dimanche 19 juin 2016

Premier amour...




Sonorité ancienne  1925   Bâle    photo Solvej

Paul Klee " L'ironie à l'oeuvre "  Exposition Centre Pompidou



Ce titre " Tourguenievien "( ? )  me paraît bien adapté à cette exposition de référence, sur un peintre que j'ai aimé passionnément, dans mes années d'études...Las, j'ai vieilli...lui aussi, peut-être ? Et puis, comme disait l'irremplacé Pierre Desproges, " on est jamais déçu que par ses meilleurs amis, les autres, on s' en fout ! ". Et déçue, oui, je l'ai été...
Bon, évidemment, la foule qui se presse en une longue queue ( à l'entrée de l'expo ) ( c'est exprès, pour faire patienter les gens, qu'ils ont mis tout du long, au mur, des repères chronologiques ) ( ce Klee a eu une vie ennuyeuse au possible ! ) et qui s'agglutine devant ces tout petits formats, ne porte guère mon humeur vers le primesautier ( on connaît ma misanthropie congénitale  ! ).




Fleurs des cavernes  ( détail )  1926   Coll part   photo Solvej



C'est très joli. C'est très raffiné, très élégant. Aucune vulgarité chez cet homme-là,  même quand il porte sur un personnage le regard d'ironie qui donne son titre à la manifestation.



Mr Perlenschwein 1925 Dusseldorf      photo Solvej





Je suis sûre que c'était un type très bien, gentil et généreux, l'ensemble dégage beaucoup de sympathie, et le public, apparemment, y est très sensible. Mais c'est tellement cérébral ! Où est la peinture, dans tout cela ?  Théories, belles lignes simples, harmonies subtiles...Oh ! Que je voudrais qu'il se lâche, que j'aimerais un petit débordement !!

Ca, c'est le maximum ( du lâcher-prise ) :




Une maison 1915  Pompidou        photo Solvej




Je sens la main qui n'a jamais tremblé, le pinceau en aucun cas baveux, pas la moindre faute de goût, pas de vie, en somme. Donc, je m'ennuie très vite. Alors, oui, c'est une oeuvre construite, élaborée, très musicale il me semble, mais, en dehors de la " Sonorité ancienne " ( en haut ) pour laquelle je garde une vraie tendresse, cette mélodie, je suis obligée d' admettre que je ne l'entends plus. 




Jumeaux 1930     Coll part   photo Solvej

KN le forgeron 1922      Pompidou              photo Solvej




Qu' il est difficile de se retrouver, entre vieux amoureux...quarante ans après !Je me souviens de mon émerveillement de Bâle, peut-être aussi que le lieu était plus propice, ce grand musée si clair, si bien assorti aux oeuvres, si vide...





Aquarium 1927     Suisse              photo Solvej



Le temps des Métiers d'Art est bien loin, et ce qui m'apparaissait à l'époque si frais et novateur me semble à présent  fané comme une rose desséchée...



photo Solvej



Je pense que vous me trouverez bien sévère...Mais je déteste la déception ! ( cf Desproges )
Disons que Paul et moi, on ne se comprend plus.
 Un rendez-vous manqué.

dimanche 15 mai 2016

La nouvelle icône et le discret






Marquet   Persienne verte, vers 1945/46

Paula Modersohn-Becker " L'intensité d'un regard "  et  Albert Marquet  " Peintre du temps suspendu "                             

Musée d'Art Moderne  





Mourir à 31 ans, en disant " dommage ", ça c'est ce qui s'appelle réussir sa sortie ! Encore plus fort qu'Egon ...Il faut impérativement commencer cette visite ( billet groupé ) par Paula MB, parce qu'à mon avis, si vous faîtes le contraire, je doute que vous puissiez trouver un intérêt quelconque aux oeuvres de la dame...Alors, oui, elle a un certain style, une indubitable originalité, c'est une exposition d'une grande cohérence, très très chic, mais bon sang, tout ça pour ça !
Des kilomètres de portraits figés, statiques au possible, aux regards  totalement vides...Inspiration haute renaissance, couleurs fadasses ( c'est de la détrempe, sans doute la raison ) je suis désolée, mais je n'appelle pas cela de la grande peinture.




Jeune fille tenant des fleurs jaunes dans un verre bleu 1902  Bremen

Jeune fille avec couronne de fleurs 1902/3























J'appellerais même certaines de ces peinturettes des croûtes, tiens, j'ai envie de dire " je faisais pareil à 12 ans, avec ma première boîte d'huiles ".



