lundi 22 janvier 2024

Du RVB ( rouge vert bleu ) aux peintures noires

Goya, El tres de Mayo 1814



Madrid du 1 au 7 Janvier 2024                         Mercredi : Le Prado 



Lorsque je préparais la visite en consultant le site du Musée, une banderole annonçait fièrement que 2023 allait battre le record de visiteurs...vu la file qu'il y a lorsque nous arrivons en vue de l'édifice, 2024 est bien parti. On aime bien s'autocongratuler, au Prado . J'ai vu il y a peu sur Instagram le directeur se féliciter successivement de la magnifique restauration de je ne sais quel primitif local, ainsi que de celle du David et Goliath de Caravage, sponsorisée par la Banco de Santander ou d'ailleurs.

Et alors il faut bien dire que dans la première salle ( italiens seicento ) les banques ont bien raqué, parce que tout est pimpant, flambant neuf, avec en plus un infernal vernis brillant qui gâche toutes tes photos, mais ce n'est pas grave puisque c'est interdit ( de photographier ).

Petite revue des couleurs les plus flashy et des coups de pinceaux maladroits  et après on n'en parle plus :

Raphael, La Vierge à la rose 1520

Antonello da Messina, Le Christ mort
 soutenu par un ange

 
 

 

















et toujours ces ciels bleu lapis-lazuli qui vous sautent à la figure...et encore, en photo, c'est moins flagrant.
 Mais enfin bon, les experts ont décrété que les tableaux étaient comme ça à la Renaissance, et on devraient être bien contents qu'on nous les montre ainsi, arrête de râler !


Corregio, Noli me tangere 1537



Titien,, La Vierge et l'enfant avec
Ste Dorothée et St Georges 1518

















Dürer, Adam et Eve 1504
 C'est vrai que quand on voit la gravure que Dürer a faite en 1504 pour Adam et Eve, on trouve tout à fait normal cette peinture bien léchée, sans relief, cette silhouette de top-model, ce visage digne d'une couverture de magazine et ces cheveux !!

Dürer, Eve 1507

Le pire du pire étant sans doute l'Angelico si poétique de Florence réduit à une parfaite image de communion :


Fra Angelico, Annonciation 1435


mais je n'ai même pas pu l'approcher, ainsi que le Jardin des délices de Jérôme Bosch, tellement de monde devant !... et ils sont contents.

Bon, soyons juste, cet immense et labyrinthique édifice ( mon Dieu que le plan est compliqué, on monte, on descend pour aller de l'autre côté, on remonte...) recèle tout de même beaucoup de raisons d'être heureux, en oubliant ces petites contrariétés.


Jérôme Bosch, Le chariot de foin 1502

Brueghel l'ancien, Le triomphe de la mort 1562



 











Gérard David, Le repos pendant
la fuite en Egypte 1515


Il y a quantité de Titien splendides, bien sûr il  y la somptueuse Danae ( quelle merveille) la troublante Salomé, mais on ne peut pas tout mettre, je préfère choisir ces deux superbes Christs moins connus :


Titien, Christ sur le chemin du calvaire 1560

 

Titien, Le portement de croix 1505












et puis le maître, dans la beauté de son grand âge ,
aux côtés de sa Vierge si bouleversante.


Titien, Autoportrait 1567

Titien, Dolorosa aux mains
écartées 1555





















Bien sûr le Prado possède aussi d'autres pointures italiennes ( notamment un David vainqueur de Goliath de Caravage remarquable) et  une conséquente collection de Rubens,  plus quelques français, mais essayons de rester concentrée sur la peinture espagnole !!

Greco je ne l'ai jamais très bien compris, mais j'ai quand même un grand faible pour celui-là ( ce n'est pas original ) :


Greco, El caballero de la mano
en el pecho, 1580


et pour les "bodegones " ( c'est plus rigolo que " nature morte " ! ) de Zurbarán :


Zurbarán, Bodegón con cacharros 1650



Et puis dans une grande salle il y a les Ménines, et comme c'est un grand tableau au moins la foule n'est pas trop dérangeante. C'est un peu comme la Ronde de Nuit, on a beau le connaître, c'est un choc :



Velazquez, Les Ménines  1656


Et un choc qui dure, parce que là, on est restés au moins un quart d'heure. Je ne vais pas m'amuser à analyser ( ou à recopier ) tout ce qui a été dit sur ce tableau, juste dire : " regardez ". Eblouissement.

