samedi 20 juin 2015

" Et vous faites aussi de la peinture ?"




Anne Gorouben      Kafka F-M--correspondance, huile, 2001



Anne Gorouben        peinture, dessins, gravure





Le joli titre de cette exposition...Cela me rappelle les Salons des Indépendants, d'excellente mémoire, où l'on voyait arriver avec joie un "client" potentiel, où l'on affichait donc son plus gracieux sourire,  où l'on expliquait son noeeeuuuvre avec force détails, tout cela pour qu'au bout d'un moment, le potentiel chaland vous assène : " moi aussi je peins" . Ah .

     En fait, Anne Gorouben a choisi ce titre pour son exposition car, après de longues années de gravures et dessins ( admirables ) et participation à divers projets littéraires, elle voulait présenter deux décennies de peinture, qui n'est pas la part la moins importante de son oeuvre.


   C'est sombre, très sombre, un peu comme des Goya dernière manière, magnifiques harmonies de gris, on est rapidement saisi par la profondeur de la matière picturale, pourtant fluide de touche, mais dense de ton. Comme je ne suis pas vraiment une grande intellectuelle, et que je m'intéresse avant tout à la peinture en tant que telle, et pas trop au projet, j'avoue que les subtilités des rapports entre des personnages, des paysages et des animaux, ( aussi un grand panneau sur Kafka, avec texte et explications de l'artiste, j'ai reconnu l'écrivain et un bout de Prague, mais je ne peux guère en dire plus !! ) m'ont un peu échappées. Mais la splendeur de ses chiens, non. Il y en a un noir ( chapeau ! c'est dur, le chien noir ) digne de mon cher Gustave, et que j'aurais bien emporté.



Les êtres gyrovagues * 24, huile , 2005






Gustave Courbet     Autoportait ou l'homme au chien noir







Les êtres gyrovagues 17, huile, 2005



Le regard tendre que je perçois face aux animaux me touche. Il y'a aussi de très belles lithos, des chats, d'autres bêtes. Je suis moins sensible aux portraits, pourtant très beaux, mais un peu statiques à mon goût. Et encore moins aux paysages, qui me font frissonner : déserts, inquiétants, très sombres...




La Rochelle 12, huile, 1995/96



Ils me mettent mal à l'aise, et sans doute est-ce la volonté de l'artiste...Mais à ce vécu de souffrance, que je ne connais pas  ( car il est tout entier dans sa peinture, l'artiste est charmante et légère à rencontrer) mais que je devine, je préfère le côté "accumulations se répondant " qui me rappelle furieusement ma chère amie Eve...( voir ma page   jamais deux sans trois  )






Aux aguets dans les jardins de l'Incertain, photographies d'objets-sculpture, 2002
La bonne heure de Sophie




Décidemment, Anne Gorouben a le génie des titres...! En tous cas, je suis ravie d'avoir été à cette exposition, et j'espère que l'exemple de cette grande travailleuse ...me restera jusqu'à la rentrée, où, promis juré, JE VAIS PEINDRE !


Le gyrovague était un moine vivant seul, dans l’errance et passant de monastère en monastère, sans être membre d’aucun. Le concile de Chalcédoine interdit ce genre de vie monastique. Il n’existe plus aujourd'hui ni dans l'Église catholique, ni dans les Églises orthodoxes















vendredi 12 juin 2015

Largillière, french painter






Le château de Coughton Court     photo Solvej





Petite escapade anglaise            Coughton Court

 Traverser le Channel,  ( même avec Eurostar ) c'est toujours une expérience fascinante et incroyablement dépaysante. Mais comment diable font ces anglais pour que même la campagne paraisse aussi soignée ? Pas la moindre mauvaise herbe ( weed ) à l'horizon. Et ne parlons pas des jardins ! Moi qui étais fière du mien, et des énormes efforts que je lui consacrais, je le vois maintenant comme une vulgaire jungle, un " harmas ( friche en provençal ) comme dirait mon pote J.H.Fabre...Mon amie m'emmène visiter un lieu charmant, petit ( ! ) château toujours habité d'ailleurs par la famille Throckmorton, Coughton Court, situé dans le Warwickshire, non loin de chez elle.
C'est une belle demeure remplie de souvenirs de famille et de beaux meubles anciens, il y a des tas de trucs rigolos ( une trappe pour permettre au curé de se cacher suspendu à une corde ! ) ( et même la chemise de nuit de Marie Stuart ) ( car c'était une famille très catholique ) et beaucoup de portraits d'ancêtres plus ou moins réussis.
Mais dans un coin de petit salon, près d'une cheminée, un tableau me happe immédiatement :