Troncs de bouleaux devant une ferme rouge 1901


Et je ne dirai rien sur les natures mortes ! ( définitivement ) ( mortes )




Nature morte au bocal de poissons rouges 1906



Quand je pense au poisson rouge du père Matisse !! ( et pourtant, ce n'est pas mon préféré )...

Mais bien sûr, une femme, inconnue ( de nous, car ce n'est pas le cas dans son pays natal ) ( l'Allemagne ) et avec une fin si tragique, j'imagine que c'est vachement " vendeur " .  ( ça l'est, il y  foule ).( et 50 cartes postales dans la librairie, 3 pour Marquet )

Bon, allez, je "sauve " ce petit-là, qui me plaît bien :


Jeune fille nue avec pomme 1906



Alors, après cela, Marquet ? Ah, nous en France, on est champions du " nul n'est prophète en son pays ". Mais comment, comment ce peintre merveilleux n'est-il pas plus encensé, plus connu que Matisse, Van Gogh, Bonnard etc...Il est tellement juste, tellement vrai, peut-être trop discret, trop bêtement conventionnel, il peint ce qu'il voit, c'est tout...Ben oui, c'est tout.

Et foin de platitudes, regardez...admirez ...quel bonheur !






Le Pont-Neuf la nuit 1935/39


Maequet, c'est le peintre des ports et de la mer. Quelle remarquable justesse dans les atmosphères, le nord, sa lumière si particulière, la  Normandie, le nord mais moins, le sud
... subtil !  C'est exactement le contraire de la peinture pensée de Paula MB, il y a de l'air, du vent, de la vie, du ressenti.



Port de Hambourg ( Le remorqueur à Hambourg, soleil d'hiver ) 1909

Le bassin du Roy, Le Havre 1906
Port de Marseille, 1916



Et l'île aux cygnes, ( pas celle de Paris), et toutes les vues de Notre-Dame, et Alger et le Pyla, enfin c'est un véritable enchantement. Pour ma collection personnelle, en plus de l'exquise fenêtre aux volets verts ( en haut) je prendrais bien les vues de Naples, coup de coeur oblige.Remarquez au passage combien les gestes des " grouillots" sont parfaitement étudiés, avec quelle économie de moyens ( quand je pense aux " petits bonshommes " de  Van Gogh...basiques, mal dessinés, quelle différence )




La baie de Naples, le Vésuve dans la brume 1908

Le port de Naples 1908

Le Vésuve le matin 1909


Naples, le voilier 1909

La baie de Naples 1909


Sans plus de commentaire....juste une petite citation :


"Marquet parlait peu. (...) Il va à la fenêtre. Il regarde. Demain il peindra. Marquet, comme tout le monde,   a entendu dire que la vérité était dans le classicisme, ou chez les japonais ou chez Corot. Marquet a simplement souri. Il a peint "
Léon Werth, Quelques peintres, 1923

jeudi 12 mai 2016

Un petit pan de galet bleu

Marielle Guégan   2016




La dynamique de l'épure  :  Marielle Guégan, Tatjana Labossière 

Exposition Galerie Caroline Tresca





Ce titre éminemment Proustien m' est venu  à l'esprit en contemplant longuement le bleu à droite, en haut, dans ce tableau. On sait que je ne suis pas vraiment branchée " abstrait", mais la subtilité, le poli, la matière de cet aplat de couleur m'ont  enchantée.




Marielle Guégan   2016   ( détail)


Evidemment, la photo a beaucoup de mal à traduire ce raffinement. Aussi je vous suggère de faire un tour derrière l'église Saint Sulpice, dans la charmante rue Servandoni, au n° 14, vous trouverez la Galerie Caroline Tresca, et la belle exposition de Marielle Guégan.

Marielle est une artiste pure et dure, qui travaille la matière magnifiquement, qui fait de la gravure ( très technique ! ) et même une sculpture, assez monumentale, d'ailleurs, et qui poursuit tranquillement son chemin épuré, en quête sans doute d'un absolu pictural ( et aussi musical, je trouve qu'il y a là-dedans une mélodie impalpable et obstinée ).

J'ai sur mes murs une oeuvre plus ancienne, de sa première manière, qui m'enchante toujours autant.


Marielle Guégan  1996


C'est le premier tableau que j'ai acheté : je me souviens de mon bonheur, rentrant à la maison avec l'oeuvre sous le bras, j'éprouvai alors un sentiment extraordinaire, le plaisir de posséder un peu de l'âme d'un autre artiste...


J'ai rencontré Marielle sur le boulevard Edgar Quinet, à Montparnasse, un jour de vent en Mai 2000.
C'est une personne lumineuse et entière, au regard bleu...comme le galet.

