Affichage des articles dont le libellé est Munch. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Munch. Afficher tous les articles

mercredi 30 janvier 2019

Le noir (Manet) et le rouge (Bacon)

J.C.Dahl, Le matin après la tempête  1819      photo Solvej

Munich du 26 au 31 Décembre 2018      Samedi : Neue Pinakothek, Pinakothek der Modern, Asam kirche




La Neue Pinakothek va fermer pour deux ans de travaux...à partir du 1er Janvier 2019 ! Voilà qui explique l'énorme queue qui serpente en ce matin glacé devant le bâtiment...et en plus c'est gratuit ! J'eusse préféré que ce fut payant, je l'avoue et ne pas faire le pied de grue une heure et demie dehors...Mais bon, nous sommes (enfin) dans le temple du romantisme, et moi, le romantisme, j'adore ça.Je me régale dans la belle salle du voyage en Grèce de Carl Rottmann, je m'enchante du naufragé consolé par son chien de J.C.Dahl ( pas allemand, mais bon) et il y a aussi de merveilleux Delacroix, Géricault, Courbet, Corot, 



 Delacroix, Clorinda sauve Olindo et Sophronia   1856

l'été de C.D. Friedrich,  et bien d'autres, enfin, grands plaisirs...Dans les premières salles, deux merveilles :



Goya,  Dinde plumée  1808/12

Goya, mon grand amour, ses portraits sont incomparables, mais j'aime qu'il soit ici représenté par cette magnifique volaille, on comprend que Manet l'aimait tellement ! Ce noir !




Gainsborough, Paysage avec berger et troupeau   1784
photo Solvej


et ce somptueux paysage de Gainsborough, qui illumine toute la salle " anglais" de sa splendeur. Dans les anglais, je ne résiste pas au sourire de  ce coquin canin ...


Lawrence, Les deux enfants du Ier comte de Talbot
 ( détail) 1793
         photo Solvej



Dans cet " Orsay" local, on voit aussi beaucoup de petits "tableaux de genre", dont certains sont très séduisants, comme ces deux-là :


Adolf Hölzel, Prières domestiques   1890

Georg Friedrich Kersting, Jeune femme
 cousant à la lumière d'une lampe   1828






















et également beaucoup de " grandes machines" très ennuyeuses, Von Marées, curieux celui-là, Feuerbach, beaux portraits, Thoma, beaux paysages, Menzel, j'aime toujours,   Böcklin dans ses délires de nymphes et on arrive aux impressionnistes, mais on est tellement gâtés chez nous que les quelques uns qui sont présentés ne m'impressionnent pas vraiment, c'est le cas de le dire. Degas, Renoir et Monet, le pont d'Argenteuil, il a fait beaucoup mieux, Cézanne ( de 1870 ) tellement maladroit que je me pose des questions...En revanche, là, je ne m'en pose aucune :



Manet,   Le déjeuner dans l'atelier     1868

Ah, cet emploi du noir pur chez Manet, quel génie ! et ces dégradés de gris... C'est magnifique. Je retournerais bien au poulet de Goya, mais c'est trop loin. Nous terminons avec Vincent, les tournesols, mouais, toujours pas convaincue, un beau paysage d'Arles, un Gauguin pas mal pour une fois, Les quatre bretonnes, un grand beau portrait blanc de Klimt qu'on avait vu à Vienne et un nymphéa du Claude, mais pas le meilleur.




Il reste du temps, direction la Pinakothek der Modern, beau ( et immense, toujours) bâtiment au plan " en rond" qui me laissera perplexe, un peu comme le parking de Roissy. Impossible de faire un quelconque circuit " dans l'ordre "...


Ce sera donc aléatoire. En haut du pharaonique escalier, une sorte de gigantesque méduse en plastique...
Oeuvre ...??    photo Solvej




bien que j'aie deux pages d'explications (en allemand)
 je n'ai pas réussi à trouver le nom de l'auteur !   
photo Solvej
...suivie d'une salle entière de " créations" diverses et variées, mais plutôt désopilantes

...j'imagine le travail pour faire la poussière, là-dedans...

surtout ce genre de truc   photo Solvej










et même un canapé qui brûle !   photo Solvej



















 ...suivie d'une autre salle dans le noir où il y a toutes sortes d'assemblages hétéroclites, vidéos, bruitages...bon, je ne m'ennuie pas, mais je me dis que ce musée va être très vite " fait " !




