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lundi 18 novembre 2024

La grive et les raisins

 

 
Houdon, La grive morte 1775
 Coll p  @Solvej

Largillierre, Deux grappes de raisin
1677 Fond. Custodia 
@Solvej

















Exposition "Le trompe-l'oeil de 1520 à nos jours"  Musée Marmottan Monet 



Non, ce n'est pas une fable de La Fontaine inédite...mais   deux raisons amplement suffisantes d'aller jusqu'au Musée Marmottan voir des trompe-l'oeil, un genre qui eut beaucoup de succès aux 18è/19è siècle, et au vu de l'abondance de visiteurs, encore maintenant.

Evidemment c'est un art facile, un art de l'épate, y a rien à comprendre, juste à s'extasier genre " on croirait des vrais ". C'est un peu décevant, d'ailleurs, parce qu'il me semble avoir vu des verres ( à boire)  bien plus parfaits chez le fameux team Claesz/Heda, par exemple , et des mouches bien plus réalistes sur n'importe quelle nature morte du Mauritshuis ou du Rijk. Il y a quand même un verre  ( de cadre ) cassé de Boilly qui m'épate vraiment :



Louis-Léopold Boilly, Un trompe-l'oeil 1805
Coll p  
@Solvej



 Chapeau bas. On s'y couperait. Mais enfin cette succession de petits papiers pliés, billets, lettres et autres bésicles finit par ennuyer un peu. Ca me rappelle les " études doc'" chez Penninghen qui m'avait suggéré un bel avenir de faussaire...

Solvej, Argent 1965

Il exagérait un peu !



Une petite frivolité bienvenue,

Jean Pillement, Trompe-l'oeil avec ruban turquoise
devant le paysage de la campagne portugaise
ca 1800 Coll p   
@Solvej

Liotard, Trompe-l'oeil au portrait de
Marie-Thérèse d'Autriche 1763 
@Solvej















 
 

oh! le ravissant ruban bleu,  et ce mystérieux portrait derrière son couvercle (qui ne coulisse pas, mais non) ravivent un peu l'intérêt. Et puis dans les trompe-l'oeil modernes il ya quelques gags ( mais c'est plus drôle chez Magritte et plus intrigant chez Dalí ) ( ou l'inverse )

Pierre Ducordeau, Tableau en
 déplacement 1966  
@Solvej

Henri Cadiou, Transcendance
 spatiale 1960  
@Solvej


























Pour finir on a même droit à un costume de camouflage pour chasseur ou soldat !! ? Enfin bref, une exposition très chic et très ronflante  qui ne me laissera pas un  souvenir impérissable.

J'ai gardé pour la fin ( mais les photos sont au début 🙃)  l'exceptionnelle grive dont la finesse d'exécution fait oublier le marbre froid, bien sûr les plumes sont merveilleusement rendues, mais je n'appelle pas ça un trompe-l'oeil, j'appelle ça une sculpture, et des plus belles, et les deux grappes de Largillierre, mais je n'appelle pas ça un trompe-l'oeil, j'appelle ça un chef-d'oeuvre de peinture.



Largillierre, détail  @Solvej

Et un grand bonheur.



En sortant de l'expo, on a droit à l'inévitable ( maintenant) "résonnance"  contemporaine, sur laquelle je n'ai strictement rien à dire, à part que ce sont des grands formats ...la peinture de Carole Benzaken n'étant  ni enthousiasmante, ni énervante. Mais la résonnance en question en fait c'est avec les Monet si je lis le cartel, j'avoue que je ne vois pas très bien le rapport :


Carole Benzaken, Magnolia (37)
2024  
@Solvej



mais en vérité on s'en fout, parce que Monet n'a pas besoin d' écho, il résonne très bien tout seul



Monet, Vétheuil dans le brouillard ( détail)
1879  
@Solvej

Monet, Vallée de la Creuse effet du soir ( détail) 
1899    
@Solvej


et c'est le grand avantage de ce Musée, d'avoir ce merveilleux bonus en partant ...

Et même,  on s'est fait  plaisir en grimpant jusqu'à l'étage se prendre un petit rab de Morisot !

vendredi 13 septembre 2024

On trouve tout à la Samaritaine


Largillierre, Portrait présumé de Madame la duchesse de Beaufort 1714





Musée Cognac-Jay     Exposition Luxe de poche , Collection permanente


Ah, sans aucun doute 😊, dans le temps, mais pas tous les précieux  objets rassemblés ici ! Ce ne sont que tabatières, flacons, boîtes à pilules et à messages, étuis aux formes extravagantes, et d'une ornementation, d'une richesse et d'un art incroyables, destinés à démontrer l' opulence de leur propriétaire ( à défaut d'être toujours fonctionnels ! ) . C'était quand même plus classe que d'exhiber le dernier I-Phone...🧐 

Etui à flacon en forme de
bouquet d'oeillets 1760

Ensemble d'étuis à messages 
en forme d'asperge 1770





             On passerait volontiers des heures à                                     admirer tout cela !







