Léon Bonvin 1834-1866 " Une poésie du réel " Fondation Custodia
Léon Bonvin, Paysage au crépuscule 26x20 cms 1865 The Walters Art Museum Baltimore |
Minuscule....oui, c'est la première chose à préciser, à propos de cette exposition, car lorsqu'on voit les oeuvres sur Internet, on ne se rend pas compte de leurs dimensions, et c'est pourquoi je vous précise d'emblée que ce que vous allez voir ...mesure en moyenne 15 x 22 cms, à part une ou deux exceptions, le paysage ci-dessus 26x20 cms, c'est dire ... quelle fut ma surprise !
Je ne connaissais pas du tout ce Bonvin, ni son frère François, qui connut bien plus de succès, mais les autres, oui 🍷😂, comme je le disais à l'esthète que je "suis " sur Instagram, et dont la publication sur cette exposition m'avait appâtée.
Et puis, la Fondation Custodia ( juste derrière l'Assemblée Nationale ), c'est pratique, on peut y aller direct, sans réserver un mois à l'avance et en plus, c'est très beau et on est fort aimablement reçus.
Dès l'entrée, c'est un éblouissement : ces tout petits dessins à la pierre noire sont grandioses, et je vous rassure, il n'y a pas foule, on peut très bien les voir ( de près ).
En revanche, c'est assez complexe à photographier ( damned éclairages !) mais il y a plein de cartes postales.
Ce portrait de son père ! Incroyable...l'égal de Rembrandt :
Portrait du père de l'artiste 17x22 cms 1856 Musée d'Orsay |
Léon Bonvin travailla ensuite essentiellement à la plume, rehaussée d'aquarelle et de gomme arabique :
Nature morte aux céleris 22x16 cms 1865 The Walters Art Museum Baltimore |
Nature morte aux poissons 18x24 cms 1864 The Walters Art Museum Baltimore |
Ces natures mortes dignes de Chardin ou de Paudiss ( pour les harengs) sont absolument époustouflantes. M'épatent, non seulement la précision du dessin, mais surtout l'extrême sensibilité du rendu, les différentes textures des éléments , la virtuosité de la composition, tout ça pour un autodidacte, qui en plus bossait dans le cabaret de son père toute la journée, chapeau bas !
Dans ce bouquet qui semblerait conventionnel, le feuillage de ces délicats petits oeilllets explose comme un feu d'artifices :
Bouquet d'oeillets des jardins 18x24 cms 1863 The Walters Art Museum Baltimore |
Magnifique tissu peluche/velours, contrastant si bien avec la matière sèche des chardons dans ce format un peu plus grand :
Nature morte aux chardons séchés 37x27 cms 1855 Collection particulière |
Curieusement, Bonvin est moins à l'aise dans les quelques oeuvres de format "normal" qui paraissent bien plus banales.
Et puis il y a les paysages, d'une extraordinaire poésie, cadrés " assis par terre ", ( ce qui devait être le cas ) ils sont magiques , un notamment ( mais que je n'ai pas photographié, impossible ) " Aubépines devant un paysage nocturne avec des maisons à l'arrière-plan", une incroyable symphonie de noirs, la pleine lune, quelques infinitésimales étoiles, et la toute petite fenêtre éclairée ( à la bougie) un chef-d'oeuvre.
L' auto-proclamé maître du noir peut se retourner dans sa tombe .
Chardon devant un paysage d'hiver (détail) 18x24 cms 1864 The Walters Art Museum Baltimore |
Cette façon de cadrer, avec une plante au premier plan et un paysage lointain, me rappelle un petit livre sur les plantes sauvages que m'avait offert le père de mon amie anglaise il y a fort longtemps et que j'adorais...( et que j'ai toujours à la campagne ) c'est peut-être aussi pour ça que cela me plaît autant , entre autres.Vous avez vu la finesse du paysage derrière ?
Celui-là...on dirait ma maison ! :
Paysage avec une ferme ( détail) 26x18 cms 1865 The Morgan Museum New-York |
Dans les dernières salles, on peut voir quelques oeuvres de son frère François, qui connut une longue vie de peintre à succès, contrairement au pauvre Léon qui se suicida à 31 ans. Comme quoi, le public n'a pas toujours raison ( " Le public a aimé ..." "il est bien le seul ! " attribué à Jean Cocteau ), car le frangin est très poussif.
François a eu la gloire, mais c'est Léon qui avait le talent. Thanks heaven, un américain providentiel acheta pas mal de ses oeuvres pour son Musée de Baltimore, tout n'est donc pas à jeter chez l'oncle Sam !
Nous terminons la visite de cet excellent endroit par une bonne centaine de dessins français du 19ème, mais j'avoue que, hormis quelques splendeurs ( Jongkind, Delacroix, Gustave Doré ) ce sont plutôt des études et je suis toujours dans l'ivresse de ce Bonvin...trop c'est trop !