dimanche 24 septembre 2017

Un artiste travaille tous les jours...

Bigger trees near Warter      2007

Exposition David Hockney    Centre Pompidou



Commencer avec cette formule du Maître David Hockney, ça me paraît capital ! Oui, David, un artiste travaille sans arrêt, et tu fais bien de le rappeler...je vais l'écrire sur le mur de mon atelier.

Ceci dit, j'avais envie de reprendre le titre utilisé pour l'expo Klee, car, en effet, j'ai été un peu déçue par cette grande rétrospective du Centre Pompidou. Pourquoi ? ( alors que j'adore D.Hockney ).

D'abord, c'est une rétrospective...très rétro, il y a une grande majorité d'oeuvres anciennes, et je me suis sentie assez frustrée, car j'espérais voir les formidables paysages du Yorkshire ( récents, de la série " a bigger picture " ) et il n'y en a qu'un ou deux, ainsi que les portraits ( encore plus récents ) de l'exposition " 82 portraits and 1 still-life" de la Royal Academy.

David Hockney est un artiste qui a constamment cherché à se renouveler, aussi bien dans les techniques ( multiples ) que dans les styles, et c'est bien là une de ses principales qualités. Mais, du coup, l'expo donne une impression de fourre-tout un peu gênante. Dans ses oeuvres de jeunesse ( les premières salles ) alors qu'il se cherche encore pas mal, en empruntant à droite à gauche, et est influencé par la première Renaissance, ( c'est assez "raide" ), je retiens tout de même de magnifiques morceaux, comme par exemple cette superbe mariée égyptienne :



The first marriage   1962

Ensuite, les portraits " classiques" des années 70, grand plaisir de les revoir,


Mr and Mrs Clark and Percy   1970/71



My parents 1977












je me souviens de sa première grande expo à Paris, qui avait émerveillé la jeune débutante que j'étais. C'était en 1974 au Musée des Arts Déco, j'ai toujours le catalogue avec en couverture le tableau ci-dessous, " contrejour in the french style", qui était judicieusement placé entre deux fenêtres, épatante mise en abyme ...



Contrejour in the french style    1974
.

..et bien sûr, il y avait le fameux " bigger splash" qui a fait la gloire de David. ( peut-être plus à cause du film éponyme, d'ailleurs ).

Sont exposés ses merveilleux dessins, et là, je me régale absolument .


Celia in a black dress with white flowers    1972

  Ossie wearing a fairisle sweater       1970

  William Burroughs II    1980



Hockney, ton trait virtuose est un pur régal ! Je suis ( nettement ) moins sensible à l'inspiration " Pop Art " des salles suivantes, ça fait un peu déco, bien sûr c'est toujours brillant, bien fait, bien dessiné, mais bon, j'ai l'impression qu'à cette époque là, il était pris dans un genre de système commercial qui gomme sa formidable sensibilité de peintre. Et surtout, sa formidable réceptivité à la nature, que l'on retrouve finalement davantage dans une grande installation vidéo, " Les quatre saisons", qui vous plonge avec délectation dans un sentier forestier de son cher Yorkshire. Il utilise plusieurs films qui se mélangent et se composent de   fascinante façon, système qu'il reprend dans ses peintures, ( il paraît qu'il a initié ce système après avoir peint une toile si immense qu'elle ne pouvait être sortie du musée !)   dont j'aurais aimé voir l'intégralité, mais je l'ai déjà dit, il n'y a que le grand panneau du haut et celui-ci :



A closer winter tunnel      2006


qui donne quand même une petite idée de la virtuosité du bonhomme, mais c'est frustrant.Et peut-être aussi celui là, mais je n'en suis pas absolument sûre...



Woldgate lane to Burton Agnes 2007


En tous cas, si ce n'est lui, c'est donc son  " frère" !! Et pour finir sur une citation encore de Sir David, (qu'il a peinte sur le dernier mur avant la sortie):  " Love life "!!

