Rubens La chute des damnés 1620 |
Munich du 26 au 30 Décembre 2018 Mercredi : Alte Pinakothek, Lenbach Haus
Dès l'entrée de la Alte Pinakothek, cet escalier monumental me replonge immédiatement des années en arrière ( pas mal !), et je me souviens de mon éblouissement devant " La chute des damnés", cet incroyable tableau presque abstrait, si on le regarde avec un peu de recul...peut-être est-ce de là que m'est venue cette passion- Rubens. Quoiqu'il en soit, j'ai de quoi me régaler, ici, car le maître flamand est particulièrement bien représenté : au début, avec les anciens flamands comme Brueghel ( l'épatant "pays de Cocagne" ), et un inconnu ( de moi ) Jan Van Kessel, et ses magnifiques "Quatre continents", et beaucoup d'autres, le superbe portrait de jeune homme est un merveilleux hors-d'oeuvre.
Rubens, Portrait de jeune homme 1615 photo Solvej |
Bien sûr, les grands allemands, Cranach et son délicieux " Age d'or", Grünewald avec " Le persiflage du Christ" qui me rappelle le Jérôme Bosch de Gand, Pacher, Holbein et d'autres et des quantités de retables beaux et un peu ennuyeux, disons-le...
Quelques grands coups de coeur au milieu de tout ça :
Hans Ballung, portrait du comte palatin Philippe le guerrier 1517 photo Solvej |
Hans Memling, Jean le Baptiste 1470 photo Solvej |
et mes habituels énervements :
Hans Burgkmair l'ancien, Kreuzigungsaltar : Christ en croix ( détail) 1519 photo Solvej |
mais qu'est-ce qui se passe avec les bras de cette pauvre Vierge ?
Bon, passons à l'étage supérieur et keep calm : l'ascenseur nous dépose juste en face de la 1ère salle PPR. Mon humeur retourne aussitôt au beau fixe. L'enlèvement des filles de Leucippe, scène pastorale, Hélène en robe de mariée, le Christ et les pêcheurs pénitents, Rubens et Isabella sous la tonnelle de chèvrefeuille, j'en oublie, il y en a tant et tant...
Rubens, Hélène Fourment et son fils aîné Frans 1632 photo Solvej |
Je ne me lasse pas de la robe de la belle Hélène, du rendu des tissus. Cette facture si libre, si naturelle, on dirait que Rubens vient de le peindre, là, juste devant nous. Quel éblouissant morceau ! Tout le bas de ce tableau est merveilleux. ( mais le haut également ) .
J'adore l'accrochage de ces trois-là :
Rubens ,Portrait d'un frère franciscain, Le Christ sur la croix, Portrait de Don Fernando, cardinal infant d'Espagne photo Solvej |
On dirait une image de l'église : à gauche le protestantisme, à droite le catholicisme !
Dans la salle d'à côté, l'élève Van Dyck :
Van Dyck, Le repos pendant la fuite vers l'Egypte 1627/32 photo Solvej |
pas loin de dépasser le maître !
Un peu plus loin, un beau florilège italien : Titien, ( ah! Le couronnement d'épines !) Tintoret, Giorgione...et pas de florentins ( mais ce n'est pas grave, on a eu notre dose l'an dernier ) car ils sont dans l'expo temporaire " Florence".
Des français, ha ha, "petite filou !", que ce coquin de Fragonard et sa gimblette, Hubert Robert, Nattier, Chardin, Boucher ( autre coquin ) et même un beau portrait de mon cher Quentin.
Mais naturellement, la star des stars du lieu, c'est le bel Albrecht et son incroyable "Autoportrait à l'habit garni de fourrure ", décliné dans la boutique sur tous les supports possibles et imaginables.
Albrecht Dürer, Autoportrait à l'habit garni de fourrure 1500 |
La comparaison s'impose avec deux autres autoportraits, Rembrandt et Van Dyck . A votre avis, lequel était le plus sûr de son génie ? Ce pourrait bien être le beau rouquin, 22 ans et une maîtrise déjà incroyable, une tranquille confiance dans son avenir glorieux ...Mais ce Dürer, avec son attitude quasiment christique qui semble dire : "mon talent ne me vient que de Dieu " ne se désigne-t'il pas ?
Et ce regard frontal, dominateur !!
Quant à Rembrandt, il se cache presque, lui, dans ce portrait minuscule ( j'ai failli le rater ! ) et extraordinairement émouvant, il y a tous les doutes et les questionnements de l'artiste, dans à peine 20 cms2...
Rembrandt, Autoportrait en jeune homme 1629 |
Van Dyck, Autoportrait 1621/22 |
Après ce parcours intense, pour varier les plaisirs, j'ai programmé la Lenbach Haus, non loin de la Pinakothek. C'est un changement radical !! Un superbe endroit, clair, bien aménagé, qui a bénéficié de la donation par Gabrielle Münter de sa collection de Kandinsky. Ici, la vedette, c'est le fameux " Blaue reiter" , le cavalier ou plutôt le cheval bleu ( oui, pourquoi cavalier ? Il n'y a que l'animal) de Franz Marc qui a donné son nom à un mouvement assez révolutionnaire, envers lequel j'avais une sorte d'à priori négatif, et au vu de ces tableaux flamboyants, je me demande bien pourquoi .
Franz Marc, Cheval bleu I 1911 |
Dans cette petite bande de potes, Marc n'était pas le moins bon, mais malheureusement il est mort assez jeune...et puis il y avait le terrible russe, ce Kandinsky dont les tableaux explosent et qui réduit les autres ( Münter, Jawlensky,Macke, Marianne Von Werefkin ) à une simple figuration. Ces premiers tableaux sont d'une force, d'une intensité..on comprend que jouer dans la cour avec la petite bande n'était pas suffisant pour lui, et qu'il devait être,en somme le père de l'abstraction, le roi et non un petit cavalier, quelle que soit la couleur...
Kandinsky, Romantische Landschaft 1911 |
Sinon, il y'a aussi une collection assez intéressante début 20è siècle, de beaux portraits de " collègues"...il y aussi celui de Marianne von Werefkin que j'aime bien d'habitude, mais là, c'est carrément Halloween ! Donc, j'oublie. Et puis toute une suite de salles remplies de " sculptures", un bric-à-brac horrible d'un certain Joseph Beuys...Beeuu..rk !!
Anna Hillermann, Autoportrait dans l'atelier 1900 photo Solvej |
Emilie von Hallavanya, Autoportrait dans l'atelier 1910 |
Kandinsky, Portrait de Gabrielle Münter 1905 photo Solvej |
Merci Gabrielle pour cette éblouissante collection !
Pour finir nous passons rapidement sur les inévitables modernités aussi gigantesques que barbantes,
mais pour rester dans l'esprit bavarois, je ne résiste pas à une petite carte postale de circonstance :
Andy Warhol, Neuschwanstein 1987 photo Solvej |
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