Erreur : on arrive enfin aux choses sérieuses. Alors, dans le désordre ( à cause du plan ! ) Twombly, Miro, Picasso, Jorn, Klee, Marc, Braque, Manguin, tout le monde est là, et  j'en oublie c'est sûr ( je n'ai retenu que mes préférés ). Une fois de plus, un superbe Kandinsky:



Kandinsky,  Improvisation-Rêverie 1913

splendide composition, d'un équilibre remarquable, et dynamisée par ce ballet de taches rouges

rouges aussi, la robe dans ce tableau de Munch*, et le tout petit carré de la maison derrière, une composition elle aussi pleine de mouvement ( toutes les courbes ) mais stabilisée par ces deux rouges

Munch, Rue de village en Aasgardstrand 1902




rouges encore, Hans Hoffman et Asger Jorn

Hans Hofmann, Paysage 1939

Asger Jorn, La parodontite des aigles 1958






Francis Bacon, Crucifixion triptyque 1965



Mais incontestablement, le grand choc de ce musée, pour moi, c'est la Crucifixion de Bacon, une oeuvre d'une puissance exceptionnelle, assez terrifiante ( je ne la mettrais pas dans mon salon ) mais lorsque l'on est devant, on est véritablement saisi à la gorge, par le tragique à la fois "baroque" compulsif des morceaux de chair, ce fond sanglant, et la glaçante géométrie du décor. J'ai lu que Bacon n'était pas religieux, sans doute ici il n'y a pas de résurrection possible, aussi tout le monde fait silence. Désespérant mais grandiose.



Prendre un tram et marcher jusqu'à la délicieuse Asam Kirche, une sorte de super pâtisserie rococo ( adeptes du minimalisme, passez votre chemin ) nous fera terminer la journée sur une note plus tendre.

Asam Kirche     photo Solvej


Et à propos de pâtisserie, une petite crème bavaroise chez Zum Durbräu pour finir en douceur !



délectable !     photo Solvej
* Il semblerait que j'aie un peu mélangé...et les cartes postales, et les souvenirs, car ce tableau de Munch est à la Neue Pinakothek, et non à la Pinakothek der Modern, comme je le croyais...errare humanum est !

mardi 2 février 2016

Sissi face à son destin






Georg Raab   L'impératrice Elisabeth en Reine de Hongrie  1867

Lundi :  Hofburg, Albertina




Lundi matin, gros morceau : la Hofburg. Impressionnant dès l'entrée, le palais de Sissi et son cher Franz regorge de richesses, à tel point qu'on se sent rapidement au bord de la nausée, comme si on avait ingurgité dix portions de Sacher-torte ! Des tonnes d'argenterie, des kilomètres de vitrines remplies de porcelaines plus sublimes les unes que les autres, ah on savait recevoir, à la Hofburg ! Il y en a tant que l'on se lasse rapidement de s'extasier. Les appartements royaux, c'est un peu plus intéressant, surtout les pièces de l'impératrice, avec tout son petit matériel de gymnastique. Ensuite, on pénètre dans un espace presque entièrement noir ( et oui, la pauvre femme en a bavé, on le sait ) merci la muséographie chic, on ne voit rien, ( les explications en gris sur le noir...) en plus, on est loin d'être tous seuls, bref, au bout d'une heure on en a assez...Quelques robes et quelques jolis portraits, et voilà. Finalement le " gros morceau " a été vite avalé. Et si on allait voir la Bibliothèque ? Lundi, c'est fermé, tant pis.
Nous allons donc à l'Albertina, juste à côté.



