jeudi 25 janvier 2024

Epiphanie, bouquet final !!!

Giovanni Bellini, Nunc dimittis 1510
(Pas exactement l'adoration des rois mages, quoique le personnage à droite pourrait être un roi !)




Madrid du 1 au 7 Janvier 2024                          Samedi : Museo Thyssen-Bornemisza


Samedi 6 Janvier, TOUT est fermé à Madrid, sauf le Musée Thyssen-Bornemisza, alleluia ! Les petits enfants reçoivent leurs cadeaux de los Reyes ( qui sont arrivés hier soir, dans une grande cavalcade façon bataille de fleurs à Nice qui a bouclé tout le quartier ).

Ce musée sera mon cadeau à moi, tellement il est vaste, riche, quasiment tous mes chéris sont là, et magnifiés par des murs couleur corail clair, qui donnent à l'ensemble un air pimpant bien loin du style compassé des grandes institutions.

Ainsi donc, avec le soleil radieux qui baigne sur la ville, faisons aujourd'hui une promenade décomplexée, sans ordre et sans histoire de l'art, juste plaisir, découvertes, curiosités...

Commençons par les yeux pétillants de ces deux là :

Lorenzo Lotto, Autoportrait

Antonello da Messina,
Portrait d'homme 1476





















Une incroyable composition, entre deux cuisses !  et  un petit portrait inconnu mais tellement prenant :


 Aertgen van Leyden,  
 Portrait d'un donateur 1530
Derick Baegert,   
 Le bon centurion 1478


et puis la belle des belles, bien assortie à la peinture des murs:

Palma il vecchio, La Bella 1520


dans les fonds on fait des découvertes merveilleuses :

Le Lorrain, Paysage avec la fuite
en Egypte ( détail) 1663

Tintoretto, Tamar et Juda
(détail) 1559




















Vous avez vu comme l'arbre du Claude se poursuit dans le tableau de Tintoret !

Quand  même, le temps se gâte :
 

Ruisdael, Mer démontée avec voiliers
 (détail) 1668


 et j'adore cet orage délicieusement régressif, et ces clairs de lune  !


Aert van der Neer,  Clair de lune sur un
chemin bordant un canal 1650

Marco Ricci, Paysage avec orage 1701

Joseph Vernet, Nuit : côte méditerranéenne avec pêcheurs et bateaux 1753

Ceux-là, du bout du couloir je les ai reconnus :

Titien, St Jérôme pénitent
( détail) ( avec malheureusement le
reflet des fenêtres ! )   1575

Simon Vouet, Le rapt d'Europe 1640




















et dans les natures mortes, que de beautés encore :

Chardin, Nature morte avec chat et poisson 1728

Willem Kalf, Nature morte avec
vase chinois, nautile et autres objets 1662

Tiepolo, La mort de Hyacinthus ( détail) 1753

mais je ne savais pas qu'on jouait déjà au tennis au XVIIIè siècle 😉

Watteau, Pierrot content 1712


Pierrot est content, et nous aussi. Rubens ( ah, la sublime Vénus et son Cupidon ) Rembrandt ( oh, l'admirable autoportrait ) Goya of course, et Gainsborough et autres Reynolds, tout cela creuse et nous faisons une excellente petite halte dans une cafétéria vaste et lumineuse ( pas comme au Prado )

On peut attaquer les "modernes".

Et aussi deux expositions temporaires passionnantes, "Women masters" et "Picasso profane et sacré".

Honneur aux dames, commençons par des frivolités :


Degas, Chez la modiste   pastel  1882
  
Elizabeth Sparhawk-Jones,
 La boutique de chaussures 1911



 


notre Berthe nationale est évidemment en bonne place dans les " Women masters"

Morisot, La psyché 1876

toujours dans le féminin-féminissime



Valadon, Marie Coca et
sa fille Gilberte 1913

Mary Cassatt, Louise nourrissant
 son bébé 1899

Rubens, La Vierge et l'enfant avec
Ste Elisabeth et St Jean-Baptiste  1618


les hommes, c'est pas mal non plus

Bronzino, Portrait de jeune homme en St Sébastien 1533
Picasso, Arlequin au miroir 1923


oui, je suis d'accord, il y a un rapport évident entre Bronzino et Picasso

mais les hommes, c'est bien connu, y a que ça qui les intéresse :

Artemisia Gentileschi, Suzanne
et les vieillards 1623

Artemisia Gentileschi, Suzanne
 et les vieillards 1652

Picasso, Minotaure caressant
une femme endormie 1933

surtout Picasso !


Pour finir, c'est la fête, feu d'artifices, déluges de couleurs ...

