lundi 13 avril 2015

Bon ...Art ?



 L'atelier au mimosa   1935  





Peindre l'Arcadie       Exposition Pierre Bonnard au Musée d'Orsay



Ce dimanche, il fait très beau, tout Paris est dehors ...et le reste marathonne. C'est peut-être le bon moment pour tenter l'expo Bonnard ? ( très courue...)  OUI ! Presque pas de queue, et nous y voilà. Je veux savoir si je vais me réconcilier avec l'homme de l'Arcadie, je vous le dis tout de suite, le réponse est non. Je me souviens de la première grande rétrospective, où j'avais détesté ce dessin " approximatif", ces couleurs à la fois subtiles et pétantes, ces contre-jours systématiques...et bien ils sont toujours là, évidemment. Tout de même, le brillant "atelier au mimosa" me charme. Et, c'est quoi ces 4 traits rouges ? 

Bon, le "premier " Bonnard, celui des années du "chat blanc", où il était "décorateur" ( ce qu'il n'a pas cessé d'être, d'ailleurs ) nous montre un dessin élaboré et influencé par son époque.



  Le chat blanc 1894  


Je n'ai rien à redire. C'est un style. ( Nabis ) Mais lorsqu'il commence ses grandes compositions " d'intérieur", où il mêle effets ( très beaux ) d'eaux, ou de murs, pourquoi des matières "dures et nettes", comme le rebord de la baignoire, par exemple, sont-elles si maladroites ? Pourquoi ces erreurs anatomiques, bras trop courts, jambes dissymétriques, pourquoi ces détails inutiles ( oh, la moche lampe du si beau coin de salle de bains ! )




 
 Nu dans la baignoire 1925  




  La grande baignoire (nu) 1937/39  






 
  Nu rose, tête ombrée 1919





je n'ai pas retrouvé le titre exact ..désolée !



Je me demande si Bonnard n'était pas un perfectionniste compulsif,  qui ne savait pas trop quand s'arrêter...Décidemment cette lampe ne passe pas. Pas plus que le radiateur de l 'intérieur blanc ( et cette horrible chaise, au premier plan )



 Intérieur blanc 1932  



Et puis, surtout, il faut qu'il rajoute des personnages en bouillie, toujours en contre-jour, d'un maronnasse répugnant. Il ne peut pas se contenter de faire un beau paysage ? Et bien, non, ma vieille, tu n'as rien compris.



 Salle à manger à la campagne 1913  



Peut-être, mais cette bonne femme à droite gâche tout, à mon sens. Dommage.




  Femme dans un paysage, dit aussi La sieste au jardin ca 1914 



Car j'adore cette table dans la verdure ( entre parenthèses, sa verdure est toujours vert malachite, un vert qui n'existe pas vraiment dans la nature ), le traitement de la nappe et du panier de cerises...Il y  a quand même une exception grandiose :




vue de St Tropez 1911  



Eh ben voilà ! Tu vois quand tu veux...Ce tableau-là est extraordinaire, le soleil du midi qui tape, et aplatit les reliefs,( et encore ma repro ne lui rend pas justice ) les ombres bleues, le ciel intense et transparent, tout y est. Superbe.


Superbes aussi, les autoportraits. Là, je vois bien un maître, là, le dessin, le sentiment, tout fonctionne, en somme, peut-être qu'il " se lâchait" sur lui-même ...et que sur les autres, il n'osait pas ?
Va savoir...



 Autoportrait à contre-jour, papier à fleurs 1923 

 Le boxeur ( portrait de l'artiste) 1931  

 Autoportrait dans la glace du cabinet de toilette 1939/45  

Autoportrait 1945  
  


Pour finir, de grands, énormes, affreux panneaux décoratifs, pour la salle à manger de je ne sais plus quel VIP

  Jeux d’eau ou Le Voyage for Madame Misia Godebska Natanson Sert 1906-1910


Au secours ! Moi, ça me couperait définitivement l'appétit ...( je précise que je déteste globalement le style de cette période, alors... ( je trouve que ça sent la poussière ! )

