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vendredi 24 novembre 2023

Black Friday

 
Manet, Portrait de Berthe Morisot étendue   1873   Marmottan    photo@Solvej


 

Berthe Morisot et le XVIIIè siècle   Musée Marmottan-Monet


Mark Rothko    Fondation Vuitton



Black Friday !! Cela fait au moins trois semaines que Big Brother nous saoûle avec ça...Black, comme le merveilleux noir de Manet dans cet extraordinaire portrait de sa bien-aimée Berthe, la semaine dernière. Black, comme les derniers Rothko vus aujourd'hui chez Mr Vuitton.

Que dire de cette gigantesque grandiose exposition , très courue mais c'est très grand ce superbe vaisseau qui trône dans le bois de Boulogne ..."(...) Je voulais élever la peinture au même degré d'intensité que la musique et la poésie " nous dit Mark Rothko. Diable !
Le bonhomme ne manque pas d'ambition. Il paraît qu'il faut regarder les oeuvres très longtemps pour s'en pénétrer, ou y pénétrer. J'ai essayé courageusement. J'ai essayé de faire le "voyage " que l'on nous propose ( que l'on  nous impose    ) Mais on peut aussi voir un rectangle rouge sur un rectangle marron, et, malheureusement, j'ai bien peur que je ne sois plutôt dans cette seconde catégorie...

De ses premières oeuvres qui je l'avoue m'ont carrément déplu, je ne retiendrai que ces deux là :

Entrance to subway, 1938    photo@Solvej

 
 
Untitled, 1935   photo@Solvej















auxquelles je trouve un certain charme "mittel-europa".

Ensuite, il s'essaye à une quantité de compositions délirantes qui me laissent pantoise. Je ne comprends pas comment on peut avoir envie de peindre ça :


Untitled, 1941/42 NGA
Washington 
 photo@Solvej


Puis on passe aux rectangles,  exercice auquel il s'est livré pendant...plus de 20 ans . Et en plus sur des formats énormes !! ( on ne s'en rend pas compte quand on voit les reproductions, mais il font tous au minimum 2m sur 3 ).

1949 N° ? ( j'ai photographié le cartel,
mais comme il y en avait plusieurs,
 je ne sais plus lequel c'est ! )
 photo@Solvej







 
Même chose !, entre 1953 et 1957 
 photo@Solvej

N°14/N°10( Yellow greens ) 1953  photo@Solvej

N°14, 1960
San Francisco Museum of Modern Art
 photo@Solvej

Tout le monde apparemment observe chaque oeuvre avec beaucoup d'attention, dans un silence religieux. Black friday...achetez, consommez, admirez !!!

De très près, on peut voir quelques détails très photogéniques 


N°14, 1960 (détail)
San Francisco Museum
 of Modern Art 
 photo@Solvej

détail de bleus ?  photo@Solvej












 



Mais enfin, pour moi il y a trop de hasard, de "truc" aussi ( superpositions de couleurs proches ) pour susciter en moi la moindre émotion. C'est trop intellectuel, trop pensé, désolée Rothko je ne marche pas. J'aime l'abstraction quand elle est  vivante, expressionniste, gestuelle, quand on sent la sensibilité du pinceau. Oui, je l'admets, je suis passée à côté de Rothko.



En revanche, la sensibilité ce n'est pas ce qui manque dans la superbe exposition que Marmottan consacre à Berthe Morisot et à quelques collègues du 18è siècle. C'est un bonheur absolu ( à part peut-être l'horrible couleur  mauve lie-de-vin dont ils ont jugé pertinent de badigeonner les murs ),  on a beau connaître par coeur la peinture de la belle, on ne se lasse pas. 


La fable ( détail)  1883   photo@Solvej


Je m'émerveillerai toujours devant le  regard attentif de la nounou, trois petits coups de pinceau et tout est dit. Je découvre aussi ces deux portraits que je n'avais jamais vus :


Paule Gobillard en robe de bal,1887 Coll P

Portrait de Louise Riesener 1888 MBA Limoges



















et ce délicieux pastel :

  Femme en gris debout 1880 Coll P


beau comme Watteau, mais justement :

Watteau, Les plaisirs du bal 1717
Dulwich Picture Gallery Londres

la dame est bien accompagnée, Gainsborough et Reynolds ne lui font pas ombrage et l'entourent en beauté

Gainsborough, Samuel Linley 1778 
Dulwich Picture Gallery Londres
 photo@Solvej

Reynolds, Têtes d'anges 1787 Tate Gallery
 photo@Solvej























Il n'y a peut-être que Boucher, qu'elle adorait, et qu'elle a joliment copié :



Morisot, Apollon révélant sa divinité
à la bergère Issé, d'après François Boucher 1892
Marmottan 
 photo@Solvej

Boucher, Apollon révélant sa divinité 
à la bergère Issé ( détail) 1750
MBA Tours  
 photo@Solvej


















qui au jeu de qui est le meilleur, a une longueur d'avance ! 