Nolde, Soir d'automne 1924

Kandinsky, Composition
avec trois points 1914

Rachel Ruysch, Fruits, fleurs, reptiles
et insectes à l'orée d'une forêt 1716


et je ne partirai pas sans mon cher Gustave, ni l'empereur Claude :


Courbet, Le ruisseau la Brème 1866

Monet, Dégel à Vétheuil 1880



















Pour cette collection splendide, pour cet endroit de rêve, je vous salue bien bas, bien bas, Mr le baron :

Lucian Freud, Homme dans un fauteuil
( Portrait du baron Thyssen-Bornemisza ) 1985


                                    Muchas gracias, et hola Madrid !!

mercredi 24 janvier 2024

Retour vers le futur

Picasso, Guernica 1937



Madrid du 1 au 7 Janvier 2024                Vendredi : Museo Sorolla  Centro de Arte Reina Sofia 




Vendredi matin sous un soleil radieux nous prenons le bus ( je commence à réaliser la grandeur de Madrid ! ) pour la maison de Joaquin Sorolla, un peintre qui m'éblouit en photos mais que je veux découvrir en vrai. Déjà sa maison et son jardin sont un enchantement :


l'Andalousie à Madrid

collection de  poteries















J'adore ces lieux d'où l'on croirait que l'artiste est parti hier, comme les musées Gustave Moreau et Henner à Paris, entre autres. L'atelier où tout est resté en place, l'épatant autoportrait dédié à sa femme, les portraits de toute la famille...



 Mi mujer y sus hijos 1897
Comme le mouvement est juste,
avec si peu de moyens !

  Autoportrait " A mi Clotilde" 1909






















Ce Sorolla est un grand sentimental. Mais c'est aussi un grand peintre :




  Madre  1895


Je ne sais pourquoi ce grand tableau me fait penser à l'extraordinaire mère de Whistler d'Orsay, les gris, sans doute. C'est curieux comme les espagnols, Velazquez, Goya, Picasso, et beaucoup d'autres auxquels je ne pense pas maîtrisent les harmonies de gris comme personne ( et aussi Juan Gris, bien sûr 😂 ) ( pardon pour ce jeu de mots calamiteux ! )


Mais Sorolla est aussi, et surtout, un peintre de plein air ( d'ailleurs, il me semble qu'il y a eu à Giverny une expo il y a quelques années ) et c'est vraiment passionnant de le suivre dans toutes ses pérégrinations :


 L'ombre de la barque  1903





 Cabo de San Antonio,
Jávea  1905

 Port de Valence  1907





Cette façon  de rendre la mer, incroyable !! ( et il y en a tout un mur )

  Fuente de los caballos, La Granja ( dét)  1907

et les reflets dans l'eau, et les bassins et fontaines de Grenade, inspiration pour nos musiciens français...


 Orage sur Peñalara, Segovia  1906

Paysage de Guipúzcoa  1912















et il est aussi à l'aise dans les plaines pelées de Castille que dans la verdure de l'Espagne du nord. C'est vraiment un super impressionniste, touche rapide et dessin parfait.



Retour en bus, qui nous offre un bel aperçu des splendides paseos de Madrid, vers le Centre d'Art Reina Sofia.

C'est un changement radical : d'abord, je ne suis pas convaincue par le fait d'installer un musée dans un ancien hôpital ( qu'est-ce que ça va donner à Carpentras ? ) car l'atmosphère me plombe, il me semble voir encore des brancards dans les couloirs...( j'ai trop regardé " Autant en emporte le vent " ! )

Et puis surtout, j'apprends que des intellectuels ont repensé toute la muséographie, par "thèmes sociaux", ce qui fait que tout est mélangé, peinture, sculpture, arts graphiques, architecture, spectacles ...on erre dans d'immense salles remplies de trucs qui ne nous intéressent pas forcément, ( à moins peut-être de très bien connaître l'histoire de l'Espagne contemporaine ).


aperçu des deux salles " Guernica"


Agrémenter Guernica d'un énorme mur d'affiches genre "no pasaran", je ne vois pas ce que cela apporte à ce chef-d'oeuvre, sauf peut-être pour quelques historiens, et même je trouve que cela nuit à la peinture, et lui enlève de sa force tragique. L'art graphique n'est pas négligeable mais c'est autre chose.En revanche les études de Picasso et les photos du cheminement de l'oeuvre, ça, c'est très intéressant.



Picasso, Cabeza de mujer
llorando con pañuelo 1937

Quelle idée incroyable que ces "étoiles" dans les yeux ...


Donc, dans tout ce fatras, j'ai quand même trouvé à grand peine quelques peintures plaisantes :

 
Fernand Léger, Nature morte
 à la lampe 1914

Juan Gris, La guitare sur la table 1913

Picasso, Les oiseaux morts 1912

Metzinger, Livre et pipe rouge 1921

Miró, Peinture ( hirondelle ) 1937









































Miró, Le sourire des ailes flamboyantes 1953 
















Jusqu'ici, je n'étais pas vraiment fan de Miró, mais là, j'avoue que ces deux tableaux m'ont particulièrement réjouie, peut-être aussi par leur vitalité et la gaieté de leurs couleurs, qui tranchent sur la morosité ambiante. On va rester sur ce sourire ! Et on n'ira pas voir l'aile " Jean Nouvel", gloire nationale, tant pis !

