j'ai lu sur un cartel que sa vitesse d'exécution était prodigieuse, ça ne m'étonne pas ) D'ailleurs sa signature est très révélatrice,  à la calligraphie  toujours parfaite, gravée sur un marbre ou tracée sur le sable, selon l'oeuvre, et même sur un papier déchiré par la jalousie de ses collègues ! ( le serpent )

Le Silène ivre ( détail) 1626
M Capodimonte Naples


Le grand art n'est-il pas dans le petit détail :

Madeleine pénitente ( détail) 1641
Prado Madrid

L'adoration des bergers,( détail) 1650
Louvre

























Peau de mouton du berger, ou soierie de la Madeleine ( il a bien étudié Titien )  on atteint la perfection ...


Saint Sébastien ( détail) 1651
Certosa di San Martino Naples


...et que dire de la poitrine de Saint Sébastien ...( sinon que cela me rappelle combien j'en ai bavé sur celle d'Alexandre ! Le portrait de mon gendre )

Enfin j'ai assemblé ces trois tableaux, qui me paraissent résumer toute l'oeuvre de Ribera : expressivité, composition, humanité. Et un poil d'étincelle divine !


Le Silène ivre ( détail) 1626
M Capodimonte Naples

La délivrance de saint Pierre 1613/14
Gall Borghese Rome

Saint Sébastien 1651
Certosa di San Martino Naples





















Finissons là où l'on commence, par le dessin, et évidemment un peintre aussi talentueux ne peut qu'être également un merveilleux dessinateur  ( et Dieu sait si la sanguine est une technique difficile, la plus difficile peut-être)


Une chauve-souris et deux oreilles 1620/23
 Met MA New-York



et la devise inscrite sur ce dessin : Fuget semper virtus , " La vertu brille éternellement " ...

Les historiens de l'art qui ne peuvent pas s'en empêcher ont trouvé plein de remarquables explications à ce chef-d'oeuvre mystérieux, je ne suis pas convaincue..?

Vous avez une heure.



vendredi 5 avril 2024

Trésors cachés

 

Tintoretto, La Cène  (détail)    1533/66  

 




La peinture dans les églises de Paris : Saint François-Xavier

                                                                 Saint Thomas d'Aquin 



Et bien cachés, car je suis venue pour voir un Tintoret, et point de vénitien à l'horizon dans ce  vaste et assez lugubre édifice, ( bien que  très richement décoré, on est dans le VIIème, hein !)  quasiment désert, en plus, hormis une improbable forme endormie sur un banc près de l'autel.


Somptueuse mais bien vide..;@Solvej 


Nous cherchons. Un grand tableau 19ème, un peu Manet,un peu Caravage,  attire mon attention :

Henri Lerolle,  La Communion des Apôtres 1878
@Solvej

Pas mal, ma foi. Une découverte. Mais après, ce ne sont que sombres bondieuseries, on s'ennuie un peu. Mais, tiens, enfin ! le cartel du Tintoret. La porte est fermée à clef, celle d' à côté, non, je rentre. Une dame un peu guindée me demande ce que je veux : mais oui, "il " est là, et même, elle allume l'éclairage. 👏🏻

Merveille ! 

Tintoretto, La Cène       1533/66             @Solvej
 


Mais pour l'apprécier vraiment, mieux vaut trouver une bonne photo sur Internet :


Tintoretto, La Cène     1533/66  


Ce chef-d'oeuvre serait sûrement mieux au Louvre,  c'est sûr,  mais au moins ici on est tous seuls pour l'admirer.  Cette nappe d'un blanc pur, éclairée en fait par la lumière du Christ, quel effet ! comme on aurait dit au 19è siècle.  Et le "disciple qu'il aimait", qui pique un petit somme...et Judas qui cache la bourse avec les trente deniers au premier plan, on peut rester un bon moment devant cette splendeur.



