La femme du peintre
Je voudrais vivre comme un moine dans une cellule pourvu que j'aie de quoi peindre sans souci ni dérangement.
Henri Matisse, cité par Jean Puy ( " Souvenirs", le Point, 1939 )
Moi aussi !!
Je me souviens de ce livre de Matisse, " Ecrits et propos sur l'art ", que j'ai lu ...il y a bien longtemps, aussi vous me pardonnerez une certaine approximation...Il disait, et cela m'avait beaucoup marquée, qu'il travaillait tous les jours de 9h à 12h, heure à laquelle Mme Matisse fournissait le déjeuner, et de 14h à 18h30, heure à laquelle Mme Matisse servait le dîner. Dans un livre sur Marquet, on racontait que Mme Marquet apportait un pique-nique à Mr "sur le motif " dans la campagne. On remarque, si on regarde un peu les bios de ces messieurs, qu'il est très fréquent que ces grands hommes aient épousé leur servante, ou leur modèle.
Les grands maîtres sont principalement des hommes, qui ne se sont pas privés de considérer qu'ils étaient par essence investis du Génie Créateur, ou touchés de l'Etincelle Divine, contrairement aux femmes, qui en étaient malheureusement dépourvues...question de génétique, ajoutaient même les plus machos.
La Femme serait-elle par définition privée de talent, d'inspiration, de technique, de velléité créatrice, de souffle divin ? La Femme, cette création parfaite qui a suivi l'esquisse un peu ratée que fit Dieu en premier, l' Homme ... Mais non !
Tout simplement, la femme peintre n'a pas de femme du peintre .
Certes, la femme peintre peut vivre avec un mécène ( dans le meilleur des cas ), un frère en art ( un concurrent ! ), un marchand, un artiste dans une autre spécialité, mais jamais, au grand jamais, avec un cuisiner, un homme de ménage, un blanchisseur, un secrétaire ou un baby-sitter, et c'est bien là son principal problème !
Alors, pour cette journée de la Femme, je veux rendre hommage à toutes mes soeurs sous-estimées, Artemisia, Sofonisba, Rosalba, Mary, Lavinia, Elisabeth-Sophie, Elisabeth, Adélaïde, Louise, Angelica, Anna, Rosa, Louise, Marie, Anne, Eva, Mary, Suzanne, Berthe, Romaine, Leonor, Frida, Marie, Tamara, Giorgia, Dorothea, Niki, Maria-Helena, Hélène, Joan, Annette, et j'en oublie évidemment, Gloire à vous !!!
Gloire à vous les observatrices attentives du temps qui passe, à des siècles de distance, Hélène Schjerbeck et Sofonisba Anguissola
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Helene Schjerfbeck, autoportrait 1884/85 |
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Helene Schjerfbeck, autoportrait à la tache rouge 1944 |
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Sofonisba Anguissola, autoportrait 1554 |
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Sofonisba Anguissola, autoportrait 1613 |
Gloire à vous les tendres, les raffinées, portraitistes délicates, fines psychologues, Elisabeth Vigée-Lebrun, Rosalba Carriera, Angelica Kauffmann
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Rosalba Carriera , Portrait du consul français Leblond 1727 |
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Angelika Kaufmann, portrait de Johann Joachim Winkelmann |
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Elisabeth Vigée-Lebrun, le frère de l'artiste 1773 |
Gloire à vous les originales, les singulières, les inventives, Niki de St Phalle, Maria-Helena Vieira da Silva, Tamara de Lempicka, Annette Messager
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Annette Messager, Articules-Desarticules 2001 |
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Niki de Saint Phalle, Nana 1974 |
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Maria Helena Vieira da Silva, Atlantide, Lithographie 1973/74 |
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Tamara de Lempicka, portrait du marquis d'Afflito 1925 |
Gloire à vous les sauvages, les violentes, les passionnées, les différentes, Artemisia Gentileschi, Frida Kahlo, Joan Mitchell, Suzanne Valadon
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Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne 1620 |
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Joan Mitchell, sans titre 1961 |
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Frida Kahlo, la colonne brisée 1944 |
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Suzanne Valadon, les deux baigneuses 1923 |
Et surtout Gloire à toi, la plus grande, Berthe Morisot, qui rangeait ton matériel dans un placard du salon quand tu avais ton " jour ", Madame Eugène Manet ...
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Berthe Morisot, saules dans le jardin de Bougival 1884 |
Oh je suis choquée, je ne connaissais pas cette injustice dans la vie de Berthe Morisot. Quel mépris de la part de Manet.
RépondreSupprimerUn tableau magnifique, plein de force, comme elle a du souffrir.
Merci pour ce billet.
Berthe Morisot avait une vie très " bourgeoise", et donc, avait un " jour" où elle recevait, en tant que Mme Eugène Manet ( son mari, le frère d' Edouard, le peintre ). Je pense ( et je ne suis pas la seule !) qu'elle avait épousé Eugène car Edouard était déjà marié ( ou tout comme, avec Suzanne Leenhoff, qu'il épousa en 1863 ) mais c'est Edouard qu'elle aimait...( et qui l'aimait ). Merci pour votre intéressant commentaire. Cordialement. Solvej
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