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dimanche 10 décembre 2017

Dans la chambre à coucher de Monet

Monet collectionneur     Musée Marmottan-Monet



Renoir    La mosquée, fête arabe   1881     photo Solvej
(le tableau le plus cher que Monet ait jamais acheté ! )



La vie de Monet, quelle histoire ! Je ne peux m'empêcher de me remémorer " L'oeuvre", ce terrible roman de Zola qui magnifie    l'artiste " maudit", façon fin 19ème. La description du peintre peignant son "enfant mort" ( et exposé au Salon, à une hauteur telle qu'on ne le voyait pas !)  m'avait arraché des larmes et évidemment, chaque fois qu'à Orsay je passe devant " Camille sur son lit de mort" j' y pense. Je ne sais pas si le père Zola s'est inspiré de cette oeuvre, c'est bien possible, mais enfin c'est sûr que Claude Oscar ( comme l'appellent les anglais) n'a pas eu tout de suite la vie facile.
       Au départ, entre rapins, et entre deux bocks, on s'échangeait des oeuvres, normal, c'est comme ça qu'il a commencé sa collection.   Et puis après, le maître ayant du succès ( et plus de moyens, de ce fait ) se souvenant de ses déboires passés, encourageait un peu ses collègues...c'est beau.  Et à la fin, le Maître avec majuscule, quand il avait fini de ciseler son jardin-chéri-Giverny, entre deux achats de nymphéas  ( "oh! mais je l'ai pas, ce rose-mauve irisé "), ce que c'est que la collectionnite, le Maître faisait de la déco sur ses murs.


Cette jolie petite exposition ambitionne de recréer un peu l'ambiance de la maison de Monet, et surtout nous permet de découvrir certains tableaux que nous n'avons jamais vus. Assez peu, ils en ont quand même exposé beaucoup que l'on a l'habitude de voir ici, mais bon ; puisque j'ai parlé de Camille, deux tableaux nous la montrent :

Manet    Monet peignant dans son atelier   1874  Stuttgart Staatsgalerie


Cette magnifique " esquisse " de Manet, qu'Edouard avait laissé chez Claude, pensant la finir, et puis il n'est jamais revenu, nous dit la notice, et Monet l'a gardée sur son mur...

...et ce touchant portrait signé Renoir, pendant de celui de l'artiste fumant la pipe, splendide !


Renoir Portrait de Madame Claude Monet 1872

Renoir  Claude Monet lisant 1873






















Je ne vais pas les séparer, même s'ils se tournent le dos !

Dans la famille de coeur de Monet, il y a bien sûr la belle Morisot :



Morisot  Julie Manet et Laërte  1893 Marmottan


Mais Monet, s'il aimait ses collègues impressionnistes, savait aussi apprécier les grands "anciens", comme Delacroix et Corot :



Delacroix Falaises près de Dieppe 1855 Marmottan

Corot Ariccia, Palais Chigi 1827 Musée Langmatt Baden


et aussi ceux " à la mode", comme Chéret, par exemple, et même des "modernes" comme Cézanne


Cézanne  Neige fondante à Fontainebleau 1880 MOMA New-York


et sa vibrante "neige fondante à Fontainebleau", qui, pour ce qui est de l' "impression" humide n'a rien à envier à la rue mouillée de Caillebotte



Caillebotte Rue de Paris, temps de pluie esquisse  Marmottan


J'ai gardé pour la fin le délicieux enfant dans les fleurs de Manet, mais je ne suis pas vraiment sûre que la couleur bleu turquoise vif des tentures de l'exposition, (censée, je suppose, être dans l'esprit du collectionneur, qui, on le sait, affectionnait les murs de couleur ( cf Giverny, jaune tournesol, bleu intense ) le mette particulièrement en valeur :


Manet  Garçon dans les fleurs ( Jacques Hoschédé) 1876 NMWA Tokyo


Pour sortir, on passe dans la salle basse de Marmottan, et au passage, un petit coup d'oeil sur les derniers chef-d'oeuvres de Monet, heureusement qu'il ne s'est pas fait opérer de la cataracte, lui !



Monet Le pont japonais 1924  Marmottan

dimanche 16 octobre 2016

On est jamais déçu ...