"De Monet à Picasso", c'est une exposition permanente. Dès l'entrée, je suis emballée par ce musée, les murs sont élégamment bleu-gris ( sauf celui des "fauves" qui est mauve ), il n'y a que quelques tableaux par mur, c'est grand, aéré, beau. Et quelle collection ! 




Monet     Vue de Vétheuil  1881



D'emblée, ce superbe Monet me séduit, raffinement des couleurs, de la touche, subtilité des différents plans...accompagné du ravissant " maison dans les roses" de 1925, tout le génie du maître de Giverny me comble. Un somptueux faisan de Soutine, et un peu plus loin, un autre somptueux faisan...de Picasso !

Picasso     Le faisan 1938

Soutine    Le faisan 1924







































La dernière salle, celle des Picasso, est purement fascinante : quel type, ce Picasso !


Il y a un choix très complet de toutes ses " périodes", et lorsqu'on contemple cette créativité foisonnante, on ne peut nier que s'il y eut beaucoup de peintres au XXème siècle, Picasso restera certainement le premier. Deux tableaux d'Emil Nolde, ( ce peintre allemand à Berlin et danois à Copenhague) magnifiquement mis en valeur sur ces fonds gris-bleu, me ravissent:



Emil Nolde     Jardin avec fleurs d'automne   1934

Emil Nolde        Nuit au clair de lune  1914



J'ai du mal à expliquer la magie de cette nuit au clair de lune, la photo ne lui rend pas vraiment justice, c'est tellement troublant et simple à la fois, intraduisible...Un peu plus loin, mon oeil est attiré par une toute petite toile, si jolie, si fascinante, je m'en voudrais de l'oublier, même si après ces grands maîtres, elle semble un peu anodine. Elle dégage néanmoins un charme indéniable.



Marianne von Werefkin     Stormy night 1915/17


Donc, ce musée est passionnant, somptueux, mais nous n'en avons pas fini : à l'étage en-dessous, une formidable exposition " Love, death and loneliness" présente peut-être l'intégralité de l'oeuvre gravé de Munch ( et lui, c'est un de mes chouchous ). On va bien rester au moins une heure, même si on les a déjà vus, pour la plupart, du bouleversant "enfant malade" à la fascinante "Madonna ", de l'incontournable "cri" aux enfants sur le pont, vampires,angoisse et autre mélancolie, sans oublier bien sûr ses merveilleux autoportraits. J'ai une grande tendresse pour ces amants sur la plage, je ne sais pas, ce doit être l'atavisme, je sens l'odeur  de la mer du Nord...




Edvard Munch     Two human beings, the lonely ones 1899

Edvard Munch       Toward the forest 1915




Mais il y a encore une autre exposition ! " Lyonel Feininger et Alfred Kubin ". Le premier ne me dit carrément rien, le second...euh, vague souvenir. Non, décidément, après Munch, ce n'est pas possible. On parcourt ça au pas de course...C'est sans doute dommage, mais trop de dessin tue le dessin.


Et on n'a pas fini, car l'Albertina est aussi un palais, on  a failli l'oublier dans toute cette peinture plutôt moderne, et les salles " Habsbourg" et le ravissant cabinet doré ne manquent pas d'attraits.
Et puis surtout, à la fin, un petit florilège des trésors que conserve l'Albertina, des dessins de Raphael, oh ! Leonard, Michelange, ah !,  Rubens, aaaaaahhh !! et Durer, avec sa grosse touffe d'herbe, fff...





Albrecht Dürer     Das Grosse Rasenstück 




                                  J'adore ce dessin, c'est tellement rien...et tellement tout !


































lundi 30 janvier 2012

Images de Berlin 5

la gare de Hambourg + le Märckisches Museum




Jeudi 9 Février 2012


                   Ce n’est pas sans à priori que je me rends à la “Hamburger Bahnhof”, lieu dédié à l’ AAAAAArt contemporain. Mais l’endroit semble très beau sur le guide...
Il l’est. Une cacahuète géante posée dans le jardin, normal. A l’intérieur, bonne surprise, c’est même assez magique.
                La neige commence à tomber dehors et cela ajoute à la féerie.



