dimanche 13 novembre 2022

Minuscule mais Majuscule !

Léon Bonvin  1834-1866   " Une poésie du réel "             Fondation Custodia



Léon Bonvin, Paysage au crépuscule    26x20 cms  1865         The Walters Art Museum Baltimore




Minuscule....oui, c'est la première chose à préciser, à propos de cette exposition, car lorsqu'on voit les oeuvres sur Internet, on ne se rend pas compte de leurs dimensions, et c'est pourquoi je vous précise d'emblée que ce que vous allez voir ...mesure en moyenne 15 x 22 cms, à part une ou deux exceptions, le paysage ci-dessus 26x20 cms, c'est dire ... quelle fut ma surprise !

Je ne connaissais pas du tout ce Bonvin, ni son frère François, qui connut bien plus de succès, mais les autres, oui 🍷😂, comme je le disais à l'esthète que je "suis " sur Instagram, et dont la publication sur cette exposition m'avait appâtée.

Et puis, la Fondation Custodia ( juste derrière l'Assemblée Nationale ), c'est pratique, on peut y aller direct, sans réserver un mois à l'avance et en plus, c'est très beau et on est fort aimablement reçus.

Dès l'entrée, c'est un éblouissement : ces tout petits dessins à la pierre noire sont grandioses, et je vous rassure, il n'y a pas foule, on peut très bien les voir ( de près ).
En revanche, c'est assez complexe à photographier ( damned éclairages !) mais il y a plein de cartes postales.

Ce portrait de son père ! Incroyable...l'égal de Rembrandt :



Portrait du père de l'artiste   17x22 cms  1856
Musée d'Orsay
                                                 


Léon Bonvin travailla ensuite essentiellement à  la plume, rehaussée d'aquarelle et de gomme arabique :



Nature morte aux céleris 22x16 cms  1865 
The Walters Art Museum Baltimore

Nature morte aux poissons 18x24 cms 1864
The Walters Art Museum Baltimore







Ces natures mortes dignes de Chardin ou de Paudiss (  pour les harengs)  sont absolument époustouflantes. M'épatent, non seulement la précision du dessin, mais surtout l'extrême sensibilité du rendu, les différentes textures des éléments , la virtuosité de la composition, tout ça pour un autodidacte, qui en plus bossait dans le cabaret de son père toute la journée, chapeau bas !

Dans ce bouquet qui semblerait conventionnel,  le feuillage de ces délicats petits oeilllets explose comme un feu d'artifices :



Bouquet d'oeillets des jardins 18x24 cms  1863
The Walters Art Museum Baltimore


 

Magnifique tissu peluche/velours, contrastant si bien avec la matière sèche des chardons dans ce format un  peu plus grand :

 

Nature morte aux chardons séchés 37x27 cms 1855
Collection particulière



Curieusement, Bonvin est moins à l'aise dans les quelques oeuvres de format "normal" qui paraissent bien plus banales.




Et puis il y a les paysages, d'une extraordinaire poésie, cadrés " assis par terre ", ( ce qui devait être le cas ) ils sont magiques , un notamment ( mais que je n'ai pas photographié, impossible ) " Aubépines devant un paysage nocturne avec des maisons à l'arrière-plan", une incroyable symphonie de noirs, la pleine lune, quelques infinitésimales étoiles, et la toute petite fenêtre éclairée ( à la bougie) un chef-d'oeuvre. 

L' auto-proclamé maître du noir peut se retourner dans sa tombe .




Chardon devant un paysage d'hiver (détail) 18x24 cms 
1864    The Walters Art Museum Baltimore



Cette façon de cadrer, avec une plante au premier plan et un paysage lointain, me rappelle un petit livre sur les plantes sauvages que m'avait offert le père de mon amie anglaise il y a fort longtemps et que j'adorais...( et que j'ai toujours à la campagne ) c'est peut-être aussi pour ça que cela me plaît autant , entre autres.Vous avez vu la finesse du paysage derrière ?


Celui-là...on dirait ma maison ! :



Paysage avec une ferme ( détail) 26x18 cms  1865
The Morgan Museum New-York



Dans les dernières salles, on peut voir quelques oeuvres de son frère François, qui connut une longue vie de peintre à succès, contrairement au pauvre Léon qui se suicida à 31 ans. Comme quoi, le public n'a pas toujours raison ( " Le public a aimé ..." "il est bien le seul ! " attribué à Jean Cocteau ),  car le frangin est très poussif.

François a eu la gloire, mais c'est Léon qui avait le talent. Thanks heaven, un américain providentiel acheta pas mal de ses oeuvres pour son Musée de Baltimore,  tout n'est donc pas à jeter chez l'oncle Sam !