Il y a Velazquez, et il y a Goya. Il y a Les Ménines, et le Tres de Mayo ( en haut ). Et puis comme je ne sais plus quoi dire, car ce Goya, je l'aime d'amour, et que mes superlatifs lassent, voici en vrac quelques coups de coeur parmi beaucoup, beaucoup d'autres, juste pour le plaisir de regarder. 

Velazquez, je l'admire, le "peintre des peintres" de Manet , mais Goya, j'ai l'impression de le connaître, je l'aime d'amour(bis),  je ressens toutes ses émotions, à travers le temps, il me semble que je le vois peindre...lorsque je me rapproche de sa touche si fluide, si naturelle, et lorsque je m'éloigne, et découvre ses compositions parfaites.  Mon pur génie chéri.
Je vous suggère d'agrandir les photos en cliquant dessus pour comprendre...


La gallina ciega 1788

La dinde morte 1812

Chiens en laisse 1775

Infante Francisco de Paula 1800

María Teresa de Vallabriga 1783

La maja vestida 1803, peut-être plus
érotique encore habillée

La comtesse de Chinchón 1800
si émouvante

La famille du Duc d'Osuna 1788
et ces adorables enfants

La famille de Charles IV 1800

La maja desnuda 1790/1800
 regardez l'aisselle gauche...!!

Portrait de Francisco Bayeu 1795
ces gris !


La laitière de Bordeaux 1827
pure émotion

Autoportrait  1815 ❤️

Le chien 1819/23
tout est dit


Après cette deuxième journée plus que remplie...je fais de beaux rêves !

El Salvador et la baronne éclectique

Goya, El entierro de la sardina      1814


Madrid du 1 au 7 Janvier 2024                    Mardi : Le Museo de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando      La collection Carmen Thyssen 



Premier matin à Madrid : sur le chemin de la Puerta del Sol, petite halte ( que je crois ! ) au Musée des Beaux Arts. En fait nous allons y rester toute la matinée, car cet endroit regorge de merveilles...et il n'y a personne, mon rêve, comme l'on sait.

Première salle, premier bonheur :


Giovanni Bellini, El Salvador 1502

"C'est le tableau le plus ancien du Musée", me confie  la  gardienne qui s'ennuie et qui est tout à fait charmante.

Dans cette même salle, il y a aussi ce magnifique Guido Reni et cette ravissante Madonne, Juan de Juanes, inconnu de moi, on le reverra. 


Juan de Juanes, Sainte famille

 Guido Reni, Christ embrassant
 la croix  1621






















Puis, autres bonheurs, Rubens mon amour ... Le Christ avec St Augustin me rappelle furieusement le tableau " retrouvé" de Gênes l'an dernier.

 

Rubens, Suzanne et les vieillards
(détail) 1610

Rubens, St Augustin entre le Christ
 et la Vierge 1615





















Il est vraiment superbe, en revanche, la pauvre Suzanne est passée à la laverie, regardez cet horrible cerné noir ( le bras, le dos ) hélas, ce n'est qu'un début. Je vais vite constater que ces espagnols sont déchaînés comme leurs cousins british  ( voir demain, le Prado ).



 
"attribué à "Rubens, Hercule et
 Omphale (détail) 1625
Je trouve incroyable qu'on puisse
douter de cette attribution !

Rubens, St Augustin entre le Christ
 et la Vierge  ( détail) 1615



Au passage, je retrouve avec joie Ribera, le napolitain qu'en Italie on prénomme Giuseppe et ici... José !
Ce Carreño de Miranda,une belle découverte, est bien espagnol, lui.



Carreño de Miranda, Madeleine pénitente  1654

Ribera,St Jérôme pénitent 1650


J'adore cette vibrante Marie-Madeleine !


Dans les gloires ibériques, Zurbaran, bien sûr, des moines...et de merveilleuses natures mortes :


Francisco de Zurbarán, Agnus dei 1639

Juan de Zurbarán, Nature morte de citrons 1640


















ces citrons magiques, déclinés en toutes sortes d'aimants de frigo et autres marques-pages...mais ils ne sont pas de Francisco, mais de son fils, Juan ! On en apprend tous les jours...
Cette splendeur, elle, est bien de Pieter Claesz :



Pieter Claesz, Nature morte 1650


Et on arrive à Goya, dont le musée possède un bon nombre de chefs-d'oeuvres, c'est ce qui m'a attirée...Enfer et damnation !! La charmante à mes questions répond qu'ils sont en déplacement à Milan. 