En fait, je me rends compte en regardant les cartes postales, ou la grande affiche à la sortie de l'expo, que Bonnard est un artiste du détail, prendre un petit bout d'une toile, ça fait une carte superbe, et puis on ne voit pas ses sacrés personnages marrons. Bon, je suis très dure, j'en ai conscience. Repêchons le splendide ( et pile dans l'air printanier de ce dimanche) amandier ( un de ses derniers tableaux ) ( dommage qu'il soit mort, il était sur la bonne voie ! )



  L'amandier en fleurs 1946/47  



Avant de quitter le musée, petites salutations à mes chéris de Barbizon, et une bise vite faite à Gustave ...AAARRGH ! "Ils" sont en train de savonner l'atelier du peintre, mon Dieu...
Allez-y vite tout de même, parisiens, car l'hallali du cerf est venu de Besançon pour quelques temps, et ça, c'est quelque chose...




G. Courbet   L'hallali du cerf    1866/67



mardi 31 mars 2015

Séries Ventoux 4, 5, et 6



Série 4

VTX 20, un peu de neige   556- Ac 40x30 11/11/2010



VTX 18, jaune d'or   452-Ac 40x30 5/2003  vendu


VTX 21, rose et fleurs de pommier   559-Ac 40x30  11/4/2011


VTX 19, nuage jaune   555-Ac 40x30   8/11/2010  vendu






Série 5



VTX 22, un petit pan de turquoise  562-Ac 40x30   8/7/2011



VTX 25 un rose extraordinaire  603 Ac 40x30  19/3/2015 vendu




VTX gelée blanche 23  601 Ac 40x30 18/11/2014 











VTX 24 mauve orangé  602 Ac 40x30  5/3/2015  

Série 6




VTX 26 trois arbres orangés  605 Ac 6F 12/11/2015




VTX 27 un rayon de soleil 606 Ac 6F 4/3/2016




VTX 28 nuages 607 Ac 6F 17/3/2016




VTX 29  bleu et blanc  608 Ac 6F 7/4/2016 vendu







lundi 16 mars 2015

A Saint Quentin cinquante Quentin ...





Musée Antoine Lecuyer    première salle des pastels

Maurice-Quentin de La Tour         Musée Antoine Lecuyer




...Oui, le printemps me rend l'humeur primesautière...( d'où ce titre en forme de comptine !  en fait, il paraît qu'ils sont 90, je n'ai pas compté ) et le premier soleil de ce lundi  porte mes pas vers la belle ville de St Quentin, berceau et fief d'un de mes chéris-chéris, Maurice-Quentin de La Tour ( ou Delatour, même au musée, on n'a pas tranché en faveur de l'une ou l'autre version ) le Maître incontesté du pastel .

Voilà le musée de mes rêves : grand, beau, vide ( de visiteurs, pas d'oeuvres ! )
On peut regarder les tableaux de très près ( pas de barrières ),   toutes les époques sont représentées,  le personnel est charmant, et ça coûte 2 € 50...et il y a plein de cartes postales.

Mais je suis venue pour "Lui"...C'est agréable de constater ( en se promenant dans la ville) que pour une fois, le grand homme du lieu est un peintre ( ce n'est pas si courant ) Il y a même des chocolats à son effigie ! ( ça s'appelle des " quentins" )...et puis les "vieux" se souviennent du billet de 50 frs, inspiré par cet autoportrait saisissant




Autoportrait réalisé sans doute pour l'Autoportrait au chapeau en clabaud ( disparu)  1742


Dans ces trois salles plongées dans la pénombre ( puisqu'on nous dit que la lumière risque d'abîmer les pastels, je laisse ce point aux spécialistes ) ( le conservateur a même fait murer les fenêtres ) on a intérêt à sortir ses lunettes ! Mais cela ajoute à l'impression extraordinaire d'un voyage dans le temps, nous voici tout à coup retournés au XVIIIème siècle