Nous terminons la visite de cet excellent endroit par une bonne centaine de dessins français du 19ème, mais j'avoue que, hormis quelques splendeurs ( Jongkind, Delacroix, Gustave Doré ) ce sont plutôt des études et je suis toujours dans l'ivresse de ce Bonvin...trop c'est trop !

dimanche 16 octobre 2022

Souvenirs de l'été brûlant

 

Entrée de la Bibliothèque Inguimbertine : remerciements aux donateurs

Bibliothèque Inguimbertine et (futur!) Musée de Carpentras

Exposition "Fleurs d'artifice " Musée des Beaux-Arts Jules Chéret    Nice



La rentrée ayant été un peu "chaude", avec la préparation des Portes Ouvertes des Ateliers de Boulogne, je n'ai pas eu le temps de faire mes devoirs de vacances...   donc, voici quelques souvenirs ( déjà un peu flous ! ), qu'on me pardonne.

Fin Juillet, j'ai voulu aller voir la nouvelle présentation du merveilleux petit musée de Carpentras, que j'avais visité il y a déjà pas mal d'années, et qui m'avait enchantée, toute seule avec les splendides portraits de Joseph Siffred Duplessis, et quantité d'autres bonheurs, Joseph Vernet, Jules Laurens etc...qui a été déplacé dans le superbe Hôtel-Dieu. Damned !! Le Musée est en travaux et ne sera ouvert qu'en ...2024, "normaleument" (la formule magique du Vaucluse ) me dit-on.



Entrée du Musée et de la Bibliothèque dans l'Hôtel-Dieu


on ne peut pas mieux dire...





Mais il y a quelques tableaux accrochés ( très hauts ! difficile de faire de bonnes photos ) dans la Bibliothèque.


Petit florilège en vrac :



Louis Desmarest, Portrait de JulesLaurens 

Louis Agricol Montagné , Avignon au soleil couchant 1906



 
Paul Vayson,  Moine berger de l'abbaye de Sénanque 1903






























et mon préféré :


Paul  Saïn, La vesprée d'Avignon prise de la Barthelasse 1896



Après cela, j'ai fait mon petit tour annuel fin Août au Musée Chéret de Nice, qui propose une exposition brillamment ( c'est le cas de le dire !) intitulée " Fleurs d'artifice ", très décevante, ils ont sorti tous leurs moches bouquets de fleurs, il y en a des tonnes, de cela je ne retiendrai que ces deux-là :




Donato Creti,  Jeunes oiseleurs aux oeillets  ca 1700


un très beau tableau, les oeillets sont trop jolis, mais dont je n'ai trouvé que cette horrible photo


et ce virtuose  "papier peint " ( ou tissu ) de Dufy


Raoul Dufy, Composition aux chrysanthèmes sur fond noir  ca 1924



Heureusement il y a toujours les deux exquises anglaises, un de mes favoris au Musée Chéret, qui me fait ressentir le manque cruel de ma chère Albion :




Jacques-Emile Blanche, Lady Michelham et Miss Henriette Capel   1898


Et voilà, les vacances sont finies !



mardi 27 septembre 2022

Habitude d'automne

                                                    Portes Ouvertes Ateliers d'Artistes

                                                Hotel de Ville de Boulogne-Billancourt      

 


 

26 avenue André Morizet ( métro Marcel Sembat )


Depuis quelques années, l'automne ramène les Portes Ouvertes aux Ateliers d'Artistes. 

            Mon petit atelier de la rue du Point du Jour étant un peu excentré ( et la ville est bien grande ! ), cette année j'ai donc décidé de faire partie de l'exposition de la Mairie, où j'espère bien rencontrer plus de public que l'an dernier. 

                        Je serai donc au nez-de-chaussée, stand 45 (à gauche en entrant ),
 et je compte vivement sur votre présence pour un week-end boulonnais et artistique !

mercredi 20 avril 2022

Bonheur....Alleluia !!

Exposition " Eugène Leroy, peindre " Musée d' Art Moderne

Exposition "Machu Picchu et les trésors du Pérou" Cité de l'Architecture 




Eugène Leroy, Fleurs  ca 1990     Collection particulière                    photo Solvej

Jour de Pâques : "Christ est ressuscité ! ", comme le répètent les Orthodoxes, en promenant leurs  icônes   ( oui, je sais, c'est la semaine prochaine ) ( aucun rapport avec l'actualité 😂 ) . Moi aussi, je ressuscite, après petit coup de mou dû à : 1) vertige existentiel au moment d'entamer quelque chose de nouveau ( ? ) 2) déception après grande euphorie d'un mail d'une inconnue me faisant part de son désir d'offrir une de mes zoeuvres à sa chérie, suivi d'un silence radio assourdissant. 
Moi aussi, je ressuscite, au sortir de cette magnifique exposition consacrée à un peintre absolu que j'adore...
Quoique 
Peindre encore, après ça ?
 