Fantin-Latour 1866   La table garnie (détail)  Musée C. Gulbenkian  Lisbonne          photo Solvej

" A fleur de peau "      Exposition Fantin-Latour au Musée du Luxembourg



...que par les gens qu'on aime ( bis ! ) ( voir "Premier amour"). Je me rends compte à quel point il est important, indispensable, dans ce monde gavé de belles images sur écran, d'aller voir les oeuvres en vrai. Avant de partir, j'ai dit à mon mari " Fantin-Latour est insurpassable sur les fleurs, personne ne fait cela mieux que lui". Et bien, c'est faux ! C'est une idée que j'avais en collectionnant sur Internet les reproductions, toutes plus belles les unes que les autres, de ses oeuvres....
Je ne les avais pas regardées, à Orsay, par exemple, depuis quelques lustres. Il me semblait que la nature était magnifiquement rendue, la fragilité des pétales, les tiges ployées, les différentes textures,
Que nenni ! Tout cela est minutieux, élégant, apprêté, on sent le bouquet décoratif " à la hollandaise ".
Mais la vraie fleur qui vit, qui embaume et qui fane, je la cherche.
Quant aux cerises, c'est simple, on dirait qu'elles sont fausses. Il n'y a guère que les roses pour me bluffer un tantinet.


Fantin-Latour 1889  Les roses ( détail )         Musée des Beaux-Arts de Lyon      
 photo Solvej



Et encore, je suis bien plus sensible au superbe pichet de verre bleuté...



En fait, ce Fantin là, son grand truc, c'est tout ce qui est objet, oui, là, je leur trouve une âme, à ces objets inanimés. Un sucrier craquant...


Fantin-Latour 1866   Fleurs d'été et fruits ( détail)    Toledo  
photo Solvej


 Tiens, ce compotier me rappelle quelque chose...



Fantin-Latour 1872 Nature morte à l'aubépine et bol japonais
( détail)  Dallas       photo Solvej

Solvej Melon et un compotier de cerises
 Pastel 48x36 /2001
 


 ...mais on ne va pas faire un concours ( je perdrais, à coup sûr ! ) . Finalement, je crois qu'il est meilleur sur les fruits. Mais enfin, que tout cela est propre, léché, on voudrait un petit coup de vent...ou du moins, une sensualité comme les fruits de Chardin. On sent trop la technique ( parfaite), le système, le beau fond gris chic, bref, on s'ennuie un peu.

Et alors, il y a aussi ses portraits. Et là, quand on voit sa famille, on comprend un peu mieux. Ouh là là, pauvre Mme Fantin-Latour, Victoria Dubourg, artiste elle aussi ( Vic, tu ne savais pas qu'il ne faut JAMAIS épouser un collègue ? ) comme elle a l'air malheureuse...


Victoria Dubourg  Fleurs     Musée de l'art occidental Tokyo

Elle a pourtant un beau talent, elle aussi



Fantin-Latour La lecture 1870     Musée C. Gulbenkian Lisbonne


Mais il faut dire   qu'il y a la jolie Charlotte, sa soeur...tiens, tiens, un début d'explication ? C'est la seule femme que Fantin peint en la rendant séduisante, oh combien.



Fantin-Latour 1882    Charlotte Dubourg       Orsay


Ah, le moralisme de la fin du 19 ème siècle...

Les grands portraits de groupes, musiciens, peintres, VIP de l'époque, on les connait par coeur, collages plus ou moins réussis, mention spéciale pour son ami Manet, très très bien, et le charmant et hyper-connu Rimbaud,  mais enfin, tous ces messieurs si sérieux, si respectables, ça sent un peu la naphtaline. Sur ses autoportraits, Fantin se lâche enfin : c'est un merveilleux dessinateur et là, on le découvre complètement. Je les aime tous, mention spéciale pour ce dessin :


Fantin-Latour 1861   Portrait de Fantin        photo Solvej

Fantin-Latour 1883     Autoportrait        photo Solvej


...et ce regard pénétrant et inquiet de la maturité. Je passe sur la dernière partie de l'expo, des nymphes à la Bouguereau, d'après photo ( et oui, il collectionnait les "nus artistiques" ..!! ) et des illustrations de Walkyries et autres Wagnereries.

Conclusion : non, Fantin-Latour n'est pas l'empereur de la fleur, s'il faut une hiérarchie, je mettrais devant  Manet, Courbet, Delacroix... et bien d'autres !


Courbet 1862   Le treillis ou jeune femme aux fleurs    Toledo

Delacroix   Vase de fleurs      Belvédère Vienne

Manet 1882      Roses dans un vase en verre


























mardi 2 février 2016

Sang Viennois

Belvédère, matin d'hiver        photo Solvej




Vienne du 26 au 31/12/2015                   Dimanche : Belvedere Palace, Karlskirke, Wien Museum



             Si un jour vous allez à Vienne, commencez par le Belvédère ! Ce ravissant palais , en effet, ne peux que vous combler. Et puis nous sommes à Vienne, et Vienne, n'est-ce pas, c'est la patrie de Gustav Klimt , et c'est ici, au Belvédère, que je le découvre. J'avoue que j'avais un gros à priori, trop de baiser , trop de dorures, trop de coques de téléphones portables, trop de parapluies, trop de produits dérivés , tout et n'importe quoi, une impression de déjà vu mille fois ( et puis, ce style Sécession dont j'ai déjà été gavée à Budapest, que je déteste en plus ) mais le palais lui-même, déjà, me ravit. ( et il est entièrement XVIIIè, à la française, ça , j'adore )
Donc, en majesté, le fameux baiser, sur un mur noir ( et dans une charmante  et claire rotonde adjacente, une repro pour faire des selfies ! on ne résiste pas...) J'avoue que ça en jette un peu. Mais ce qui me séduit absolument, c'est le sublime portrait de Sonja Knips, ah ! le vaporeux de la mousseline rose...une merveille !