Nicolas de Largillière   Portrait d' Ann Trockmorton  Coughton Court      photo Solvej




Superbe portait, à l'expression pleine de noblesse et de douceur, magnifique rendu des mains, du verre, des tissus...je vais chercher la liste des tableaux : mias oui, Nicolas de Largillière, ce portraitiste majeur du 17/18ème siècle ( qui vécut assez longtemps, 90 ans, pour connaître Louis XIV,  le Régent et Louis XV ) un français, ah ! ah !! en ces jours de  "Waterloo commemoration ", je peux me rengorger un peu. Je n'ai pas trouvé de meilleure reproduction de cette merveille, mais un autre portait de cette aimable religieuse, aussi de Largillière, mais vraisemblablement plus ancien , car elle paraît beaucoup plus jeune :





Nicolas de Largillière   Portrait d'Elizabeth Trockmorton  1729  National Gallery Washington




 Au-delà du "portrait " de cour, genre obligé à l'époque, je trouve que Largillière, en plus de son extraordinaire virtuosité, sait rendre ce fameux supplément d'âme, à l'instar de Quentin de La Tour  ou de Goya. En tous cas, j'aurai épaté les amis anglais qui n'avaient jamais entendu parler de lui.
Bon, ils ne sont tout de même pas en reste...Gainsborough, Lawrence, Raeburn etc...

Cette ravissante, avec sa somptueuse tenue ( ah ! le rendu du velours bleu ) n'avons- nous pas l'impression de la connaître ?






Largillière  Portrait d'une dame 1714   Coll privée




Après cette découverte exaltante, nous visitons les jardins...Là, je n'ai plus rien à dire ! ( juste à m'extasier )



photo Solvej




photo Solvej

Post-Scriptum :   Et Pan sur le bec, comme on dit au "Canard enchaîné "


En regardant de plus près le merveilleux portrait de Largillière, je m'aperçois ( il serait temps !!  Ecrit trop vite, cet article...) qu'il est écrit en haut : "Ann Throckmorton " ...Une petite recherche m'apprend que les 2 portraits datent de 1729, donc, au temps pour moi, il semblerait qu'il y avait deux religieuses dans cette famille, je suppose les deux cousines (?), puisqu'elles se ressemblent tout de même pas mal, Ann  ( 1664- 1734 "daughter of Francis " c'est écrit en haut ) et Elizabeth ( morte en 1760, "daughter of Robt ") et que toutes deux furent abbesses à Paris, au couvent des Dames Augustines Anglaises. Enfin, ça ne change rien au génie de Largillière...

lundi 13 avril 2015

Bon ...Art ?



 L'atelier au mimosa   1935  





Peindre l'Arcadie       Exposition Pierre Bonnard au Musée d'Orsay



Ce dimanche, il fait très beau, tout Paris est dehors ...et le reste marathonne. C'est peut-être le bon moment pour tenter l'expo Bonnard ? ( très courue...)  OUI ! Presque pas de queue, et nous y voilà. Je veux savoir si je vais me réconcilier avec l'homme de l'Arcadie, je vous le dis tout de suite, le réponse est non. Je me souviens de la première grande rétrospective, où j'avais détesté ce dessin " approximatif", ces couleurs à la fois subtiles et pétantes, ces contre-jours systématiques...et bien ils sont toujours là, évidemment. Tout de même, le brillant "atelier au mimosa" me charme. Et, c'est quoi ces 4 traits rouges ? 

Bon, le "premier " Bonnard, celui des années du "chat blanc", où il était "décorateur" ( ce qu'il n'a pas cessé d'être, d'ailleurs ) nous montre un dessin élaboré et influencé par son époque.



  Le chat blanc 1894  


Je n'ai rien à redire. C'est un style. ( Nabis ) Mais lorsqu'il commence ses grandes compositions " d'intérieur", où il mêle effets ( très beaux ) d'eaux, ou de murs, pourquoi des matières "dures et nettes", comme le rebord de la baignoire, par exemple, sont-elles si maladroites ? Pourquoi ces erreurs anatomiques, bras trop courts, jambes dissymétriques, pourquoi ces détails inutiles ( oh, la moche lampe du si beau coin de salle de bains ! )




 
 Nu dans la baignoire 1925  




  La grande baignoire (nu) 1937/39  






 
  Nu rose, tête ombrée 1919





je n'ai pas retrouvé le titre exact ..désolée !