On aura quand même de quoi se consoler avec le grandiose portrait de Godoy et la délicate beauté de la robe de la Tirana :



Goya,  La Tirana (détail) 1793


Nous quittons à regret ce havre de paix idyllique pour retrouver la ville et ses foules joyeuses, la Puerta del Sol, la Plaza Mayor, le Mercado de San Miguel et ses encombrements de tapas, le couvent des Descalzas Reales, eh bien non, c'est complet toute l'après-midi...tant pis ! Sur le chemin du retour, essayons le Musée Thyssen- Bornemisza, plus accessible.

C'est très grand. On commence par le bas ( en fait il fallait commencer par le deuxième étage, heureusement qu'en allant faire un tour à la boutique, j'ai vu plein de tableaux que nous n'avons pas vu...donc, on reviendra )

En bas c'est la collection Carmen Thyssen. Bien que la visite débute par le Paradis de Jan Brueghel, et 2,3 tableaux XVIIIè dont un joli Fragonard, la baronne affectionne plutôt le XIXè siècle et les beaux ciels romantiques :


Courbet, Les enfants du pêcheur 1867

Anton Mauve,Traversée de bruyère 1888

Théodore Rousseau, Vue de la plaine de
Montmartre   1848
 


mais elle a aussi une sacrée collection d'impressionnistes, et pas des moindres :


Gauguin, Le feu sur la berge de la rivière 1886

Monet, Marée basse à Varengeville  1882

Renoir,  Champ de blé ( détail ) 1879
Sisley, L'inondation à Port-Marly 1876


Lui aussi ? Ha, ha, perdu ! ( oui, moi aussi, de loin, j'ai cru que c'était Degas )

Forain,  Ballerines en rose  1905


Une salle entière d'américains très moches pour la plupart, puis quelques fauves bien apprivoisés :


Manguin  Le repos du modèle 1905

Vlaminck, Champs, Rueil      1907




















et pour finir des modernes épouvantables, la baronne était très éclectique !

Et donc, je vais à la boutique, je vois Rembrandt ...mais je l'ai déjà dit.

C'est riche pour un premier jour...

mercredi 20 décembre 2023

Une autre date importante...

Nú Barreto, Transmissions   2022                                                                                  photo Solvej

"My breast friends "  Yaya Chang   Bim Bam Gallery

"You thought you could throw me away" Thandiwe Muriu 193 Gallery

Guillaume Bresson Galerie Nathalie Obadia Espace II

"Silhouettes parfaites " Nú Barreto Galerie Nathalie Obadia





Non, ce n'est pas un hasard si c'est aujourd'hui que, ayant terminé tous mes préparatifs de Noël, je m'attelle à la rédaction de cet article sur les visites du vendredi 8 Décembre...car nous  sommes le 20, et, oh ! comme tu aurais aimé tout ce que j'ai vu ce jour-là, ma tendre Eve, qui jamais ne me causa la moindre contrariété, hormis celle de m'abandonner, ce funeste 20 Décembre 2012, 11 ans déjà. 

11 ans sans plus jamais trouver le réconfort de tes encouragements, la passion de nos discussions esthétiques, l'émerveillement de la découverte de tes précieux carnets, que sont-ils devenus, j'aurais tant aimé les avoir...Je pense à toi chaque jour, peut-être encore un peu plus les 20 Décembre.


❤️

Parfois le matin  Instagram me propose des peintures qui m'intriguent ou même me plaisent, c'est le cas et je  programme une petite promenade dans le Marais ce vendredi 8. Première étape à la petite galerie curieusement nommée Bim Bam, tenue par un charmant jeune homme très motivé ( est-ce le propriétaire ?) qui se fait un plaisir de nous présenter la peinture de Yaya Chang, une jeune artiste que je trouve très prometteuse.


Yaya Chang, Autoportrait
                                                                            

L'expo s'appelle "My breast friends", ha ha, en effet il n'y a que des seins, des grands, des petits, des ronds, des poires, enfin bon,  on dirait une chanson de Pierre Perret, mais franchement il y a de la sensibilité là-dedans, et ce n'est pas forcément courant de nos jours. Il y aussi du concept, but nobody is perfect.


veines magnifiques                       photo Solvej

rides subtiles                   photo Solvej




















et j'apprécie beaucoup le délicat rendu des deux ci-dessus.