Heureux ceux qui ne connaissent pas encore ce peintre majeur du XXè siècle,  français de surcroit, et qui vont le découvrir.

             Paysage marin  ca 1958                            photo Solvej


Ce paysagiste sensible ( pas besoin de titre, on voit tout de suite de quoi il s'agit )

 


Dorade 1996   Galerie B. Jordan      photo Solvej



Ces natures mortes dignes  de Chardin ( ou de Soutine ) ( ou de Manet )

 
 
Ces nus à la sensualité de Rubens et de Titien...
 
Des crucifixions extraordinaires ( eh oui, en plus c'est Pâques ) 

Celle-là, c'est ma préférée. Elle est bouleversante :

Crucifixion  1957                             photo Solvej

 

 Et l'effet de lumière qui se dégage du corps supplicié dans cette toute petite :

Crucifixion ca 1950   Musée E.Leroy Tourcoing    photo Solvej

 

Des portraits...

Quoique

Vais-je finir le portrait de mon gendre, après ça ? Ca va être dur...
Car les portraits d'Eugène Leroy sont admirables, tellement ressemblants, en dépit de,  ou grâce à , ce style incroyable et tellement personnel :


V & G   ca 1945                 photo Solvej

Portrait  1935/50             photo Solvej

Portrait ( Valentine) ca 1940    photo Solvej

Vous avez vu l'oeil ? D'une justesse...
 

Marina dedans ( détail) 1996 Collection A et P Dolfi  photo Solvej

Là aussi, il y a un oeil...vous le voyez ?

 

Et ces autoportraits ! Je ne sais lequel est le mieux :

 


Autoportrait (celui de l'affiche, mais je n'ai trouvé la date nulle part)

Autoportrait ca 1960 photo Solvej

Autoportrait noir 1960  photo Solvej

Autoportrait 1960 Collection S.Danant   photo Solvej



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
Une grande salle très claire rend merveilleusement justice à une splendide série de paysages :




 
Tous pareillement encadrés de blanc. Mon préféré :
 

Paysage  1950                                  photo Solvej

 
Un Ruysdael, ou peut-être un Ensor, ou alors Courbet . Eugène Leroy, en plus d'une personnalité unique, avait pour les Maîtres anciens grand amour et respect. En témoignent plusieurs oeuvres faites " d'après" , comme celle-ci, par exemple, d'après qui, selon vous ?
 
 

 ????*   photo Solvej

Evident, non ?

Enfin, pour finir cette longue déclaration d'amour, pour laquelle ma réserve de superlatifs est épuisée, un petit clin d'oeil perso, un portrait d'arbre:
 
 

Arbre   ca 1980                                                     photo Solvej

 
Heureusement, il n'a pas fait de Mont Ventoux ! 😉
 
 
On termine comme d'habitude avec un petit ( plutôt long) film où l'on voit le bonhomme et son bazar d'atelier ( comment, mais comment il s'y retrouvait ?) avec trois places assises, merci le Musée d'Art Moderne. J'ai mal au dos mais c'est passionnant. 


Allez-y vite, courez, COUREZ !! il n'y a pas encore trop de monde ( mais je suis sûre qu'il y en aura ), c'est jusqu'au 28 Août. 
 
Après ce grand bonheur, l'exposition " Machu Picchu et les trésors du Pérou "...fff, ça tient pas la route.  Le contraire absolu, foule, queues, quantités de petites vitrines avec vases tous plus ou moins pareils          ( pardon, mes amies spécialistes de l'Amérique latine !),   deux trois babioles en or, ça brille, bref, toc toc TOC... Et en plus, il fallait réserver avant pour la "réalité virtuelle", il n'y a plus de place. Et moi qui rêvais d'y aller, à Machu Picchu, même en virtuel...Ce sera pour une autre vie. Je mets quand même ces jolis petits vases à tête de chamois ? Cerf ? Biche ?


 

Bref, un beau week-end de Pâques ! 


*Le concert champêtre ( d'après Giorgione) 1990

samedi 9 avril 2022

J'ai mis le mot " FIN " , enfin !!

25 Vues du Mont Ventoux 

Série de 25 acryliques sur toile 41x33 2010/2022

 

Ma composition de 25 toiles, peintes sur 12 ans, est enfin terminée. Je ne dis pas que je n'en ferai jamais plus...ce serait imprudent ! Mais pour le moment, j'ai envie de tenter d'autres expériences. Voici les deux derniers : 


VTX 44, Nocturne, presque ...25/3/2022

 

 

 


VTX 43, Vert  14/3/2022


Et la composition complète :


Solvej, 25 Vues du Mont Ventoux 2010-2022

J'aurais du mal à exposer les 25 ensemble, car les cinq derniers ont été vendus...et certains sont partis vers des cieux plus lointains. Alors...eh bien peut-être faudra-t'il quand même en refaire ???