Je me demande si Bonnard n'était pas un perfectionniste compulsif,  qui ne savait pas trop quand s'arrêter...Décidemment cette lampe ne passe pas. Pas plus que le radiateur de l 'intérieur blanc ( et cette horrible chaise, au premier plan )



 Intérieur blanc 1932  



Et puis, surtout, il faut qu'il rajoute des personnages en bouillie, toujours en contre-jour, d'un maronnasse répugnant. Il ne peut pas se contenter de faire un beau paysage ? Et bien, non, ma vieille, tu n'as rien compris.



 Salle à manger à la campagne 1913  



Peut-être, mais cette bonne femme à droite gâche tout, à mon sens. Dommage.




  Femme dans un paysage, dit aussi La sieste au jardin ca 1914 



Car j'adore cette table dans la verdure ( entre parenthèses, sa verdure est toujours vert malachite, un vert qui n'existe pas vraiment dans la nature ), le traitement de la nappe et du panier de cerises...Il y  a quand même une exception grandiose :




vue de St Tropez 1911  



Eh ben voilà ! Tu vois quand tu veux...Ce tableau-là est extraordinaire, le soleil du midi qui tape, et aplatit les reliefs,( et encore ma repro ne lui rend pas justice ) les ombres bleues, le ciel intense et transparent, tout y est. Superbe.


Superbes aussi, les autoportraits. Là, je vois bien un maître, là, le dessin, le sentiment, tout fonctionne, en somme, peut-être qu'il " se lâchait" sur lui-même ...et que sur les autres, il n'osait pas ?
Va savoir...



 Autoportrait à contre-jour, papier à fleurs 1923 

 Le boxeur ( portrait de l'artiste) 1931  

 Autoportrait dans la glace du cabinet de toilette 1939/45  

Autoportrait 1945  
  


Pour finir, de grands, énormes, affreux panneaux décoratifs, pour la salle à manger de je ne sais plus quel VIP

  Jeux d’eau ou Le Voyage for Madame Misia Godebska Natanson Sert 1906-1910


Au secours ! Moi, ça me couperait définitivement l'appétit ...( je précise que je déteste globalement le style de cette période, alors... ( je trouve que ça sent la poussière ! )

En fait, je me rends compte en regardant les cartes postales, ou la grande affiche à la sortie de l'expo, que Bonnard est un artiste du détail, prendre un petit bout d'une toile, ça fait une carte superbe, et puis on ne voit pas ses sacrés personnages marrons. Bon, je suis très dure, j'en ai conscience. Repêchons le splendide ( et pile dans l'air printanier de ce dimanche) amandier ( un de ses derniers tableaux ) ( dommage qu'il soit mort, il était sur la bonne voie ! )



  L'amandier en fleurs 1946/47  



Avant de quitter le musée, petites salutations à mes chéris de Barbizon, et une bise vite faite à Gustave ...AAARRGH ! "Ils" sont en train de savonner l'atelier du peintre, mon Dieu...
Allez-y vite tout de même, parisiens, car l'hallali du cerf est venu de Besançon pour quelques temps, et ça, c'est quelque chose...




G. Courbet   L'hallali du cerf    1866/67



mardi 31 mars 2015

Séries Ventoux 4, 5, et 6



Série 4

VTX 20, un peu de neige   556- Ac 40x30 11/11/2010



VTX 18, jaune d'or   452-Ac 40x30 5/2003  vendu


VTX 21, rose et fleurs de pommier   559-Ac 40x30  11/4/2011


VTX 19, nuage jaune   555-Ac 40x30   8/11/2010  vendu






Série 5



VTX 22, un petit pan de turquoise  562-Ac 40x30   8/7/2011



VTX 25 un rose extraordinaire  603 Ac 40x30  19/3/2015 vendu




VTX gelée blanche 23  601 Ac 40x30 18/11/2014 











VTX 24 mauve orangé  602 Ac 40x30  5/3/2015  

Série 6




VTX 26 trois arbres orangés  605 Ac 6F 12/11/2015




VTX 27 un rayon de soleil 606 Ac 6F 4/3/2016




VTX 28 nuages 607 Ac 6F 17/3/2016




VTX 29  bleu et blanc  608 Ac 6F 7/4/2016 vendu







lundi 16 mars 2015

A Saint Quentin cinquante Quentin ...