Juste pour le plaisir, quelques uns de  ceux que j'aurais voulu voir :


Three trees near Thixendale, spring 2008
The road to Thwing, late spring 2006


Wheatfield near Fridaythorpe    2006

Wheatfields off Woldgate 2006

2007

Warter vista 2006

Landscape tunnel II

Three trees in the proximity
 of Tixendale   winter 2007

Have a good and long life, David Hockney R.A. (80) !

samedi 16 septembre 2017

Divine, forcément divine

Exposition " Maria by Callas" à la Seine Musicale, île Seguin, Boulogne-Billancourt




Dans le métro parisien   photo Solvej


Voilà une exposition qui n'est pas " de peinture", mais cette incursion dans la Musique n'est pas si éloignée de mes préoccupations habituelles...

En effet, j'eus le grand bonheur, il y a ...54 ans ! d'assister à un concert au Théâtre des Champs-Elysées, où se produisait alors Maria Callas. J'étais très jeune, j'aimais le rock-n' roll,   j'avais une belle robe du soir à étrenner et c'était là sans aucun doute ma principale motivation. Mais ce concert a changé toute ma vie, et ma conception de l' Art, en me faisant découvrir une femme qui était l'incarnation de l'Art tel que je l'imaginais, par son génie musical, par sa beauté physique, par son exigence artistique unique, par son travail acharné, et aussi par son respect du public, car elle était loin d'être la créature machiavélique que les médias nous laissaient supposer. Tout cela, vous le découvrirez dans cette magnifique exposition, qui plaira à la fois aux inconditionnels ( qui découvriront de nouvelles "perles" ) ( la petite vidéo de Norma, j'y étais, m'a arraché des larmes) et aux novices, que j'envie, ah ! ils vont découvrir Maria Callas, la vraie...les heureux !

Courez  vite à l'île Seguin, oubliez vos stillettos ( la passerelle est redoutable ) ( et il y en a, de la marche, avant d'accéder au Graal)  vous ve serez pas déçus !

Pour illustrer mon propos, ( et rester dans l'Art plastique ) je vous offre un petit bonus perso :

                                  les dessins que la jeune étudiante des Métiers d'Art
                                  avait fait à l'époque de son "idole"



Enregistrement de Carmen       Solvej Avril 1965

Souvenir de Norma      Solvej Juin 1964

Dans la Traviata      Solvej 1966

Etole     Solvej Avril 1965

Portrait       Solvej Juillet 1965




dimanche 10 septembre 2017

Vacances...et ( un peu ) de travail

Le Clos des Arts à Mormoiron ( Vaucluse ) ,  chez Auguste et promenade à Nice .


Mon " stand "       photo Solvej


Mon petit village de Mormoiron ( au pied du Mont Ventoux) organisant pour la première fois une journée " Peintres au village", le genre de manifestation qui plaît beaucoup dans la région, je ne pouvais faire autrement que d'y participer. C'est sympathique, bon enfant, j'étais très contente d'être dans une rue bien à l'ombre, j'ai vu quelques amateurs...(l'un d'entre eux m'a dit " qu'il y avait de la violence dans ma peinture", ça change des "c'est très frais" ou " très féminin" habituels ) et pas mal de touristes.

Ventoux...mais vend rien !     photo Solvej 

Bien à l'ombre             photo Solvej





















Cela ne fait pas forcément avancer l'art...mais au moins, les tableaux ont pris l'air !! Et l'Association qui organisait la chose a récolté quelques sous.

A part ça je n'ai rien fait, mais n'est-ce pas  le but des vacances ...


Début Septembre, nous avons été visiter le Musée Renoir à Cagnes sur mer, qui était sa maison, il n'avait pas choisi l'endroit le plus moche de la Côte d'Azur :

Salle à manger avec vue   photo Solvej

La ferme des Collettes   photo Solvej





























La maison en elle-même n'est pas extraordinaire, mais le jardin est très agréable et la vue magnifique.Il y a quelques documents plus ou moins intéressants, l'atelier du Maître, avec un peu d'imagination ça fonctionne, un film digne de Charlot où l'on voit Renoir dans sa chaise roulante ( faire semblant de) peindre en fumant clope sur clope, et puis deux trois régals :


Renoir  Paysage   photo Solvej
J'ai une tendresse particulière pour ce petit paysage, qui est peut-être une esquisse, d'ailleurs, avec cette montagne derrière, on se demande pourquoi...!!!


