Fantin-Latour 1866 La table garnie (détail) Musée C. Gulbenkian Lisbonne photo Solvej |
" A fleur de peau " Exposition Fantin-Latour au Musée du Luxembourg
...que par les gens qu'on aime ( bis ! ) ( voir "Premier amour"). Je me rends compte à quel point il est important, indispensable, dans ce monde gavé de belles images sur écran, d'aller voir les oeuvres en vrai. Avant de partir, j'ai dit à mon mari " Fantin-Latour est insurpassable sur les fleurs, personne ne fait cela mieux que lui". Et bien, c'est faux ! C'est une idée que j'avais en collectionnant sur Internet les reproductions, toutes plus belles les unes que les autres, de ses oeuvres....
Je ne les avais pas regardées, à Orsay, par exemple, depuis quelques lustres. Il me semblait que la nature était magnifiquement rendue, la fragilité des pétales, les tiges ployées, les différentes textures,
Que nenni ! Tout cela est minutieux, élégant, apprêté, on sent le bouquet décoratif " à la hollandaise ".
Mais la vraie fleur qui vit, qui embaume et qui fane, je la cherche.
Quant aux cerises, c'est simple, on dirait qu'elles sont fausses. Il n'y a guère que les roses pour me bluffer un tantinet.
Fantin-Latour 1889 Les roses ( détail ) Musée des Beaux-Arts de Lyon photo Solvej |
Et encore, je suis bien plus sensible au superbe pichet de verre bleuté...
En fait, ce Fantin là, son grand truc, c'est tout ce qui est objet, oui, là, je leur trouve une âme, à ces objets inanimés. Un sucrier craquant...
Fantin-Latour 1866 Fleurs d'été et fruits ( détail) Toledo photo Solvej |
Tiens, ce compotier me rappelle quelque chose...
Fantin-Latour 1872 Nature morte à l'aubépine et bol japonais ( détail) Dallas photo Solvej |
Solvej Melon et un compotier de cerises Pastel 48x36 /2001 |
...mais on ne va pas faire un concours ( je perdrais, à coup sûr ! ) . Finalement, je crois qu'il est meilleur sur les fruits. Mais enfin, que tout cela est propre, léché, on voudrait un petit coup de vent...ou du moins, une sensualité comme les fruits de Chardin. On sent trop la technique ( parfaite), le système, le beau fond gris chic, bref, on s'ennuie un peu.
Et alors, il y a aussi ses portraits. Et là, quand on voit sa famille, on comprend un peu mieux. Ouh là là, pauvre Mme Fantin-Latour, Victoria Dubourg, artiste elle aussi ( Vic, tu ne savais pas qu'il ne faut JAMAIS épouser un collègue ? ) comme elle a l'air malheureuse...
Victoria Dubourg Fleurs Musée de l'art occidental Tokyo |
Fantin-Latour La lecture 1870 Musée C. Gulbenkian Lisbonne |
Mais il faut dire qu'il y a la jolie Charlotte, sa soeur...tiens, tiens, un début d'explication ? C'est la seule femme que Fantin peint en la rendant séduisante, oh combien.
Fantin-Latour 1882 Charlotte Dubourg Orsay |
Ah, le moralisme de la fin du 19 ème siècle...
Les grands portraits de groupes, musiciens, peintres, VIP de l'époque, on les connait par coeur, collages plus ou moins réussis, mention spéciale pour son ami Manet, très très bien, et le charmant et hyper-connu Rimbaud, mais enfin, tous ces messieurs si sérieux, si respectables, ça sent un peu la naphtaline. Sur ses autoportraits, Fantin se lâche enfin : c'est un merveilleux dessinateur et là, on le découvre complètement. Je les aime tous, mention spéciale pour ce dessin :
Fantin-Latour 1861 Portrait de Fantin photo Solvej |
Fantin-Latour 1883 Autoportrait photo Solvej |
...et ce regard pénétrant et inquiet de la maturité. Je passe sur la dernière partie de l'expo, des nymphes à la Bouguereau, d'après photo ( et oui, il collectionnait les "nus artistiques" ..!! ) et des illustrations de Walkyries et autres Wagnereries.
Conclusion : non, Fantin-Latour n'est pas l'empereur de la fleur, s'il faut une hiérarchie, je mettrais devant Manet, Courbet, Delacroix... et bien d'autres !
Courbet 1862 Le treillis ou jeune femme aux fleurs Toledo |
Delacroix Vase de fleurs Belvédère Vienne |
Manet 1882 Roses dans un vase en verre |