Mais comme l'on sait, c'est la peinture qui m'occupe en premier, et  grâce à la Samaritaine, les époux Cognac-Jay ont constitué une incroyable collection de chefs-d'oeuvre, essentiellement XVIII ème siècle, tous mes préférés sont là :

Greuze, Petit garçon au gilet rouge 1780 

Vigée Lebrun, Louise-Marie-Adélaïde
de Bourbon, duchesse d'Orléans 1789






















Fragonard, Portrait de jeune garçon 
avec un chapeau à plumes 1788






Quentin De La Tour,  Autoportrait
 au jabot de dentelle
 1750

















                                                 Et mon chéri Quentin...qui ridiculisa le pauvre Perroneau avec cet autoportrait.( il a l'air content de lui, d'ailleurs, le bougre ! ) 


Sans oublier bien sûr le sublime Largillierre ( en haut ).L'art du portrait atteint là des sommets difficilement égalables... 

Petite exception au XVIIIème siècle français, un bel arbre hollandais :


et aux portraits, une minuscule nature morte  et un intérieur intrigant :

Chardin, Nature morte au chaudron
 de cuivre
 1735

Hubert Robert, Vue de la cellule du baron
 de Besenval à la prison du Châtelet
 1790


Hubert Robert est toujours un artiste d'une étonnante singularité :

Hubert Robert, L'accident ( détail) 1790/1804

Je reste fascinée par ce moment effrayant, qui me fait penser que la vie n'était pas toujours idyllique au siècle des Lumières !  ...et me rappelle un Goya du Prado :

Goya, El albañil herido
1787 Prado
C'était " après " !!




Décidément, le quartier du Marais abrite des musées exceptionnels, en plus de celui-ci, le Musée de la Chasse & de la Nature , le Musée Picasso,  le Musée Carnavalet, et aussi un exquis fournisseur de dîners tous prêts pour visiteurs fatigués après expo :  la pâtisserie Pain de sucre rue Rambuteau 😋

 

 



  
 
 



dimanche 20 mars 2022

Nicolas, Hyacinthe et mon petit Marcel

Musée Carnavalet 

Exposition Marcel Proust, Un roman parisien 

 

Jacques-Emile Blanche, Portrait de Marcel Proust 1892

 


 

Le musée Carnavalet ( rénové récemment ) est un endroit formidable pour emmener les jeunes pousses...Il regorge de choses passionnantes, et une visite aux vacances de la Toussaint ne suffit décidément pas  à étancher les ardeurs juvéniles !   ( mais à mettre définitivement sur les rotules la grand-mère qui accompagne ! ) L'histoire de Paris est évidemment un sujet inépuisable...Je passe sur les époques paléolithique, romaine, moyen-âge etc...Le 18è siècle présente à ma lycéenne avertie des tas de figures connues : Molière, La Fontaine, Louis XIV, à propos, je m'interroge une fois de plus sur le relatif anonymat dont jouissent deux peintres majeurs à mes yeux, Nicolas de Largillierre et Hyacinthe Rigaud. Ces deux portraits sont admirables :


Largillierre, Portrait d'un échevin parisien( fragment) 1702 photo Solvej  

Rigaud, Portrait d'homme ca 1700 photo Solvej

Je découvre aussi des  consoeurs dont j'ignorais jusque là le talent :
 
 
 
Marie-Geneviève Bouliard, Portrait d' Adélaïde Binart 1796 photo Solvej

 Bouliard, Binart, ça va être dur de mémoriser ( en plus de Vigée-Lebrun et Labille Guiard ! )

 
Je parlerai plus bas du 19è siècle, et de la chambre de mon idole Marcel Proust.

Vers la sortie, je m'arrête devant une autre oeuvre féminine, l'excellent portrait de Natalie Barney, et son harmonie de gris si subtile : 
 

Romaine Brooks, Portrait de Natalie Clifford Barney, dite "L'amazone" photo Solvej

 
Une après-midi d'automne très riche ! 
                                                             
                       
                         Ce printemps, retour à Carnavalet, non sans mal le dimanche, merci à la Mairie de Paris pour le parcours du combattant/Marais, (même en scooter c'est inaccessible), accompagnée de mon proustien de mari. Voilà une superbe exposition, malheureusement il y a énormément de choses à lire ( et des rassemblements devant chaque cartel ). Pour les amoureux de la Recherche, dont nous sommes ( j'en suis à ma quatrième lecture ) c'est un pur bonheur. Ce ne sont qu'objets ravissants, manuscrits illisibles, photos de famille et de Paris à l'époque, bref, un must. Il y a aussi, bien sûr la chambre de Marcel   ( déjà vue en Novembre ) et d' inconfortables petites cellules très prisées où l'on peut écouter les textes lus par les voix divines de Lambert Wilson ou André Dussolier...Mais le plus beau, le plus émouvant, c'est ce petit film de Céleste Albaret, sa gouvernante, qui raconte comment un soir, fou de joie, Marcel lui annonça cette grande nouvelle : " J'ai mis le mot "Fin", Céleste ! ".

Moi aussi j'ai mis le mot "Fin", mon petit Marcel, à ma série "25 vues du Mont Ventoux " ! ( prochain article).