Tintoretto, La Cène  (détail)        1533/66
@Solvej 


Je comprends qu'ils le planquent, par les temps qui courent...Mais il y a aussi à voir à St François-Xavier d'autres belles surprises ( toujours aussi difficiles à photographier, pardon ) :


Giordano, Le crucifiement de St Pierre      1634
@Solvej 

Ribera, Copie de  La déposition de croix   1628/30
@Solvej



















Un vrai Giordano, plus une copie de Ribera pas extraordinaire, et un "anonyme vénitien" magnifique:


"Anonyme vénitien "                              @Solvej



Et l'autre chef-d'oeuvre de l'église ? Eh bien, caché, lui aussi, et dans la "Sacristie des prêtres", moins accessible...on risquerait de trouver Mr l'abbé en petite tenue  et celui qui est là ( habillé, ouf! ) me fait remarquer "que à titre exceptionnel, je peux regarder le tableau 30 secondes " :


Lubin Baugin, Vierge à l'enfant avec
St Jean-Baptiste et Ste Geneviève              1650
@Solvej


Dommage, car il est vraiment ravissant. Encore une découverte pour moi, je ne connaissais de Baugin que la jolie nature morte avec la mandoline du Louvre.

Sur le chemin de notre autre italien du jour, comme toujours de jolies photos à faire :


Potentilles ? Lysimache ?
Millepertuis ?ou simplement bidens,
mais ça me paraît un peu tôt
@Solvej

Ma tasse de thé ( de café, plutôt )
@Solvej























Je me demande quelles fleurs printanières composent  cette cascade ensoleillée ?

St Thomas d'Aquin, c'est tout aussi sinistre que la précédente, plus petit mais encore plus vide.  Le choeur baroque est assez décoratif, mais le reste est bien bien sombre, impossible même de voir le Guercino pour lequel nous sommes venus :


Joli choeur baroque            @Solvej

Guercino, La Vierge apparaissant
 à St Jérôme 1650 ( derrière un lustre !)
@Solvej






















Entre le non-éclairage, le vernis brillant, les confessionnaux et le lustre...bon, retour à l'ordi :


Jean Restout, Transfiguration
1755/60

Guercino, La Vierge apparaissant à St Jérôme               1650





















Même problème pour la belle Transfiguration de Restout.










Moi qui garde le souvenir ému de l'Angelo Custode de Rome, je me sens frustrée.







Mais Tintoret m'a comblée. Je passerais bien plus de temps devant assise dans ce joli fauteuil :


 Pas forcément confortable...
@Solvej

Une porte magnifique
@Solvej

C'est l'heure de rentrer, en admirant au passage les beaux édifices de ce quartier privilégié,  ambassades, consulats et ministères  ( Matignon, entre autres ). 

                                            A propos de privilèges, vous avez vu la plaque sur ce somptueux hôtel particulier ? ( en face de chez Mr Attal ) :

Idéaux mis en pratique !
@Solvej


Pour des encartés au PC !!!  😂   Ah y créchaient pas dans le neuf treize...


 

mercredi 24 janvier 2024

Je reprendrai bien un peu de Goya

A l'angle du Paseo de la Florida et de la calle Mozart,
il y a un club de skate



Madrid du 1 au 7 Janvier 2024                  Jeudi : Ermita de San Antonio de la Florida     Galería de                                            las Colecciones Reales  

                                                                                                    



 C'est au bout d'une très longue avenue bordée d'immeubles banals que se cache le charmant Ermitage de San Antonio de la Florida, précédé d'une fresque Street art qui nous conforte dans l'idée que nous sommes dans la bonne direction !  Cette petite église un peu éloignée du centre touristique abrite le tombeau du maître et un ensemble de fresques que je ne manquerais pour rien au monde.

Et en effet, je ne pensais pas pouvoir encore ajouter à l'enchantement d'hier, mais si !