Boucher, Jeune fille endormie  Domaine de Chaalis
                                                                           photo@Solvej


Morisot, Repos ( jeune fille endormie ) 1892 Coll p


Pour ce qui est de l'installation contemporaine qui est censée "répondre " au merveilleux portrait de Manet ( en haut ) , pas de danger ! 

Et pourquoi une tortue ?
 Que vient faire Mme Chirac là-dedans ?
(ce n'est pas le titre 😂 ) 
 photo@Solvej

Et pour en finir avec le noir, un beau tableau abstrait en sortant de chez LVMH ( c'est presque du Soulages ! ) :

photo @Solvej


dimanche 10 décembre 2017

Dans la chambre à coucher de Monet

Monet collectionneur     Musée Marmottan-Monet



Renoir    La mosquée, fête arabe   1881     photo Solvej
(le tableau le plus cher que Monet ait jamais acheté ! )



La vie de Monet, quelle histoire ! Je ne peux m'empêcher de me remémorer " L'oeuvre", ce terrible roman de Zola qui magnifie    l'artiste " maudit", façon fin 19ème. La description du peintre peignant son "enfant mort" ( et exposé au Salon, à une hauteur telle qu'on ne le voyait pas !)  m'avait arraché des larmes et évidemment, chaque fois qu'à Orsay je passe devant " Camille sur son lit de mort" j' y pense. Je ne sais pas si le père Zola s'est inspiré de cette oeuvre, c'est bien possible, mais enfin c'est sûr que Claude Oscar ( comme l'appellent les anglais) n'a pas eu tout de suite la vie facile.
       Au départ, entre rapins, et entre deux bocks, on s'échangeait des oeuvres, normal, c'est comme ça qu'il a commencé sa collection.   Et puis après, le maître ayant du succès ( et plus de moyens, de ce fait ) se souvenant de ses déboires passés, encourageait un peu ses collègues...c'est beau.  Et à la fin, le Maître avec majuscule, quand il avait fini de ciseler son jardin-chéri-Giverny, entre deux achats de nymphéas  ( "oh! mais je l'ai pas, ce rose-mauve irisé "), ce que c'est que la collectionnite, le Maître faisait de la déco sur ses murs.


Cette jolie petite exposition ambitionne de recréer un peu l'ambiance de la maison de Monet, et surtout nous permet de découvrir certains tableaux que nous n'avons jamais vus. Assez peu, ils en ont quand même exposé beaucoup que l'on a l'habitude de voir ici, mais bon ; puisque j'ai parlé de Camille, deux tableaux nous la montrent :

Manet    Monet peignant dans son atelier   1874  Stuttgart Staatsgalerie


Cette magnifique " esquisse " de Manet, qu'Edouard avait laissé chez Claude, pensant la finir, et puis il n'est jamais revenu, nous dit la notice, et Monet l'a gardée sur son mur...

...et ce touchant portrait signé Renoir, pendant de celui de l'artiste fumant la pipe, splendide !


Renoir Portrait de Madame Claude Monet 1872

Renoir  Claude Monet lisant 1873






















Je ne vais pas les séparer, même s'ils se tournent le dos !

Dans la famille de coeur de Monet, il y a bien sûr la belle Morisot :



Morisot  Julie Manet et Laërte  1893 Marmottan


Mais Monet, s'il aimait ses collègues impressionnistes, savait aussi apprécier les grands "anciens", comme Delacroix et Corot :



Delacroix Falaises près de Dieppe 1855 Marmottan

Corot Ariccia, Palais Chigi 1827 Musée Langmatt Baden


et aussi ceux " à la mode", comme Chéret, par exemple, et même des "modernes" comme Cézanne


Cézanne  Neige fondante à Fontainebleau 1880 MOMA New-York


et sa vibrante "neige fondante à Fontainebleau", qui, pour ce qui est de l' "impression" humide n'a rien à envier à la rue mouillée de Caillebotte



Caillebotte Rue de Paris, temps de pluie esquisse  Marmottan


J'ai gardé pour la fin le délicieux enfant dans les fleurs de Manet, mais je ne suis pas vraiment sûre que la couleur bleu turquoise vif des tentures de l'exposition, (censée, je suppose, être dans l'esprit du collectionneur, qui, on le sait, affectionnait les murs de couleur ( cf Giverny, jaune tournesol, bleu intense ) le mette particulièrement en valeur :


Manet  Garçon dans les fleurs ( Jacques Hoschédé) 1876 NMWA Tokyo


Pour sortir, on passe dans la salle basse de Marmottan, et au passage, un petit coup d'oeil sur les derniers chef-d'oeuvres de Monet, heureusement qu'il ne s'est pas fait opérer de la cataracte, lui !