C’est une exposition temporaire qui s’appelle “Cloud cities”, de Tomàs Saraceno. Les   “nuages” sont diversement traités, certains recouverts d’éléments végétaux, d’autres arachnéens, d’autres enfin sont des bulles gonflables et même...praticables, on peut rentrer dans le plus grand et surtout monter sur une sorte de double-toit et “nager” dans le vide, après s’être défait de toutes ceintures, lunettes, clés et autres  objets potentiellement coupants...Je doute que cette expo vienne en France, il y aurait bien un petit malin pour dissimuler un cutter histoire d’être drôle.
        La collection permanente du musée a son lot de Warhol, Haring et autres “décorateurs” de murs. D’ailleurs l’effet est très joli:



Mais est-ce-que les “papiers peints” ne seraient pas pour beaucoup dans la réussite finale ? (et aussi le format géant)
Il y a tout de même de la peinture dans ce musée,  mais les
variations chromatiques de “empire of Flora” de Cy Twombly sont trop subtiles pour mon appareil photo.


Je passerai sur les autres “trésors” de la Collection permanente, vidéos ridicules et autres amoncellements de matériaux variés, qui me rappellent invariablement cet excellent dessin de Sempé : au centre d’une salle de musée où trône un seau dans lequel tombe une goutte d’eau ,un personnage dit à un autre :“je n’ose pas demander si c’est une oeuvre ou une fuite”... 

Le dernier musée est le Märkisches museum, encore un endroit gigantesque et très riche, sur l’histoire de Berlin.
Au détour d’une salle, surprise ... le magnifique  portrait de Walther Rathenau (1907) .
        Encore un que nous avons l’impression de connaître, mais n’est-ce pas l’essence même d’un bon portrait, que le fait qu’il nous livre le modèle, corps et âme, bien au-delà de la simple ressemblance physique. C’est peut-être aussi pour cela que les autoportraits des grands peintres sont si “vivants” qu’il me semble que ce sont des amis, le joyeux Quentin de La Tour, la belle Vigée-Lebrun, l’oeil aigu de Morisot, le satisfait (il peut !) Rubens, le sombre vieux Titien, Rembrandt et ses multiples avatars, Goya et sa douleur,tant d’autres.... et même  Van Gogh que je ne peux regarder sans frémir !


jeudi 13 octobre 2011

Le mystère niçois

Munch  la nuit à Nice
Après la visite de la merveilleuse exposition que le Centre Pompidou consacre à Edvard Munch, deux réflexions :
       1) Un quart d’heure de queue dehors, un quart d’heure de queue dedans (jusqu’à la machine à tickets), une bonne demi-heure de queue en haut (avant de pouvoir entrer dans l’expo)...
                    ...bon d’accord, c’est Dimanche et il pleut, mais RRRAAAHHH ..il ne reste plus beaucoup de temps pour regarder les tableaux, et bien sûr, la queue continue DEDANS et devant chaque oeuvre.       
        Pendant ce temps, les foules qui se régalent (?) là où on leur dit de se régaler désertent les expositions de peintres vivants (contemporains) si on ne leur a rien dit. Le plaisir que peut apporter l’art ne demande-t’il pas un minimum de jugement personnel ? Applaudissez, c’est BEAU, on vous dit. Indignez-vous, c’est pas bien...Mais quel est l’intérêt d’aller voir des  tableaux si vous n’êtes pas profondément, personnellement émus par ceux-ci ? Une reproduction suffirait, pour la “Culture”...mais il faut vendre des crayons  et petits carnets ornés du “Cri” !
    2) Chaque fois que je vais à Nice, et que j’admire la vue du 4è étage de la maison de ma belle-mère, je repense au tableau “la nuit à Nice” (1891), dont on dirait qu’il a été peint sur la terrasse de l’avenue Marie-Christine...(impossible, car la maison n’était pas encore construite en 1891).  Après une petite recherche sérieuse, j’ai appris que Munch habitait à l’époque 53 rue de France..Déception !    Je continuerai quand même à rêver au Grand Maître...
toits de Nice 2005