Gustav Klimt        Portrait de Sonja Knips 1898


Et la composition, et cet intense fond qui n'est pas tout à fait noir, rien à dire. Il y a aussi quelques uns de ces paysages "carrés" , si séduisants , et un délicieux verger avec des poules, je commence à réviser mon jugement sur Klimt.


Gustav Klimt    Après la pluie 
( Jardin avec poules à St Agatha ) 1898






 Sur l'autre gloire locale, Egon Schiele, on verra plus tard.Au même étage que Klimt, il y a quantité de tableaux de cette époque, certains assez fascinants ( la mer d'un certain Ludwig von Hofmann, un très beau Segantini) et celui-ci, irrésistible :



Wilhelm Trübner        César au Rubicon 1878
                                                                 
                                         Surtout le titre !


Dans les autres étages de cet exquis palais, une salle entière des horribles statues de Messerschmidt, je fuis, et de quoi, une fois de plus, être fiers d'être français :



Eugène Delacroix   Fleurs

  Corot Madame Legois 1838

Courbet  L'homme blessé ( 2è version )

Monet Sentier dans le jardin de Giverny 1902

J.F.Millet  La plaine de Chailly avec charrue 1862


La délicieuse collection " Biedermeier" en plus, c'est déjà morts que nous nous restaurons dans l'exquis café, pour ensuite traverser le superbe jardin de Dominique Girard,  élève de Le Nôtre, et attaquer le Belvédère " bas", et son exposition " Les femmes de Klimt, Schiele et Kokoschka".

Finalement, j'en veux terriblement à Klimt...Comment a t'il pu gâcher ce magnifique talent en se lançant dans cette entreprise forcenée de décoration, de bonnes femmes serpentant entre des rivières de couleurs pimpantes et des flots de petits carrés multicolores, sur fond icône grecque ? Au lieu de continuer ses portraits sublimes, il y en a là encore tout un tas, mes préférés :



Gustav Klimt       Marie Henneberg  1901/2

Gustav Klimt      Hermine Gallia  1903/4









































On peut aussi admirer une tonne de dessins,  ce Klimt était vraiment une bête, bon, mais autre "bête" : Egon Schiele.
Je suis un peu gênée, avec Egon Schiele, certes, le trait est virtuose ( trop ? ), certes, reconnaissable immédiatement ( ça, c'est pratique pour briller en société ) mais est-ce que ce n'est pas uniquement un graphiste ( génial, sans aucun doute ) ?
Pour moi, ce n'est pas vraiment un peintre, mais bon, opinion personnelle....Et puis il y a chez lui un côté morbide qui me gêne beaucoup, sans compter sa propension à dessiner ses modèles dans des positions...hum, " intéressantes "!!
J'aime bien celui-là :




Egon Schiele

Egon Schiele     Edith en robe rayée  1915





















Un qui est un peintre, c'est Kokoschka, le dernier de la trilogie du Belvédère, ses effets de matières sont magnifiques ...mais ses sujets souvent un peu trop "cabossés" à mon goût.
Encore un qui n'avait pas le pinceau radieux !




Oscar Kokoschka        Les amants avec chat   1917


Il nous reste encore un peu de courage, nous entrons dans la somptueuse église Saint Charles Borromée ( Karlskirke) qui n'est pas loin, une des plus belles églises baroques de Vienne. En effet, c'est éblouissant ! Mais le plus extraordinaire, ( pour une fois, la restauration, je ne m'en plaindrai pas !) c'est qu'il y a un ascenseur qui vous emmène au sommet de la voute, au plus près  des fresques superbes...vertigineux ! J'imagine les peintres à l'époque ...sans ascenseur !



Johann Michael Rottmayr         photo Solvej

vertigineux...        photo Solvej






















Après cette expérience fascinante, encore un petit effort...le Wien Museum, un bâtiment peu avenant mais qui devrait nous éclairer sur l'histoire compliquée de la ville. En effet, depuis les origines, jusqu'à ...1936. Tiens, tiens, rien après ? Ben non, rien.
Mais encore beaucoup de tableaux intéressants, en plus du reste ( armes, meubles, costumes etc...) le magnifique portrait d' Emilie Flöge, qui ressemble tant à mon Eve





Gustav Klimt      Portrait d'Emilie Flöge   1902


et un délicieux tableau " de genre", qui nous " parle" énormément !