Du coup, je n'ai pas vraiment d'opinion sur ce que présentait l'autre artiste, mais bon, je suis de parti pris...comme d'habitude !






samedi 2 avril 2016

Le géant poétique

Le langage des fleurs et des choses muettes ( ou Les fleurs du mal )



Anselm Kiefer    Centre Pompidou





J'ai toujours aimé, en reproduction, la peinture d' Anselm Kiefer, mais je ne l'avais jamais vue " en vrai", et j'appréhendais un peu une déception comme celle causée par Joan Mitchell, par exemple. Je le dis tout de suite : ce ne fut pas le cas.

Disons que la surprise...fut plutôt du côté des formats, je savais qu'il affectionnait les grands formats, mais je n'imaginais pas à quel point !




Une idée de l'échelle...



La première salle de l'exposition, bon, ce sont des oeuvres anciennes, truffées de symboles divers et variés qui, je dois dire, ne m'interpellent pas des masses. Mais déjà, il y a des fonds et des détails superbes, alors le sens...je laisse les autres lire avidement les laïus ( laïi ? ) ici et là. Dans la seconde salle, des aquarelles ( tiens, l'aquarelle gondolée, c'est tendance, ça tombe bien...pour mes pauvres petites qui ont pris une malencontreuse douche dans mon palais provençal )




Extase féminine

On fait son petit Egon Schiele ?
( ce n'est pas le titre ! )
























Ces fleurs m'enchantent, plus que les personnages incontestablement. Mais je n'ai encore rien vu...


Anselm Kiefer est un obsessionnel. Les trucs écrits ( très beau graphisme, d'ailleurs, les livres, les collages, les sillons...





Nuremberg    1980

Oh épis vous épis oh épis de la nuit     2012

Wege märkischer sand        photo R.Bayer

Siegfried oublie Brünnhilde       1975
.


















































..les ruines...



Les colonnes   1983      Louisiana Danemark



Oui, c'est monumental, certainement cela a un sens profond, mais honnêtement, je m'en fous.

Ce qui me fascine, chez cet artiste, c'est ...la peinture. Le corps à corps avec la matière, la générosité ( il y en a des couches ! et en plus, j'ai vu sur You Tube ( mais oui, il n'y a pas que des rappeurs déchaînés )  que parfois, il se livrait à des opérations de grattage compulsif, et en plus après il récupère les morceaux tombés...pour d'autres aventures ! ) le sens de la composition, bref, tout ce qui fait la peinture.


Une salle est dévolue à ce qu'il appelle des "vitrines",  installations de récupérations ( j'imagine son atelier ! 😊 ) d'objets divers, d'une beauté et d'une poésie extraordinaires. Un seul bémol : elles ne sont pas vraiment mises en valeur, ( en plus il y a foule ) toutes les unes à la queue-leu-leu dans un espace finalement restreint, dommage...





Daphné



Après la salle des vitrines, on sort des couleurs terre, des gris ( c'est un maître du gris, comme Goya ou Manet ) pour arriver à ma salle préférée, celle du " dormeur du val" et de deux sublimes compositions de fleurs ( en-tête  et ci-dessous )









Böse blumen




Détail de fleurs



Quittons Anselm Kiefer et sa "cuisine" monumentale avec un détail d'un tableau qui me parle particulièrement ...


 


Au peintre inconnu ( détail )    1982     BvB  Rotterdam




Margarethe ( détail)   1981   MMA San Francisco


et la magnifique ...et mystérieuse Margarethe, superbe composition agrémentée d' éléments végétaux.
Retrouver la réalité du Centre Pompidou, et son esthétique follement soixante-huitarde, après cette immersion poétique, c'est dur....

samedi 19 mars 2016

Ma Sainte Victoire...



...On le sait, c'est le Mont Ventoux, et le sujet de l'expo que je prépare pour l'hiver prochain à Paris ( fin Janvier). D'ailleurs, je voulais l'appeler " Mon Ventoux, ma Victoire " ...mais il paraît que ça fait prétentieux ! Bon, ce n'est pas que je me prenne pour Cézanne, pas du tout, c'était juste un petit clin -d'oeil au Maître d'Aix, et à sa montagne obsessionnelle, finalement ce sera " Mon " Ventoux, plus sobre !


Je ne sais pas si ma montagne va intéresser les parisiens, mais, en tous cas, elle apportera un peu de soleil dans la grisaille de la capitale. Naturellement j'ai déjà un bon " fonds " d'anciens que je n'ai jamais exposés ici, pour mémoire :  series Ventoux 1,2 et 3,   series Ventoux 4, 5 et 6, et  le mont Ventoux, mais d'ici là, je compte bien enrichir ma collection.