Portrait de François Dachery

Portrait de M JC Garnier d'Isle









 Bien sûr les perruques y sont pour quelque chose, mais ce n'est pas uniquement une question de costume : c'est le génie du grand Maurice, sa technique époustouflante, et surtout ce je-ne-sais-quoi en plus qui donne l'impression de CONNAITRE les modèles. D'ailleurs, lui-même  ( les génies sont toujours conscients de leur génie ) ne disait-il pas :

"Ils croient que je ne saisis que les traits de leurs visages, mais je descends au fond d'eux-mêmes à leur insu et je les remporte tout entiers "

On ne peut pas mieux dire, aussi, foin de superlatifs banals et plats, je vous présente quelques uns de mes amis d'un jour :


 la belle cantatrice



Préparation au portrait de Mademoiselle Fel 1757



la charmante jeune fille




Tête de jeune fille




une actrice, une danseuse




Madame Favart

Mademoiselle Pavigne























les collègues



 Louis de Silvestre  1753

Claude Dupouch 1739


























le beau militaire




Le Maréchal de Saxe 1747



des ecclésiastiques




Frère Fiacre  1739

Le Père Emmanuel




























le joyeux et le grave




Jean-Jacques Rousseau réplique du pastel exposé au Salon de 1753

Portrait de Manelli 1753









...mais je ne peux les mettre tous ! ( ce n'est pas l'envie qui me manque ) Dommage d'oublier Voltaire et Dalembert,  Louis XV,  la Pompadour,  le violoniste de Mondoville, les peintres Restout et Vernezobre, le merveilleux "petit buveur" d'après Murillo ( " ce qui m'épate, c'est le verre" nous dit le gardien ) et le superbe Diogène qui me rappelle la tête de vieillard de Rubens du musée Corsini à Rome ( gagné ! " inspiré par un tableau de Rubens", dit le catalogue ).



Dans le musée, beaucoup d'autres centres d'intérêt : 2 jolis J.Vernet, quelques délicieux Corot et un magnifique Daubigny, Albert Lebourg, Guillaumin et même Lebasque, plus un pastel de Renoir qui me semble très faible...après Quentin ! Et plein de faïences et orfèvreries en veux-tu en voilà.




Daubigny    La Mahoura à Cauterets



Mais je ne veux pas quitter cet endroit de rêve sans un petit dernier, le portrait que fit Perroneau, élève de Quentin, pour le salon de 1750, à l'instigation du second, qui prépara secrètement, dit-on, son autoportrait et l'accrocha en pendant de celui du jeune ambitieux...




1

2





                                     

                                                  D'après vous, qui gagna le " concours" ? ...







Il en rit encore....



P.S.  : 1 Perroneau Portrait de Maurice-Quentin de La Tour  1750  St Quentin
          2 Quentin de La Tour Autoportrait au jabot de dentelle ca 1751  Amiens





dimanche 15 mars 2015

Au bouleau...!

Où l'on retourne aux arbres




A l'automne 2013, j'avais entrepris un nouveau "portrait d'arbre", le gracieux bouleau qui a si bien prospéré dans mon midi asséché, bien qu'il fut plutôt originaire de contrées plus septentrionales, mais il était planté près du puits...qui lui a procuré sans doute l'humidité nécessaire à sa croissance.
Ce splendide après-midi d' octobre, j'attaquai donc " sur le motif". Malheureusement, le Mistral se leva les jours suivant, m'empêchant donc de poursuivre dehors...

Les saisons passèrent, j'attendis l'automne 2014, car il m'est difficile de travailler au printemps, ou l'été, sur une scène typiquement automnale. Damnation ! Octobre et novembre 2014 furent globalement gris et pluvieux...

                 C'est donc en ce printemps 2015, à Paris, que je reprends quand même le boulot-bouleau, la tête emplie de souvenirs intenses, ( et aidée, je l'avoue, de quelques photos ) j'espère qu'ils feront l'affaire !