Josef Danhauser      L'enfant et son monde 1842
 

                                          Saturée !!! Et ce n'est QUE le premier jour....

mercredi 11 novembre 2015

Les belles pom, pom, pom, pom, pom, pompes funèbres

Le Roi est mort          Exposition  Château de Versailles





Henri Le Sidaner  Les jets d'eau Versailles 1922



Ce 11 Novembre parisien, direction Versailles. Cela fait très longtemps que je n'y suis pas allée .  C'est toujours le même délice d'aborder la grande avenue où se profile au loin le château, rien n'a changé depuis mon enfance, et c'est toujours le même dépaysement incroyable, à cinq minutes de Paris.


Le roi soleil est là pour nous et c'est somptueux.




photo Solvej



Il est tôt, nous sommes les premiers dans les appartements de Mesdames, quel plaisir ! Après, ce ne sera plus pareil...les envahisseurs sont au rendez-vous dans la Galerie des Glaces...Mais on peut tout de même se régaler de cette décoration grandiose, et admirer au passage quelques Nattier, Van Loo et autres Simon Vouet.

Naturellement, au premier étage, nous retrouvons les inévitables troupeaux suivant leur berger dûment muni de son petit fanion ! Mais enfin, le charme opère tout de même. Chambres du Roi, de la Reine, salons tous plus somptueux les uns que les autres...Tiens, dans la salle " de l'Académie", mon ami Largillière...il n'a pas l'air commode ! Un petit bémol sur l'éclairage, on n'a pas de sous pour améliorer un peu ? ( et aussi, pour faire une entrée un peu plus belle, quelle horreur architecturale cet immonde couloir d'échafaudages par lequel le monde entier accède à NOTRE merveille, une honte ! )
Dans l'ensemble, je suis un peu déçue par les tableaux, je pensais qu'il y en avait plus ( et souvent, ce sont des copies ) Heureusement, dans la Galerie des batailles, il y a quelques belles pièces, et l'ordre chronologique...nous permet une révision bienvenue de notre histoire de France.


Je m'attarde un instant devant la Bataille de Fontenoy, d'Horace Vernet ( peinte en 1828 ) et ce détail qui m'a toujours amusée :




Horace Vernet  La bataille de Fontenoy 1828


Humm ! Ce baiser fougueux...je subodore une cantinière travestie, ou était-ce déjà le mariage pour tous ?


Autre détail superbe :




Eugène Delacroix      La bataille de Taillebourg ( détail )



Après une délicieuse petite halte chez Angelina, nous attaquons l'exposition, qui est absolument grandiose . Pier-Luigi Pizzi, qui a signé certains de mes plus beaux souvenirs à l'Opéra, n'a pas lésiné.
( cela ne m'étonne pas, enfin un " maximaliste " ! )





entrée de l'exposition           photo Solvej

première salle            photo Solvej






catafalque de Louis XIV ( reconstitution)          photo Solvej




Dès l'entrée, on est saisi par l'atmosphère très théâtrale ( et la musique ad hoc ! ) , mais j'imagine que cette pompe était encore plus pompeuse en réalité. Toutes les salles sont très belles et très intéressantes, bref cette expo vaut vraiment le détour.



Au passage, on peut admirer le magnifique portrait de Marie de Médicis par Rubens, et une autre dame dont je n'ai pas noté le nom, mais au regard délicieusement ironique...





Marie de Médicis par Rubens

Quand on cherche, on trouve, la dame au regard pétillant c'est la duchesse de Nemours



Hyacinthe Rigaud          La duchesse de Nemours



                                            

                                            Dans le parc, on démonte ( enfin ) l'immonde ferraille  rouillée, barbouillée de coups de pinceaux dorés pour cacher la tagueuse contestation ( arghh!! on touche à la "liberté de l'AAAArt!! ")  d'Anish Kapoor.  En revanche, il semblerait que le miroir concave ( ou convexe, je ne sais plus ) reste...Les pauvres hordes ne pourront donc pas prendre une photo de la façade entière vue du parc..mais un selfie rigolo, comme nous !





On est  à droite en bas ...





Il y a aussi une création moderne dans un des bosquets, de Jean-Michel Othoniel ( le roi de la perlouse  enfilée ) qui doit être assez jolie quand les jets d'eau fonctionnent. Mais rien décidément n'arrive à la cheville de la splendide création de Mrs Le Nôtre, Le Vau , Mansart et cie ...





Fontaine de J.M. Othoniel

photo Solvej