Musée Antoine Lecuyer    première salle des pastels

Maurice-Quentin de La Tour         Musée Antoine Lecuyer




...Oui, le printemps me rend l'humeur primesautière...( d'où ce titre en forme de comptine !  en fait, il paraît qu'ils sont 90, je n'ai pas compté ) et le premier soleil de ce lundi  porte mes pas vers la belle ville de St Quentin, berceau et fief d'un de mes chéris-chéris, Maurice-Quentin de La Tour ( ou Delatour, même au musée, on n'a pas tranché en faveur de l'une ou l'autre version ) le Maître incontesté du pastel .

Voilà le musée de mes rêves : grand, beau, vide ( de visiteurs, pas d'oeuvres ! )
On peut regarder les tableaux de très près ( pas de barrières ),   toutes les époques sont représentées,  le personnel est charmant, et ça coûte 2 € 50...et il y a plein de cartes postales.

Mais je suis venue pour "Lui"...C'est agréable de constater ( en se promenant dans la ville) que pour une fois, le grand homme du lieu est un peintre ( ce n'est pas si courant ) Il y a même des chocolats à son effigie ! ( ça s'appelle des " quentins" )...et puis les "vieux" se souviennent du billet de 50 frs, inspiré par cet autoportrait saisissant




Autoportrait réalisé sans doute pour l'Autoportrait au chapeau en clabaud ( disparu)  1742


Dans ces trois salles plongées dans la pénombre ( puisqu'on nous dit que la lumière risque d'abîmer les pastels, je laisse ce point aux spécialistes ) ( le conservateur a même fait murer les fenêtres ) on a intérêt à sortir ses lunettes ! Mais cela ajoute à l'impression extraordinaire d'un voyage dans le temps, nous voici tout à coup retournés au XVIIIème siècle




Portrait de François Dachery

Portrait de M JC Garnier d'Isle









 Bien sûr les perruques y sont pour quelque chose, mais ce n'est pas uniquement une question de costume : c'est le génie du grand Maurice, sa technique époustouflante, et surtout ce je-ne-sais-quoi en plus qui donne l'impression de CONNAITRE les modèles. D'ailleurs, lui-même  ( les génies sont toujours conscients de leur génie ) ne disait-il pas :

"Ils croient que je ne saisis que les traits de leurs visages, mais je descends au fond d'eux-mêmes à leur insu et je les remporte tout entiers "

On ne peut pas mieux dire, aussi, foin de superlatifs banals et plats, je vous présente quelques uns de mes amis d'un jour :


 la belle cantatrice



Préparation au portrait de Mademoiselle Fel 1757



la charmante jeune fille




Tête de jeune fille




une actrice, une danseuse




Madame Favart

Mademoiselle Pavigne























les collègues



 Louis de Silvestre  1753

Claude Dupouch 1739


























le beau militaire




Le Maréchal de Saxe 1747



des ecclésiastiques




Frère Fiacre  1739

Le Père Emmanuel




























le joyeux et le grave




Jean-Jacques Rousseau réplique du pastel exposé au Salon de 1753

Portrait de Manelli 1753









...mais je ne peux les mettre tous ! ( ce n'est pas l'envie qui me manque ) Dommage d'oublier Voltaire et Dalembert,  Louis XV,  la Pompadour,  le violoniste de Mondoville, les peintres Restout et Vernezobre, le merveilleux "petit buveur" d'après Murillo ( " ce qui m'épate, c'est le verre" nous dit le gardien ) et le superbe Diogène qui me rappelle la tête de vieillard de Rubens du musée Corsini à Rome ( gagné ! " inspiré par un tableau de Rubens", dit le catalogue ).



Dans le musée, beaucoup d'autres centres d'intérêt : 2 jolis J.Vernet, quelques délicieux Corot et un magnifique Daubigny, Albert Lebourg, Guillaumin et même Lebasque, plus un pastel de Renoir qui me semble très faible...après Quentin ! Et plein de faïences et orfèvreries en veux-tu en voilà.




Daubigny    La Mahoura à Cauterets



Mais je ne veux pas quitter cet endroit de rêve sans un petit dernier, le portrait que fit Perroneau, élève de Quentin, pour le salon de 1750, à l'instigation du second, qui prépara secrètement, dit-on, son autoportrait et l'accrocha en pendant de celui du jeune ambitieux...




1

2





                                     

                                                  D'après vous, qui gagna le " concours" ? ...







Il en rit encore....



P.S.  : 1 Perroneau Portrait de Maurice-Quentin de La Tour  1750  St Quentin
          2 Quentin de La Tour Autoportrait au jabot de dentelle ca 1751  Amiens