Renoir vers 1914 Paysage aux Collettes       photo Solvej
Ces oliviers sont toujours là, dans ce jardin, c'est émouvant.
La ferme des Collettes n'a pas beaucoup changé ( photo plus haut ) et voici comment le génie de l'artiste magnifie le lieu (presque) le plus banal :


Renoir 1915 La ferme des Collettes          photo Solvej


Sinon, au hasard d'une promenade à Nice, j'ai admiré une jolie exposition :


Margot Issaly     Impressions corses

Margot Issaly      Impressions corses







































C'est très beau, très lisse (si,si !) et très  élégant. "Vous pouvez me faire le même en rose ?" ( c'est toujours mon problème avec l'abstrait.... )

Voilà ! Bonne rentrée !





dimanche 14 mai 2017

" Faut r'connaître...c'est du brutal ! "

  L'âge archaïque 1961  Stedjelik Amsterdam          photo Solvej

L'art est une fête !  Karel Appel        Musée d'Art Moderne



Voilà un titre d'expo qui me plaît énormément, en ces temps de morosité artistique...et il n'y a pas que le titre qui me plaît. Voici donc un hommage au fougueux Cobra hollandais, bienvenu, quoique la plupart des oeuvres exposées viennent...du Musée d'Art Moderne ! ( ils ne sont pas allés chercher bien loin, passons *) Mais il est vrai que les voir toutes réunies donne une bonne idée du talent de Karel Appel. Disons le tout net, c'est vraiment l'opposé du délicat Twombly, mais c'est tout aussi beau. Et puis le clou de l'exposition, si on peut dire, c'est une petite vidéo où Appel a accepté d'être filmé en train de réaliser justement l' Age archaïque   ci-dessus, et alors là...c'est absolument extraordinaire de le voir travailler : une concentration, un oeil, un geste ...ah oui, comme disait Michel Audiard : " faut r'connaître...c'est du brutal ! " Mais quelle maîtrise, quel total engagement ! La salle où ces oeuvres sont présentées est appelée " Véhémence expressive " . Bien trouvé.


  Carnaval tragique 1954  Collection particulière          photo Solvej



  Crabe hurlant 1954  MAM Paris          photo Solvej



                     Il y a là-dedans une force, une maîtrise parfaite de la composition et du trait ( au tube ! ) ( voir le film ) qui ne peut qu'emporter une adhésion enthousiaste, en tous cas la mienne. Voilà un peintre qui fait corps avec la matière, pour un résultant époustouflant. Il faut bien sûr voir ces ( grands) formats de loin, mais il n'est pas inintéressant de se rapprocher un peu...



  Fille (détail) 1957  Emden Kunsthall
 
photo Solvej

  Fille 1957 Emden Kunsthall      photo Solvej





















  Nu blessé (détail) 1959  MAM Paris    photo Solvej


Chaque détail pourrait être une oeuvre à part entière.


Ce que j'aime beaucoup, c'est que j'ai l'impression que Appel commençait un tableau dans un état de réception sensible (" abstraction " ) et à la fin, découvrait la forme et par suite, le titre, d'une façon totalement intuitive, mais j' extrapole...




  Nu blessé 1959  MAM Paris            photo Solvej
En tous cas le résultat est magnifique.



Avant ses furies cobraesques, j'aime beaucoup ces deux petits :

  Oiseaux de nuit 1949 MAM Paris           photo Solvej

  Petit hip hip hourra 1949 MAM Paris        photo Solvej


L'exposition présente également un ensemble de "statues" rigolotes intitulé " le cirque "( 1978 ), et pas mal d'autres bricolages que je trouve moins forts. 

Après sa période Cobra, l'artiste continue dans le monumental, mais c'est nettement moins gai : certes il y a toujours la même maîtrise du geste, mais le discours est très pessimiste et la forme, qui s'épure ( fatigue ? on peut le comprendre ) perd son pouvoir expressif si hypnotique.