Vue d'ensemble des fresques depuis le côté gauche                         Goya 1798



Merci @Culturez-vous

Cette coupole centrale, qui forme comme un balcon où le miracle se produit, avec des gens qui le regardent, et d'autres qui nous regardent, grande idée ! ( peut-être inspirée par des italiens genre Piazzetta/Tiepolo ?) Et tout cela soutenu par les anges ravissants qui sont en-dessous. Merveille.

On ne peut pas prendre de photos, aussi j'ai dû piocher sur Internet ces documents qui sont bien loin de rendre justice à la splendeur de cette petite chapelle ! On resterait là des heures, à découvrir chaque exquis détail :

Détail coupole

Détail coupole

Détail coupole

C'est vraiment le bonheur ...Après cela, c'est sur un nuage que nous nous dirigeons vers le Palais Royal, prochaine étape, qui n'est pas si loin. Que je crois. Mais j'ai l'impression que je n'ai pas vraiment pris l'échelle de Madrid, cette belle et grande, très grande, ville ...et assez en pente ! Et quand enfin ( aïe nos pieds ) nous atteignons ce magnifique édifice, on redescend dare-dare de notre nuage en voyant la queue des gens qui ont un billet ( pas nous ) et celle de ceux qui n'en ont pas :

Le Palacio Real
depuis les jardins Sabatini

La queue...en fond la Cathédrale de la Almudena

















Donc, on oublie. Mais après la cathédrale, il y a le Musée des Collections Royales et là, il fait chaud et il n'y a personne ( et c'est gratuit pour les seniors, mais attention, on me demande ma carte d'identité : quels flatteurs, ces espagnols ! ) Et comme souvent, à quelque chose malheur est bon, parce que ce Musée est remarquable, d'une richesse hallucinante, et une fois de plus, on pourrait y passer trois jours!


Juan de Flandes, Polyptique
 d'Isabel la Catholique 1496/1504


On commence par l'étage " Austrias ", et ce délicieux " Polyptyque d'Isabel la Catholique ",  ( mais à cette allure là on n'arrivera jamais au bout ). Il y a pléthore d'objets d'art admirables , de tapisseries, de meubles, de carrosses,  et on retrouve nos chéris d'hier :

Dürer, 1503 Iris


Titien, Christ crucifié 1565





















Je ne sais plus si c'était à cet étage, peut-être plutôt à l'étage "Borbones " , mais cette superbe tapisserie, d'après un carton de qui ?

Tapisserie d'après Rubens

De Rubens, bien sûr. J'aurais pu photographier l'ensemble du musée, mais il faut bien se limiter, aussi :

Vitrine avec Vierge de la
Conception XVIIIè siècle

Nécessaire d'église en corail Sicile XVIIIè siècle




















Deux favoris. 

Et encore des chefs-d'oeuvre, un superbe accrochage de ces trois là qui vont très bien ensemble :

Caravage, Salomé avec la tête
de Jean Baptiste 1607

Ribera,St François
dans le roncier 1632

Seghers  Herodiade et Salomé
avec la tête de Jean Baptiste 1630 













C'est fou à quel point le rouge circule bien entre ces trois tableaux 
( qui sont alignés dans le musée, mais désolée, Blogspot ne veut pas ) ( les aligner )

En face un cheval énigmatique, qui attend son cavalier depuis plusieurs siècles :



Velázquez, Cheval blanc  1638

                                Très bel effet de le présenter ainsi, au milieu ( comme un certain Caravage à Syracuse )  et pas contre un mur.
 

Et enfin voici les tapisseries exécutées d'après les cartons de Goya qui nous ont éblouis hier au Prado :


La gallina ciega
  
El pelele





















Ravissant et très intéressant à observer de près, le travail des artisans est extraordinaire. Mais observer de près, pour comprendre vraiment un artiste, n'est-ce pas toujours indispensable ?

 


Goya, Charles IV en uniforme de
colonel de la Guarde Royale( dét)  

Goya, La reine Marie-Louise de Parme en
robe de cour ( détail) 1800






Voilà pourquoi j'aime tellement Goya ...