 
De toutes les nombreuses, plus ou moins remarquables, peintures que présente l'exposition, en plus évidemment du merveilleux portrait de J.E.Blanche bien fréquenté à Orsay, je choisis celles-ci :
 
 
                          Toujours J.E.Blanche, cette tache bleue ! Gonflé, avec ce rouge et ce vert :
 
J.E. Blanche, Le parterre de myosotis 1890          photo Solvej

 
Un clin d'oeil à Whistler, celui-là n'est pas mal non plus :

 
Antonio de La Gandara, Portrait de Robert de Montesquiou 1892 photo Solvej
 
                 
                       Cette ravissante gravure :


Pierre Gatier, Avenue du Bois 1907   photo Solvej
 
 
 
Et of course, un sublime pastel ( comme quoi, pour les génies, la beauté se trouve partout :
 

Vuillard, Le métro " Station Villiers" 1907 photo Solvej


 
Retourner aux piétonnières foules dominicales du Marais, ( et marcher jusqu'au scooter loin, loin ) où je n'ai croisé ni Oriane ni Palamède, ni même Jupien, mais sans doute de nombreux Verdurin, fut difficile...



vendredi 12 juin 2015

Largillierre, french painter






Le château de Coughton Court     photo Solvej





Petite escapade anglaise            Coughton Court

 Traverser le Channel,  ( même avec Eurostar ) c'est toujours une expérience fascinante et incroyablement dépaysante. Mais comment diable font ces anglais pour que même la campagne paraisse aussi soignée ? Pas la moindre mauvaise herbe ( weed ) à l'horizon. Et ne parlons pas des jardins ! Moi qui étais fière du mien, et des énormes efforts que je lui consacrais, je le vois maintenant comme une vulgaire jungle, un " harmas ( friche en provençal ) comme dirait mon pote J.H.Fabre...Mon amie m'emmène visiter un lieu charmant, petit ( ! ) château toujours habité d'ailleurs par la famille Throckmorton, Coughton Court, situé dans le Warwickshire, non loin de chez elle.
C'est une belle demeure remplie de souvenirs de famille et de beaux meubles anciens, il y a des tas de trucs rigolos ( une trappe pour permettre au curé de se cacher suspendu à une corde ! ) ( et même la chemise de nuit de Marie Stuart ) ( car c'était une famille très catholique ) et beaucoup de portraits d'ancêtres plus ou moins réussis.
Mais dans un coin de petit salon, près d'une cheminée, un tableau me happe immédiatement :




Nicolas de Largillierre   Portrait d' Ann Trockmorton  Coughton Court      photo Solvej




Superbe portrait, à l'expression pleine de noblesse et de douceur, magnifique rendu des mains, du verre, des tissus...je vais chercher la liste des tableaux : mais oui, Nicolas de Largillierre, ce portraitiste majeur du 17/18ème siècle ( qui vécut assez longtemps, 90 ans, pour connaître Louis XIV,  le Régent et Louis XV ) un français, ah ! ah !! en ces jours de  "Waterloo commemoration ", je peux me rengorger un peu. Je n'ai pas trouvé de meilleure reproduction de cette merveille, mais un autre portait de cette aimable religieuse, aussi de Largillierre, mais vraisemblablement plus ancien , car elle paraît beaucoup plus jeune :





Nicolas de Largillierre   Portrait d'Elizabeth Trockmorton  1729  National Gallery Washington




 Au-delà du "portrait " de cour, genre obligé à l'époque, je trouve que Largillierre, en plus de son extraordinaire virtuosité, sait rendre ce fameux supplément d'âme, à l'instar de Quentin de La Tour  ou de Goya. En tous cas, j'aurai épaté les amis anglais qui n'avaient jamais entendu parler de lui.
Bon, ils ne sont tout de même pas en reste...Gainsborough, Lawrence, Raeburn etc...

Cette ravissante, avec sa somptueuse tenue ( ah ! le rendu du velours bleu ) n'avons- nous pas l'impression de la connaître ?






Largillierre  Portrait d'une dame 1714   Coll privée




Après cette découverte exaltante, nous visitons les jardins...Là, je n'ai plus rien à dire ! ( juste à m'extasier )



photo Solvej




photo Solvej

Post-Scriptum :   Et Pan sur le bec, comme on dit au "Canard enchaîné "


En regardant de plus près le merveilleux portrait de Largillierre, je m'aperçois ( il serait temps !!  Ecrit trop vite, cet article...) qu'il est écrit en haut : "Ann Throckmorton " ...Une petite recherche m'apprend que les 2 portraits datent de 1729, donc, au temps pour moi, il semblerait qu'il y avait deux religieuses dans cette famille, je suppose les deux cousines (?), puisqu'elles se ressemblent tout de même pas mal, Ann  ( 1664- 1734 "daughter of Francis " c'est écrit en haut ) et Elizabeth ( morte en 1760, "daughter of Robt ") et que toutes deux furent abbesses à Paris, au couvent des Dames Augustines Anglaises. Enfin, ça ne change rien au génie de Largillierre...