Dans sa terrible et immense toile " les décapités " ( 1982 ) il y a tout de même un corbeau rigolo 


 Les décapités ( détail) 1982     MAM Paris    photo Solvej


mais la fête se termine, et c'est un peu triste, le maître n'a plus vraiment grand chose à dire, un dernier mot...avant le grand voyage :


  Sans titre ( Feestje ?) 2006      Collection  particulière  photo Solvej


avec un point d'interrogation, en effet ! Mais tout n'est-il pas dans ce point d'interrogation....bien menaçant, la faux de madame la Mort, peut-être ? Sûrement.

* Depuis j'ai appris que ces tableaux ont fait l'objet récemment d'une donation au Musée d'Art Moderne, voilà pourquoi...

dimanche 19 mars 2017

Must have

De Kooning         Sans titre IV    



Collection Alicia Koplowitz    Musée Jacquemart-André


Dans le charmant Musée Jacquemart-André, une foule nombreuse se presse en ce dimanche après-midi, heureusement que nous avions pris les billets...et bien sûr, les (toutes) petites salles d'exposition sont bondées. Dès la première, trois magnifiques Goya et un merveilleux Zurbaran me ravissent. D'ailleurs, il y a dans cette collection une évidente suprématie espagnole, qui sera confirmée plus loin avec Picasso, Juan Gris, Barcelo, Tapies, et j'allais oublier un très beau portrait de Juan Pantoja de la Cruz, qui m'était jusque là inconnu, je l'avoue, honte à moi. Mais après tout, la dame au nom " polonais" s'avère être espagnole...

En tous cas cette comtesse de Haro est bien séduisante, et rappelle à la fois, par sa retenue un peu timide, l'adorable comtesse de Chinchon, et par sa beauté brune, la belle actrice de l'Hermitage.




Goya 1803                Portrait de la comtesse de Haro  


La délicatesse de la robe en mousseline n'a d'égale que la subtilité de son petit sourire contrit , un peu contredit par ces accroche-coeur coquins et l'opulente rose rouge...toute une histoire !
Les deux autres Goya, "L'attaque de la diligence" et "Hercule et Omphale" ( c'était quoi, l'histoire, déjà ...? ) ont en commun une tache rouge symétriquement placée qui attire l'oeil irrésistiblement. L'art de la composition...



Goya 1784   Hercule et Omphale ( détail) 

Goya  1787            L'attaque de la diligence



Le très beau Zurbaran


Zurbaran 1661               Vierge à l'enfant avec St Jean Baptiste 


Je passe sur un fameux bouquet de fleurs de Van Gogh qui ne me plaît pas du tout, un Toulouse-Lautrec guère plus, un chien en bronze de Bugatti qui n'intéresse personne...( sauf moi)

Dans la salle suivante, il y a foule devant un   grand ( et très beau) Picasso :



Picasso 1906                 Demi-nu à la cruche 


Du coup, je le regarde de côté, et, oh surprise :


photo Solvej ( interdites, hi hi, mais il y a
tellement de gens bien serrés qui me dissimulent !)

le maître avait d'abord peint le visage de face ! Amusant, non ? ( merci le vernis brillant ). En face un Juan Gris élégant, un Modigliani, bon, et au fond un superbe Van Dongen :



Gris 1917                Violon et journal   

Van Dongen 1906     Femme au grand chapeau  




L'exposition se termine avec quelques modernes, Rothko, bof, Tapiès, hum, Freud, oui, beau portrait, et surtout le De Kooning que j'ai mis en titre et qui me parle.

Mais enfin, tout ça pour ça...bon, nous finissons en faisant le tour du délicieux musée et de ses merveilleux classiques. Mes préférences du jour :



Rembrandt 1626                             Les pèlerins d'Emmaeus 



Ruisdael 1660         Paysage des environs de Haarlem 


En conclusion, une exposition pas inintéressante, mais pas forcément indispensable....( contrairement à ce que dit la rumeur publique ! )