Monet Le pont japonais 1924  Marmottan

dimanche 12 novembre 2017

Les greniers du Petit Palais

Berthe Morisot  Dans le parc  1874

L'art du pastel de Degas à Redon      Anders Zorn      Petit Palais






Pourquoi ce titre ? Voilà deux expositions qui me paraissent couvertes d'une quantité considérable de poussière...En effet,  "L'art du pastel", en dehors du sublime Morisot ci-dessus, de deux beaux portraits, respectivement  de Jacques-Emile Blanche et de Vigée-Lebrun, n'est qu'une litanie de "pompiers" plus moches les uns que les autres, qu'ils ont ressortis de leur grenier ( ou de leur cave). Aaaarghhh ! les portraits mondains compassés, les nus Bougueresques et grivois, les petites esquisses en veux-tu en voilà, mais de qui se moque t-on ? Ils ont même réussi à trouver un Degas merdique, faut le faire tout de même, parce que le bougre, le pastel, il connaissait . D'ailleurs, il n'y en a que deux, des Degas, et des Odilon Redon, ça oui, trois quatre, mais on sait que ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, Odilon. Bon. Mais nom d'une pipe! L'art du pastel, c'est Quentin l'insurpassable, Liotard, Nattier, Perroneau, Rosalba Carriera la superbe c'est Manet le sublime, c'est Degas ( pas ces deux-là),Cassatt ( pas ceux-là), Whistler, Delacroix, Boldini le flamboyant, Henner, Heleu, j'irais même jusqu'au sautillant Chéret, le jeune Picasso, Vuillard, Munch, Mitchell...et j'en oublie sûrement.


Ce portrait de M.Cassatt est tout de même remarquable. J'adore le tissu du fauteuil !



Mary Cassatt  Portrait de Moïse Dreyfus  1879


Et pourtant, ça plaît. Il y a foule. On s'extasie.

En somme, le public d'aujourd'hui, essentiellement composé de bourgeois, jeunes ou vieux ( la majorité) aime cet art consensuel, pas trop perturbant, ces étalages vulgaires de virtuosité ( ça l'épate ) comme l'aimait le public de la Belle Epoque, et qui ne fait pas trop se poser de questions sur la peinture, qu'est-ce que la peinture...Au milieu de ce naufrage, je sauverai quand même un certain Charles Léandre, portraitiste mondain, certes, mais dont j'apprécie beaucoup le contraste entre un rendu sensible sur les visages et une touche enlevée dans le décor. Et puis, c'est un très bon dessinateur, indispensable pour qui veut se frotter aux délectables et friables bâtonnets.




Charles Léandre   Portrait de Madame
Sylvio Lazzari 1895




Charles  Léandre   Portrait de Madame Marguerite
 Gouverné (détail)1904 




















Un qui est aussi un très bon dessinateur,c'est Anders Zorn. C'est pourquoi ses aquarelles du début de sa carrière sont si belles ( oui, la peinture à l'eau c'est bien plus difficile que la peinture à l'huile ). Je suis d'emblée charmée, dès la première salle de cette énorme rétrospective, par  ces aquarelles.




Anders Zorn   Colline boisée 1885


         Encore que je leur trouve un petit " chic" suspect. Et en effet, ça se gâte dès la deuxième salle, et en avant les grands effets, et rebelote les portraits pompeux, et cette couleur dégueu, saturée de blanc, plombée, il n'y a pas un seul ton franc. Et puis tous ces sujets "fin de siècle", et la petite période " scandinave-libéré-retour à la nature," avec ses baigneuses grassouillettes et roses sur fond vert malachite, ah mais je déteste ça ! Comme disait mon mari, je préfère Carl Larsson ( comme suédois) ( ou Alexandre Roslin, magnifique portraitiste du XVIIIème siècle ).


Désolée, Messieurs mesdames, mais en peinture scandinave, les champions ce sont les danois ( non, je ne suis pas chauvine), puis les finlandais, les norvégiens. Mais les suédois, qu'ils continuent à faire d'excellents polars, c'est mieux !


Et pour ne pas " rester sur une contre", comme on dit au tennis, quelques éminents scandinaves :



Johan Christian Dahl ( norvégien) 
Etude de nuages avec horizon  1832  Berlin

Willem Hammershøi ( danois) Vieille femme 1886






















Erno Järnefelt ( finlandais) Scenery from Koli.