VTX 27 un rayon de soleil 606 Ac 6F 4/3/2016




VTX 28 nuages 607 Ac 6F  17/3/2016


Voici les deux derniers bébés, dans la " série 6 " des petits, commencés tous deux en Mai dernier ( et oui, il ne fait pas toujours un soleil radieux en Provence !! ) et terminés ce mois de Mars. Comme il fait encore frisquet, j'en ai commencé un avec le sommet enneigé ...et le ciel bleu, j'espère que ce sera comme ça la semaine prochaine pour le week-end de Pâques...




état ce samedi 19 Mars

mercredi 2 mars 2016

Une belle coquille ... vide ! ..ou presque

La fontaine        photo Solvej

Fondation Louis Vuitton      


Cela fait longtemps que nous voulions visiter la Fondation Vuitton, mais les interminables queues nous en avaient toujours dissuadé, jusqu'à présent, et l''Internet, on ne peut réserver pour le jour même. Tout cela étant fort contraignant, notre superbe indifférence à l'égard des grandioses efforts artistiques de Mr Bernard Arnauld pour rendre à Paris son statut de capitale mondiale de L'AAAArt dura  donc plus d'un an.

Mais aujourd'hui, il n' y a pas d'expo ( et en plus, c'est les soldes ! 4 € seulement ) donc peu de queue, c'est le moment ! Bon, on verra le "fonds". Direction le Bois de Boulogne.En fait de fonds, on ne verra rien du tout...Mais il la met où, sa collection, Bernard ? Tout ça pour ça !!! Des immenses murs blancs, complètement vides. Alors certes, c'est une prouesse architecturale, oui, un labyrinthe diabolique mais assez ludique, on se perd tout de suite, on monte, on descend, ah ! enfin une oeuvre : 




Enfin une oeuvre...       photo Solvej

Adrian Villar Rojas        Where the Slaves live 2014







Il y a une dame qui fait le tour de la chose en rigolant...Nous l'imitons. Cela s'appelle "Where the Slaves live ", bravo, Mr Villar Rojas ! Je serais bien tentée de reproduire l'intégralité du texte plus abscons-tu-meurs, mais je ne voudrais pas vous ennuyer...et je suis sûre que vous préférerez admirer ce détail :




Adrian Villar Rojas  Where the Slaves live 2014 (détail)


Cela dit, le personnel est fort aimable et un charmant auprès duquel je me plains de l'absence d'oeuvres à voir me conseille d'aller en bas dans le "grotto". En effet, là, il y a une superbe installation lumineuse d' Olafur Eliasson, et de quoi faire de très belles photos de la splendide fontaine



Baselitz ?      photo Solvej

Olafur Eliasson  Inside the horizon 2014


Olafur Eliasson  Inside the horizon 2014

L'oeuvre d'Eliasson, c'est exactement le contraire de la chose précédente : c'est beau, c'est parfaitement adapté au lieu ( et cela le magnifie, le lieu, et pas le contraire, comme certaines fameuses tôles versaillaises ) c'est subtil ( le jeu des espaces qui sont parfaitement calculés, pour un regard toujours différent, selon l'emplacement où l'on se trouve ) et ça ne délivre aucun message, ouf ! En somme, cela crée de la beauté, c'est tout, donc c'est une oeuvre d'art. Point.












Olafur Eliasson     Inside the horizon 2014



Sinon, il y a des détails intéressants en "déco", par exemple l'éclairage des escaliers par les rampes, et j'aime bien les poissons volants du restaurant. On peut aussi s'installer dans une petite " boîte" centrale pour regarder une vidéo de la construction très bien faite.



Les poissons volants         photo Solvej

Eclairage des escaliers            photo Solvej






















Comme l'exposition qui était en train de s'installer était de l'art chinois contemporain, ( j'ai sournoisement jeté un oeil derrière une porte pas bien fermée et j'ai vu une vidéo géante avec une dame immobile en boucle) pas de regrets pour les "oeuvres "...! La coquille vide est tout de même plutôt belle, en tous cas de l'intérieur, car pour apprécier vraiment l'architecture en tant que telle, de l'extérieur, il faudrait du recul, et c'est ce qui manque le plus, je trouve.

A y être, Mr Arnauld aurait bien pu subventionner la déviation de la route qui est juste devant son chef-d'oeuvre, et faire un grand beau terre-plein, au lieu d'avoir des moches bagnoles qui gâchent !

 Et on se serait lentement approché à pied, comme vers une cathédrale, ç'aurait été beaucoup plus BEAU.