Le Bouleau  état 19/3/2015


Il me reste à faire pousser des feuilles ...C'est une occupation printanière, non ?

lundi 2 mars 2015

Farnesina et Fornarina






Raphael Sanzio      La Fornarina


Mardi : Villa Farnesina, Palazzo Barberini, les barbares et le dernier Caravage




C'est le dernier jour...retour au Trastevere, un quartier calme, qui s'éveille doucement dans le petit matin. La Villa Farnesina est l'un de ces lieux enchanteurs oubliés des tours operators, quelle chance...Dès le jardin, on est séduit : les orangers sont amoureusement enveloppés pour les protéger du gel, quelques oiseaux chantent le beau soleil de ce matin ; 


Villa Farnesina         photo Solvej



on entre : c'est tout de suite l'éblouissement...Les fresques ne sont pas toutes entièrement de Raphael ( et comment aurait-il fait, le pauvre, mort à 37 ans ! ) mais l'ensemble est d'une grande homogénéité.





Raphael   Le triomphe de Galatée 1513


Celle là est de la main de Raphael, il paraît. Toutefois, sur les autres fresques, les amours ont un petit air de déjà vu...









Encore une grande famille romaine ( les Farnese ) qui avait l'art de se concocter de charmantes petites ( ! ) résidences " à la campagne " !





Loggia de l'Amour et Psychée              photo Solvej



Le rez-de-chaussée, avec grandes baies sur le splendide jardin, est un délice ...Je suis éblouie par la somptuosité de la décoration. Le premier étage , avec son splendide trompe-l'oeil, ne l'est pas moins.







Baldassare Pedruzzi


Je me régale à photographier des " putti" plus grassouillets et délicieux les uns que les autres































Voilà une dernière journée qui commence bien...Nous retraversons le Tibre pour rejoindre le centre, et éventuellement faire quelque lèche-vitrine...moins artistique et plus frivole...et puis nous n'avons même pas été Piazza di Spagna ! Horreur, malheur et barbarie, ce ne sont que vitrines de la vulgarité mondialisée,  Vuitton, Dior and co, le veau d'or est une fois de plus toujours debout. Adieu les beaux camélias qui ornaient l'escalier de la Trinité des Monts, elle-même cachée derrière une immonde bâche à l'effigie géante de Carla Bruni, égérie de Bulgari qui doit payer la facture des travaux en cours...encore une déception !



Au Palazzo Barberini, autre déception : Narcisse et Judith sont " en déplacement " ( enfin, Judith n'est pas très loin, mais c'est une autre expo et nous n'avons plus trop de courage...) Tant pis, on se contentera de saluer la Fornarina de Raphael , c'est toujours émouvant, je trouve, de voir "en vrai" un tableau que l'on connaît si bien, et puis il y a tout de même un bouleversant St François en méditation qui sera donc mon dernier Caravage :




Caravage    St François en méditation



C'est une fois de plus un musée très riche, très intéressant, qui mérite beaucoup plus que le temps que nous lui avons consacré, mais nous reviendrons...  puisque j'ai jeté une pièce dans la Fontaine de Trevi !  Au hasard des salles, mon coup de coeur pour Guercino se confirme avec la superbe flagellation du Christ, un tableau   qui ne me fait pas oublier le Caravage de Naples sur le même thème, mais qui est quand même somptueux.




Guercino    La flagellation



Puisqu'on est dans "le même thème ", je crois avoir déjà vu cet ange gardien...mais non ! Celui-là est de Pietro da Cortone, avouez qu'il ressemble beaucoup à celui de Guercino ( du Palazzo Colonna)


Pietro da Cortone   L'ange gardien
Guercino    L'ange gardien


                                                   C'est qui qu'a copié sur l'autre ?




Un autre ange me charme, celui de Gentileschi qui soutient St François



Orazio Gentileschi   St François soutenu par un ange



Et enfin, pour finir en beauté, deux ravissantes, la si émouvante Béatrice Cenci de Guido Reni...



Guido Reni    portait de Béatrice Cenci


           ...  et une merveilleuse découverte, un tableau saisissant, qui vous arrache le coeur au milieu de tant de splendeurs, on ne sait pas pourquoi, on reste scotché, pourquoi celui-là ? C'est le beau et grand mystère de l' art....




Piero di Cosimo    La Maddalena



                                                Arrivederci Roma !!