En somme, en dehors du choc de Guernica ( banal ! ) il est indéniable que je me sens plus proche de Sorolla...

Je reprendrai bien un peu de Goya

A l'angle du Paseo de la Florida et de la calle Mozart,
il y a un club de skate



Madrid du 1 au 7 Janvier 2024                  Jeudi : Ermita de San Antonio de la Florida     Galería de                                            las Colecciones Reales  

                                                                                                    



 C'est au bout d'une très longue avenue bordée d'immeubles banals que se cache le charmant Ermitage de San Antonio de la Florida, précédé d'une fresque Street art qui nous conforte dans l'idée que nous sommes dans la bonne direction !  Cette petite église un peu éloignée du centre touristique abrite le tombeau du maître et un ensemble de fresques que je ne manquerais pour rien au monde.

Et en effet, je ne pensais pas pouvoir encore ajouter à l'enchantement d'hier, mais si !


Vue d'ensemble des fresques depuis le côté gauche                         Goya 1798



Merci @Culturez-vous

Cette coupole centrale, qui forme comme un balcon où le miracle se produit, avec des gens qui le regardent, et d'autres qui nous regardent, grande idée ! ( peut-être inspirée par des italiens genre Piazzetta/Tiepolo ?) Et tout cela soutenu par les anges ravissants qui sont en-dessous. Merveille.

On ne peut pas prendre de photos, aussi j'ai dû piocher sur Internet ces documents qui sont bien loin de rendre justice à la splendeur de cette petite chapelle ! On resterait là des heures, à découvrir chaque exquis détail :

Détail coupole

Détail coupole

Détail coupole

C'est vraiment le bonheur ...Après cela, c'est sur un nuage que nous nous dirigeons vers le Palais Royal, prochaine étape, qui n'est pas si loin. Que je crois. Mais j'ai l'impression que je n'ai pas vraiment pris l'échelle de Madrid, cette belle et grande, très grande, ville ...et assez en pente ! Et quand enfin ( aïe nos pieds ) nous atteignons ce magnifique édifice, on redescend dare-dare de notre nuage en voyant la queue des gens qui ont un billet ( pas nous ) et celle de ceux qui n'en ont pas :

Le Palacio Real
depuis les jardins Sabatini

La queue...en fond la Cathédrale de la Almudena

















Donc, on oublie. Mais après la cathédrale, il y a le Musée des Collections Royales et là, il fait chaud et il n'y a personne ( et c'est gratuit pour les seniors, mais attention, on me demande ma carte d'identité : quels flatteurs, ces espagnols ! ) Et comme souvent, à quelque chose malheur est bon, parce que ce Musée est remarquable, d'une richesse hallucinante, et une fois de plus, on pourrait y passer trois jours!


Juan de Flandes, Polyptique
 d'Isabel la Catholique 1496/1504


On commence par l'étage " Austrias ", et ce délicieux " Polyptyque d'Isabel la Catholique ",  ( mais à cette allure là on n'arrivera jamais au bout ). Il y a pléthore d'objets d'art admirables , de tapisseries, de meubles, de carrosses,  et on retrouve nos chéris d'hier :

Dürer, 1503 Iris


Titien, Christ crucifié 1565





















Je ne sais plus si c'était à cet étage, peut-être plutôt à l'étage "Borbones " , mais cette superbe tapisserie, d'après un carton de qui ?

Tapisserie d'après Rubens

De Rubens, bien sûr. J'aurais pu photographier l'ensemble du musée, mais il faut bien se limiter, aussi :

Vitrine avec Vierge de la
Conception XVIIIè siècle

Nécessaire d'église en corail Sicile XVIIIè siècle




















Deux favoris. 

Et encore des chefs-d'oeuvre, un superbe accrochage de ces trois là qui vont très bien ensemble :

Caravage, Salomé avec la tête
de Jean Baptiste 1607

Ribera,St François
dans le roncier 1632

Seghers  Herodiade et Salomé
avec la tête de Jean Baptiste 1630 













C'est fou à quel point le rouge circule bien entre ces trois tableaux 
( qui sont alignés dans le musée, mais désolée, Blogspot ne veut pas ) ( les aligner )

En face un cheval énigmatique, qui attend son cavalier depuis plusieurs siècles :



Velázquez, Cheval blanc  1638

                                Très bel effet de le présenter ainsi, au milieu ( comme un certain Caravage à Syracuse )  et pas contre un mur.
 

Et enfin voici les tapisseries exécutées d'après les cartons de Goya qui nous ont éblouis hier au Prado :


La gallina ciega
  
El pelele





















Ravissant et très intéressant à observer de près, le travail des artisans est extraordinaire. Mais observer de près, pour comprendre vraiment un artiste, n'est-ce pas toujours indispensable ?

 


Goya, Charles IV en uniforme de
colonel de la Guarde Royale( dét)  

Goya, La reine Marie-Louise de Parme en
robe de cour ( détail) 1800






Voilà pourquoi j'aime tellement Goya ...