Anna Ancher ( danoise) Sunlight in the Blue Room,
1891  Skagen M























Akselli Gallen-Kallela ( finlandais) Lake view 1901



Per Kirkeby ( danois) 2012

Asger Jorn ( danois) Untitled 1971





















                                                 

                                                            Voilà ce que j'appelle de la Peinture !

mardi 11 mars 2014

La " Journée de la Femme " ... avec un peu de retard ...

La femme du peintre


Je voudrais vivre comme un moine dans une cellule pourvu que j'aie de quoi peindre sans souci ni dérangement.
             Henri Matisse, cité par Jean Puy ( " Souvenirs", le Point, 1939 )

Moi aussi !!




Je me souviens de ce livre  de Matisse, " Ecrits et propos sur l'art ",  que j'ai lu ...il y a bien longtemps, aussi vous me pardonnerez une certaine approximation...Il disait, et cela m'avait beaucoup marquée, qu'il travaillait tous les jours de 9h à 12h, heure à laquelle Mme Matisse fournissait le déjeuner, et de 14h à 18h30, heure à laquelle Mme Matisse servait le dîner. Dans un livre sur Marquet, on racontait que Mme Marquet apportait un pique-nique à Mr "sur le motif " dans la campagne. On remarque, si on regarde un peu les bios de ces messieurs, qu'il est très fréquent que ces grands hommes aient épousé leur servante, ou leur modèle.

  Les grands maîtres sont principalement des hommes, qui ne se sont pas privés de considérer qu'ils étaient par essence investis du Génie Créateur, ou touchés de l'Etincelle Divine, contrairement aux femmes, qui en étaient malheureusement dépourvues...question de génétique, ajoutaient même les plus machos.   
La Femme serait-elle par définition privée  de talent, d'inspiration, de technique, de velléité créatrice,  de souffle divin ? La Femme, cette création parfaite qui a suivi l'esquisse un peu ratée que fit Dieu en premier, l' Homme ... Mais non !


Tout simplement, la femme peintre n'a pas de femme du peintre  .


Certes, la femme peintre peut vivre avec un mécène ( dans le meilleur des cas ),   un frère en art  ( un concurrent ! ),  un marchand,  un artiste dans une autre spécialité,  mais jamais, au grand jamais, avec un cuisiner, un homme de ménage, un blanchisseur, un secrétaire ou un baby-sitter, et c'est bien là son principal problème !

 Alors, pour cette journée de la Femme, je veux rendre hommage à toutes mes soeurs sous-estimées,    Artemisia, Sofonisba, Rosalba, Mary, Lavinia, Elisabeth-Sophie, Elisabeth, Adélaïde, Louise, Angelica, Anna, Rosa, Louise, Marie, Anne, Eva, Mary, Suzanne, Berthe, Romaine, Leonor, Frida, Marie, Tamara, Giorgia, Dorothea, Niki, Maria-Helena, Hélène, Joan, Annette,   et j'en oublie évidemment,  Gloire à vous !!!


Gloire à vous les observatrices attentives du temps qui passe, à des siècles de distance, Hélène Schjerbeck et Sofonisba Anguissola

Helene Schjerfbeck, autoportrait 1884/85
Helene Schjerfbeck, autoportrait à la tache rouge 1944
Sofonisba Anguissola, autoportrait  1554
Sofonisba Anguissola, autoportrait 1613









































Gloire à vous les tendres, les raffinées, portraitistes  délicates, fines psychologues,  Elisabeth Vigée-Lebrun, Rosalba Carriera, Angelica Kauffmann


Rosalba Carriera ,    Portrait du consul français Leblond   1727 

Angelika Kaufmann, portrait de Johann Joachim Winkelmann  

Elisabeth Vigée-Lebrun,  le frère de l'artiste  1773



Gloire à vous les originales, les singulières, les inventives, Niki de St Phalle, Maria-Helena Vieira da Silva, Tamara de Lempicka, Annette Messager


Annette Messager,  Articules-Desarticules  2001

Niki de Saint Phalle, Nana 1974

Maria Helena Vieira da Silva,  Atlantide,  Lithographie  1973/74


Tamara de Lempicka, portrait du marquis d'Afflito 1925


Gloire à vous les sauvages, les violentes,  les passionnées, les différentes, Artemisia Gentileschi, Frida Kahlo, Joan Mitchell,  Suzanne Valadon



Artemisia Gentileschi,  Judith décapitant Holopherne  1620





Joan Mitchell, sans titre  1961 

Frida Kahlo, la colonne brisée 1944 

Suzanne Valadon,   les deux baigneuses  1923


                     
                             Et surtout Gloire à toi, la plus grande, Berthe Morisot, qui rangeait ton matériel dans un placard du salon quand tu avais ton " jour ", Madame Eugène Manet ...



Berthe Morisot, saules dans le jardin de Bougival 1884