De l'autre côté de la rue, des couleurs vives accrochent mon oeil : là, c'est très différent, dans ce lieu grandiose entièrement redécoré l'exposition de la photographe kenyane Thandiwe Muriu est tout à fait spectaculaire,  bon c'est totalement conceptuel, mais je dois dire que c'est vraiment beau et original


vue d'une salle du haut                      photo Solvej

Les tissus africains sont une explosion de couleurs très réjouissante, et Eve, tu aurais adoré les lunettes dont l'artiste a paré ses modèles !

lunettes                          photo Solvej

orange...                        photo Solvej

vert...                               photo Solvej





















Evidemment, après ce déluge chromatique, il est assez difficile de se plonger dans la peinture noire de Guillaume Bresson, une " figure de proue de la peinture figurative" dixit le feuillet explicatif, et que certains comparent à Caravage, excusez du peu :


 photo Solvej


Certes, pour l'inspiration, peut-être, mais pour le reste...arrête de rigoler, Merisi ! S'il suffisait de prendre quelques photos de gens tordus et de les reproduire poussivement ! Il y a des auteurs de BD qui font ça bien mieux. Enfin, j'ai bien fait d'aller voir en vrai parce que sur Instagram, ça en jette.


 photo Solvej



A côté, toujours chez N.Obadia, il y a Nú Barreto. Et alors là, mon Eve, tu aurais kiffé grave. Je ne suis pas sûre que ces assemblages improbables de bric et de broc résistent au temps ( ? et puis ça doit prendre terriblement la poussière !! ) mais c'est si joyeux, si vivant, si plein d'émotion ( et, last but NOT LEAST, si bien dessiné ) qu'on ne peut s'empêcher de l'aimer, et de sortir de là tout réjoui affronter les perversions hidalguesques qui nous attendent pour rentrer dans notre banlieue.


 
Nú Barreto,  Na kalur 2022            photo Solvej





Nú Barreto,Qui suis-je ?( détail) 2022
 photo Solvej



Nú Barreto,Ami 2023   photo Solvej

Nú Barreto,Un peu de vert, Malgré
...2023 
 photo Solvej




































 photo Solvej

                               un dernier petit détail : en bas une banane, en haut une arête de poisson 😉 😂

samedi 2 décembre 2023

Une date importante !


Réponse reçue le 30/5/65 ❤️
 @Solvej coll personnelle




2 Décembre 1923   Naissance de Maria Callas 


En ce jour anniversaire, le monde entier  célèbre la plus grande artiste lyrique du XXème siècle...et pour moi, l'histoire a commencé le 6 Juin 1963. J'étais une petite jeune fille bien de mon époque, mes idoles, c'était les Chaussettes Noires, Vince Taylor, Mélina Mercouri et d'autres, mais j'avais une robe du soir à étrenner et ma mère prit des billets pour un grand gala au Théâtre des Champs-Elysées, une soirée très habillée au profit des oeuvres de l'Ordre de Malte. A la maison, on écoutait pas mal de musique classique, mais peu d'opéras. Bien sûr, j'avais entendu parler de la célèbre diva qui défrayait les chroniques people, de son régime et de ses caprices, mais jamais je n'aurais imaginé que cette soirée change mon regard sur l'art pour le reste de mes jours.

Maria, les portraits que l'on fait de toi sont généralement très mauvais, moi-même en ces temps lointains en commis quelques uns ( qui ont au moins le mérite d'être assez ressemblants ) :

Maria Callas main 1965

Maria Callas "Carmen" 1965

Maria Callas Tosca 1965

Maria Callas dans
"Norma" 1963


c'est pourquoi je n'ai pas  voulu en faire un de plus ( et puis ce travail à partir de photos ne m'a jamais paru vraiment légitime ) aussi j'ai cherché dans ma mémoire et essayé de reproduire un temps perdu que je ne cesse de rechercher. Voici donc, en ce 2 Décembre , " Souvenir de Maria Callas " :


Souvenir de Maria Callas/1 Norma      Ac 10F                                                                28/11/2023  

 

  Souvenir de Maria Callas/2 Tosca     Ac 10F                                                                     28/11/2023  



 Souvenir de Maria Callas/3 Première fois   Ac 10F                                                           28/11/2023