Qui sait...


dimanche 20 mars 2022

Nicolas, Hyacinthe et mon petit Marcel

Musée Carnavalet 

Exposition Marcel Proust, Un roman parisien 

 

Jacques-Emile Blanche, Portrait de Marcel Proust 1892

 


 

Le musée Carnavalet ( rénové récemment ) est un endroit formidable pour emmener les jeunes pousses...Il regorge de choses passionnantes, et une visite aux vacances de la Toussaint ne suffit décidément pas  à étancher les ardeurs juvéniles !   ( mais à mettre définitivement sur les rotules la grand-mère qui accompagne ! ) L'histoire de Paris est évidemment un sujet inépuisable...Je passe sur les époques paléolithique, romaine, moyen-âge etc...Le 18è siècle présente à ma lycéenne avertie des tas de figures connues : Molière, La Fontaine, Louis XIV, à propos, je m'interroge une fois de plus sur le relatif anonymat dont jouissent deux peintres majeurs à mes yeux, Nicolas de Largillière et Hyacinthe Rigaud. Ces deux portraits sont admirables :


Largillière, Portrait d'un échevin parisien( fragment) 1702 photo Solvej  

Rigaud, Portrait d'homme ca 1700 photo Solvej

Je découvre aussi des  consoeurs dont j'ignorais jusque là le talent :
 
 
 
Marie-Geneviève Bouliard, Portrait d' Adélaïde Binart 1796 photo Solvej

 Bouliard, Binart, ça va être dur de mémoriser ( en plus de Vigée-Lebrun et Labille Guiard ! )

 
Je parlerai plus bas du 19è siècle, et de la chambre de mon idole Marcel Proust.

Vers la sortie, je m'arrête devant une autre oeuvre féminine, l'excellent portrait de Natalie Barney, et son harmonie de gris si subtile : 
 

Romaine Brooks, Portrait de Natalie Clifford Barney, dite "L'amazone" photo Solvej

 
Une après-midi d'automne très riche ! 
                                                             
                       
                         Ce printemps, retour à Carnavalet, non sans mal le dimanche, merci à la Mairie de Paris pour le parcours du combattant/Marais, (même en scooter c'est inaccessible), accompagnée de mon proustien de mari. Voilà une superbe exposition, malheureusement il y a énormément de choses à lire ( et des rassemblements devant chaque cartel ). Pour les amoureux de la Recherche, dont nous sommes ( j'en suis à ma quatrième lecture ) c'est un pur bonheur. Ce ne sont qu'objets ravissants, manuscrits illisibles, photos de famille et de Paris à l'époque, bref, un must. Il y a aussi, bien sûr la chambre de Marcel   ( déjà vue en Novembre ) et d' inconfortables petites cellules très prisées où l'on peut écouter les textes lus par les voix divines de Lambert Wilson ou André Dussolier...Mais le plus beau, le plus émouvant, c'est ce petit film de Céleste Albaret, sa gouvernante, qui raconte comment un soir, fou de joie, Marcel lui annonça cette grande nouvelle : " J'ai mis le mot "Fin", Céleste ! ".

Moi aussi j'ai mis le mot "Fin", mon petit Marcel, à ma série "25 vues du Mont Ventoux " ! ( prochain article).

 
De toutes les nombreuses, plus ou moins remarquables, peintures que présente l'exposition, en plus évidemment du merveilleux portrait de J.E.Blanche bien fréquenté à Orsay, je choisis celles-ci :
 
 
                          Toujours J.E.Blanche, cette tache bleue ! Gonflé, avec ce rouge et ce vert :
 
J.E. Blanche, Le parterre de myosotis 1890          photo Solvej

 
Un clin d'oeil à Whistler, celui-là n'est pas mal non plus :

 
Antonio de La Gandara, Portrait de Robert de Montesquiou 1892 photo Solvej
 
                 
                       Cette ravissante gravure :


Pierre Gatier, Avenue du Bois 1907   photo Solvej
 
 
 
Et of course, un sublime pastel ( comme quoi, pour les génies, la beauté se trouve partout :
 

Vuillard, Le métro " Station Villiers" 1907 photo Solvej


 
Retourner aux piétonnières foules dominicales du Marais, ( et marcher jusqu'au scooter loin, loin ) où je n'ai croisé ni Oriane ni Palamède, ni même Jupien, mais sans doute de nombreux Verdurin, fut difficile...